En ces temps où les préoccupations d'ordre religieux sont au devant de la scène (mais le sont-elles vraiment ?...), le dernier livre de René Pommier, vient, comme les précédents, jeter son seau d'acide très corrosive sur des certitudes, des dogmes établis, des personnages dont la réputation était au-dessus de tout soupçon, et des idées qui paraissaient inébranlables à tout le monde. Oui, mais...
Il y a René Pommier. Ce livre sur les pensées de Blaise Pascal, l'un des plus grands intellectuels de notre pays, et qui vécut au 17° siècle, tombe, si l'on peut dire "à pic". Qui oserait écrire un pareil ouvrage par les temps qui courent, sinon un esprit autant récalcitrant qu'éclairé, gouverné par l'indépendance d'esprit, et un usage de la raison méthodique, fondé sur d'implacables arguments logiques, mais qui ne se déprend jamais de cette ironie piquante que l'on utilise contre tous ceux qui soutiennent mordicus détenir la vérité..
"Ô ! Blaise ! à quoi tu penses ?", c'est le titre de ce dernier livre. Il sera "difficile" à lire, voire même insupportable pour ceux qui ne pourront admettre que l'on bouscule à ce point leurs certitudes et surtout avec les arguments de René Pommier, et il laissera plein d'interrogations ceux qui ont l'esprit ouvert, et qui, ce sera nécessaire, sont aussi dotés du courage intellectuel...
En effet, dans ce livre, l'auteur s'en prend aux arguments, démonstrations, et autres explications de Blaise Pascal, censés asseoir le caractère indubitable de la foi chrétienne. Réne Pommier parvient à démontrer que non seulement tous les arguments de Pascal se retournent contre lui, mais de surcroît qu'ils ruinent toute crédibilité de la foi..
Bonne lecture.
En effet, dans ce livre, l'auteur s'en prend aux arguments, démonstrations, et autres explications de Blaise Pascal, censés asseoir le caractère indubitable de la foi chrétienne. Réne Pommier parvient à démontrer que non seulement tous les arguments de Pascal se retournent contre lui, mais de surcroît qu'ils ruinent toute crédibilité de la foi..
Bonne lecture.
Un extrait, pages : 34 - 35 :
"Pascal invite d'abord les incrédules, et avec quelle vigueur, avec quelle véhémence, à prendre conscience de la "disproportion de l'homme", mais ensuite il ne veut pas admettre que les incrédules puissent en tirer effectivement toutes les conséquences et en conclure qu'ils n'ont aucune chance de sortir de leur ignorance. Bien plus, il les accuse de "(se) faire gloire d'être dans cet état" (194-427-681), imputant ainsi à l'orgueil des incrédules ce qui est, au contraire, le fruit du juste sentiment de leur faiblesse et de leur impuissance, faiblesse et impuissance dont Pascal s'est lui-même tellement employé à les convaincre. Il veut croire qu'ils n'ont que de mauvaises raisons à lui opposer : "Faites-leur rendre compte de leurs sentiments et des raisons qu'ils ont de douter de la religion : ils vous diront des choses si faibles et si basses qu'ils vous persuaderont du contraire" (194-427-681). Malheureusement pour Pascal, les meilleures raisons qu'ont les incrédules de douter de la religion, sont d'abord celles qu'il leur fournit ou qu'il leur rappelle lui-même.
Pascal accuse l'incrédule de ne pas vouloir chercher la vérité, mais c'est lui Pascal qui ne veut pas admettre, malgré tout ce qu'il a pu dire lui-même, que celle-ci est inaccessible à l'homme. Et c'est sont propre comportement qu'il décrit sans se l'avouer, lorqu'il dit dans le fragment 18-744-618 : "quand on ne connaît pas la vérité d'une chose, il est bon qu'il y ait une erreur commune qui fixe l'esprit des hommes (...) Car la maladie principale de l'homme est la curiosité inquiète des choses qu'il ne peut pas savoir. Et il ne lui est pas si mauvais d'être dans l'erreur que dans cette curiosité inutile". Il ne croit pas si bien dire : parce qu'il ne peut supporter de rester dans l'ignorance, il préfère se rallier à ce qui constitue à son époque et dans son pays l'erreur la plus commune, comme il se serait rallié à une autre, s'il avait vécu dans un autre temps ou dans un autre lieu. Et, au-delà de son cas personnel, il nous explique une fois de plus pourquoi dans tous les temps et dans tous les lieux les hommes ont toujours cru aux choses les plus incroyables. L'homme a besoin de réponses, il a besoin de certitudes, et quand il n'y a pas de réponses satisfaisantes, il se contente trop souvent de fables et se raccroche trop volontiers à des légendes.
Concluons donc sur ce premier point, que Pascal a très certainement raison lorsqu'il dit que l'homme aspire à la vérité et qu'il ne peut l'atteindre. Malheureusement, pour lui, il a encore beaucoup plus raison qu'il ne le pense lui-même. Car, s'il croit, lui, savoir où est la vérité, c'est parce qu'il se laisse lui-même abuser par les puissances trompeuses qu'il a si vigoureusement dénoncées et parce qu'il refuse de regarder lui-même vraiment en face cette "disproportion de l'homme" qu'il brandit si malencontreusement pour ébranler l'incrédule. Aussi, loin de préparer l'incrédule à accepter la vérité qu'il entend lui proposer ensuite, lui donne-t-il à l'avance les meilleures raisons de la récuser. Vraiment, ô Blaise, on se demande à quoi tu penses." (René Pommier, 2015).
Bref commentaire :
Finalement, l'on peut fort bien utiliser les propos de René Pommier contre la foi en une religion (ici la religion chrétienne), via sa critique de la pensée de Blaise Pascal ; à l'endroit de la "foi" que développent certains envers la psychanalyse. Peut-être que Sigmund Freud avait lu aussi les pensées de Blaise Pascal (?). C'est une boutade, bien sûr, mais... il aurait pu s'en inspirer pour édifier sa religion, sa foi dans l'inconscient, à partir de laquelle, les jobards de la psychanalyse lacanienne ont à leur tour érigé leur foi inébranlable dans le "Grand Autre"...
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