dimanche 1 octobre 2017

Christine Angot, et ses illusions sur le "pouvoir des mots".




Oui, cher(e)s récalcitrant(e)s éclairé(e)s, c'est redoutable, pour un écrivain(e ?) d'avoir des problèmes avec les mots...

C'est à partir de 16 minutes et 30 secondes de vidéo que Christine Angot déclare ceci, nous citons : 

"(...) Or, c'est les mots qui agissent sur nous, et nous nous sommes impuissants par rapport aux mots, et c'est comme ça, et c'est tant mieux"

Ce qu'elle dit est absurde. Non, les mots ne peuvent agir seuls. Les mots n'ont jamais agit seuls, et il ne le feront jamais, vous pouvez en être sûre, Christine Angot, pourquoi ? 

Ce sont toujours des individus qui font "agir" les mots, pour qu'ils aient de l'effet sur d'autres individus, leurs pensées, leurs opinions, leurs actes, donc leurs mots. 

"L'idéalisme" de C. Angot, est impossible dans les faits. Il n'existe pas. Jamais aucune théorie, aucune opinion, aucun mot, n'a pu "agir", avoir une "vie", ou quoique ce soit d'autre, sans une personne humaine bien réelle. Je suis désolé, C. Angot, mais ... "seul l'individu pense, seul l'individu agit". (Ludwig Von Mises).





Avant propos : 

Non, Madame Angot, les mots ne parlent pas. Ils n'ont jamais parlé d'eux-mêmes à qui que ce soit, ni ne parleront jamais d'eux-mêmes, sans que l'esprit ou le cerveau d'un être humain ne les fasse "parler"...
Christine Angot : 

"(...) Or, c'est les mots qui agissent sur nous, et nous nous sommes impuissants par rapport aux mots, et c'est comme ça, et c'est tant mieux". 

Avant d’aller plus loin, il nous semble important de bien relire l’affirmation de Christine Angot qui est sans équivoque, car elle signifie bel et bien que les mots sont comme autonomes, indépendants de nous et de l’action de notre esprit, puisqu’elle affirme notamment : “(...) nous sommes impuissants par rapport aux mots (...)”. 

Si elle n’avait affirmé une telle chose, nous aurions pu croire qu’elle considérait, (même implicitement), comme tout le monde le fait, que, bien entendu, c’est avant tout l’esprit de l’individu qui “fait travailler” les mots, et leur donne d’abord un sens puis une “vie”.

*

Donc, ce qu’affirme Christine Angot est absurde. Le démontrer, voilà l’objectif de ce billet.

*

Non, les mots ne peuvent agir seuls. Les mots n'ont jamais agit seuls, et il ne le feront jamais, vous pouvez en être sûre, Christine Angot, pourquoi ? 

Ce sont toujours des individus qui font "agir" les mots, pour qu'ils aient de l'effet sur d'autres individus, leurs pensées, leurs opinions, leurs actes, donc leurs mots. 

"L'idéalisme" de C. Angot, est impossible dans les faits. Il n'existe pas. Jamais aucune théorie, aucune opinion, aucun mot, n'a pu "agir", avoir une "vie", ou quoique ce soit d'autre, sans une personne humaine bien réelle. Je suis désolé, C. Angot, mais ... "seul l'individu pense, seul l'individu agit". (Ludwig Von Mises).

Les mots n'agissent pas sur nous sans que notre esprit ne leur indique comment agir, ils ne pensent donc jamais par eux-mêmes pour savoir comment guider leurs actions sur des êtres humains. 

Les mots ne sont pas des personnes ; et ils n'ont ni esprit, ni cerveau, ni bras, ni jambes, pour choisir d'appartenir à une langue et être prononcés par qui ils le souhaitent par une décision qui ait pu être prise par eux seuls ! C'est toujours l'être humain qui leur indique la langue à laquelle ils appartiennent, et le sens, la définition, qu'ils doivent prendre.

Les malentendus, par ailleurs, ne prouvent absolument pas une prétendue « autonomie » des mots, (ou que les "mots agissent de façon délibérée sur les individus"), dans la mesure où ce seraient encore eux-seuls qui auraient pu décider de prendre un autre sens, une autre définition, et de troubler ou de gêner leur compréhension par des êtres humains qui les utilisent pour communiquer et échanger des idées.

Les mots ne sont pas des objets naturels. Et quand bien même ils seraient traités à tort comme tels, et bien que l'on sache, avec l'éclairage de Karl Popper que jamais la Nature ne "parle", ou ne "parlera" à l'être humain sans que ce dernier, par ses hypothèses, ses tests, et ses interprétations, ne l'en empresse, (Karl Popper, "La logique de la découverte scientifique", éditions Payot, Paris, 1973). 

Cette idée que les mots "agissent" ou parlent d'eux-mêmes indépendamment de l'individu, il faudrait quand même s'en rendre compte, est absurde, et dévastée complètement avec quelques arguments logiques. Nous croyons que cette affirmation touche au but en ce qu'elle peut aider, de façon très claire, à comprendre la problématique que nous évoquons, ici :"Seul l'individu pense, seul l'individu agit". (Ludwig von Mises).

Sans l'être humain, tous les mots, toutes les langues sont creuses, vides, inactives. Elles ne peuvent agir d'elles-mêmes, et ne prennent aucun sens de manière autonome, désincarnée. Elles ne sont pas des êtres vivants. 

Il n'y a donc, en toute logique, aucune prétendue "langue vivante", pas plus qu'il n'existe de "langues mortes" : l'anglais ne se parle pas tout seul, il a besoin de l'esprit, du souffle, des cordes vocales, et de la bouche d'un être humain, et pour ce qui concerne le latin ou le grec, tout homme qui lit un texte ou qui souhaite parler l'une de ces deux langues, a donc le pouvoir extraordinaire de les "ressusciter" de leur soi-disant "mort"...

Pourtant, toujours avec l'éclairage de Karl Popper, les théories scientifiques, par exemple, peuvent du fait de leur objectivité et universalité mise en évidence par des tests, échapper à toute temporalité, et bien qu'ayant été créées par l'homme, échapper aussi à toute appréhension humaine (totale) et ainsi avoir une existence (...) autonome. C'est ce que Karl Popper nomme le "Monde 3", le monde de la connaissance objective, ou “monde sans sujet connaissant”. (Cf. Karl Popper, in : “La connaissance objective”).

Mais d'emblée, tous les noms communs, puisqu'ils ont tous, et dans toutes les langues, le statut de termes universels, ne peuvent donc être constitués, (Karl Popper, "La logique de la découverte scientifique"), et ils échappent aussi à toute appréhension humaine (totale) dans le temps et dans l'espace...

Nous pouvons créer un nouveau mot, un nouveau nom commun, et en faisant cela, nous créons un nouveau terme universel dont la définition ne peut que nous échapper, puisque par exemple, sous le terme "eau", (qui n'est, certes, pas nouveau), personne ne pourra jamais vérifier dans le temps et dans l'espace toutes les occurrences observables sous ce terme ! (personne ne pourra se "téléporter" (?) dans le futur pour vérifier si l'eau qu'il observe est identique à celle qu'il avait pu observer juste avant son voyage)...

(Mais tous les noms communs de toutes les langues, et même tous les mots, restent inactifs, donc inopérants sans les actions cognitives conscientes de l'esprit humain sur eux.)

Il y a, certes, l'autonomie du "Monde 3" de Karl Popper, mais cette autonomie et l'objectivité qui lui est associée ne sont rien, demeurent inactives et purement abstraites et inopérantes, sans l'action de l'esprit humain pour d'abord identifier cette autonomie, cette objectivité, la comprendre, l'utiliser, et ensuite la faire "agir". 

En d'autres termes, c'est l'être humain, (Karl Popper, en l'occurrence), qui a, non seulement inventé le "Monde 3" et qui lui a décerné son autonomie et son objectivité ; et il n'y a toujours que l'individu humain qui puisse en identifier ses caractéristiques et ses conséquences. Ce qui veut dire que jamais un objet théorique faisant partie du "Monde 3" ne va tout à coup se lever, se révéler à l'humanité toute entière, prendre la parole, et dire tout à coup : "eh, vous m'avez oublié, je suis là, moi, je fais partie du monde 3!". 

Par exemple, c'est bien dans l'esprit d'un seul être humain, dans son monde de subjectivité, (le "Monde 2" de Karl Popper), qu'a pu être possible la découverte des entiers naturels, mais c'est encore et toujours l'être humain, et lui seul, qui peut comprendre que cet ensemble fait désormais partie du "Monde 3", objectif, lequel échappe à toute appréhension humaine totale (il est impossible pour un être humain de dénombrer tous les membres de l'ensemble des entiers naturels).

Ce "Monde 3" de l'univers mathématique n'a strictement aucune action autonome, de lui-même, il nécessite l’existence d’individus réels tels que les mathématiciens ou tout autre qui sache compter sur ses doigts...

Certes, l'ensemble des entiers naturels est infini, mais tout le langage utilisé pour le caractériser a été produit par les hommes, et ce sont encore et toujours les seuls être humains qui soient capables d'identifier, de comprendre et de ressentir la notion d'infini et ses conséquences.

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P.S. : 

Cela dit, et comme le rappelle Christine Rousseau, que la femme dans un pays qui se dit être "celui des Lumières" (...) soit encore considérée comme juridiquement, "a priori consentante", est tout simplement hallucinant.

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Pour qu'un langage et sa structure puissent conditionner la pensée de quelqu'un, il faut nécessairement quelqu'un d'autre pour user de ce langage, afin qu'il produise ses effets de conditionnement et de structuration, ou il faut les préjugés, les connaissances, les représentations, tous les « a priori » de l’esprit du sujet.

Donc, il faut que quelqu'un, une personne, soit active, avec obligatoirement, ses préjugés, ses a priori, pour être réceptif aux possibles effets de conditionnement et de structuration du langage sur ses pensées. Pourquoi ?

Parce que l'esprit humain n'est pas un seau videqui se remplirait passivement avec un langage ou toute autre chose théorique. La connaissance ou même les faits du monde extérieur ne "tombent pas dans l'esprit"comme si ce dernier n'était qu'un seau vide et passif. (Karl Popper, in : "La connaissance objective". La théorie du sens commun et de l'esprit seau). Il n'y a pas d'observation qui soit "pure des faits", (K. Popper ; ibid.), c'est-à-dire, qui ne soit d'emblée entachée des théories et des préjugés a priori de celui qui observe. (Karl Popper).

Sans notre esprit, les connaissances a priori et tous les préjugés qu'il contient, nos yeux sont aveugles, et nos oreilles sont sourdes, (nous pouvons, certes, voir et entendre des "choses"(...), mais ces "choses", n'ont aucun sens pour nous sans le fonctionnement a priori de notre esprit qui permet de formuler des hypothèses et de les mettre très rapidement à l'épreuve du réel).

Pour apprendre, pour observer, pour comprendre, nous devons être actifs, et toute observation a la valeur d’une hypothèse. (K. Popper ; ibid.). Toute prétendue « réception » passive, est en fait une action de l’esprit qui fonctionne comme une hypothèse. (Il n'y a pas de "réception passive" de l'information extérieure).

Par conséquent quelqu’un qui écoute ou qui lit un langage, qui utilise le langage, met avant tout en jeu son esprit et ses apriori, etc., pour être réceptif aux effets de ce langage. L’individu est donc premier.

L'observation ou l'écoute ne peuvent être "pures" et premières dans l'acte de connaissance et d'appréhension de l'environnement du sujet ; ce sont, la théorie, l'opinion, le préjugé, qui sont toujours "premiers" et qui guident donc toujours a priori l'observation et l'écoute ; ces a priori sont autant de questions ayant valeur d'hypothèses sur le réel. Il n'y a pas d'expérience (...) qui ne soit d’abord guidée par une théorie quelconque. Aucune prétendue "expérience" n'est réalisable ex nihilo, (à partir de rien) : notre esprit ne sait rien saisir du monde qui l'entoure sans "quelque chose" pour saisir "autre chose" (...) : il n'appréhende rien, à partir de rien.

Personne ne peut ni n’a jamais pu recevoir passivement aucun langage: ce qui tombe dans les oreilles de quelqu'un ou sous ses yeux, précisément, ne "tombe" jamais, "sous le sens". Il n'y a tout simplement rien qui "tombe sous nos sens"et de façon "évidente" et "pure". Il n'y a pas cette croquignolesque "chute" des informations essentielles à notre connaissance, qui seraient ainsi "saupoudrées" au-dessus de nos esprits par Dieu sait qui, à quel endroit, et à quel moment, comme ça, sans crier "gare" !? 

Nous pouvons, certes, saisirune information qui apparaît de manière fortuite à nos organes réceptifs, mais lors de cette action très brève qui consiste à saisir l'information, il y a toujours l'action préalable, et souvent très rapide de notre cognition, qu'elle soit consciente, ou inconsciente. 

Si l'on présente un objet très rapidement et par surprise devant les yeux d'un individu, celui-ci n'a pas beaucoup de possibilités : soit il reconnaît l'objet sans se tromper, (et il ne peut le reconnaître que parce que sa cognition aura très rapidement testé avec efficacité une hypothèse d'observation) ; soit il reconnaît un objet, mais il se trompe, (sa cognition aura donc très rapidement testé une hypothèse laquelle aura été réfutée, s'il reconnaît ensuite s'être trompé) ; soit il peut dire "objet inconnu" ; ou soit il peut tout simplement ne rien dire, et rester bouche bée, parce que sa cognition n'aura pas eu le temps de formuler une hypothèse d'observation quelconque.

Notre esprit opère donc toujours une sélection à partir de certains de ses préjugés, mais avant tout, cette sélection est de prime abord une hypothèse quant à la réception à faire sur ce qui est donc jugé être une "information". 

Cette sélection est donc une véritable action de l'esprit et n'est pas, bien entendu, un processus "passif". Mais, que voulez-vous : pendant que certains s'échinent à faire comprendre que pour apprendre il faut être actif, d'autres en sont encore à convoquer le marchand de sable, allez donc savoir pourquoi ... 

Les multiples opérations de sélection de l'esprit dont nous parlons, comment sont-elles possibles ? 

Elles sont possibles, comme l'on s'en doute, grâce à nos mémoires. Et, en particulier, grâce à ce que le Prix Nobel de médecine, Eric Kandel, appelle la "mémoire implicite", forme de mémoire à long terme. Si notre mémoire est bien organisée, elle est parvenue à classifierles objets et les informations qu'elle a pu retenir. Et ces classifications ont été elles-mêmes possibles grâce à des critères généraux, eux-mêmes devenus de plus en plus riches en contenu et performants dans leurs fonctions. 

C'est donc à partir d'un certain contenu de la mémoire, classifié de façon spécifique, qu'est possible l'identification et la sélection parmi tout autre type d'informations, d'un certain contenu, spécifique, d'information. Cette mémoire peut ainsi constituer ce que Karl Popper nomme notre “système d’attentes perceptives”. (K. Popper. “La connaissance objective”).

L'esprit ne peut appréhender "tout et n'importe quoi" ; il est bien obligé d'opérer une sélection, laquelle est impossible sans tous les a priori cognitifs qui sont le contenu même de la mémoire humaine.

Le filtre de notre esprit, de nos préjugés est toujours actif, a priori, pour qu'une observation ou une écoute qui ait du sens soit seulement possible ; et ensuite pour qu'elle soit jugée conforme ou non à certains de nos préjugés, donc vraie ou fausse, ou même"évidente". Et il n'existe donc pas davantage d'évidence qui soit "pure" ou "parfaite", puisque, comme nous venons de le voir, elle ne peut être forgée que par une hypothèse d'observation a priori et mise à l'essai, qui a seulement été plus ou moins rapidement jugée conforme à une évaluation particulière des faits qu'elle seule a pu justement permettre, en ayant été construite sur la base de certains de nos préjugés ou autres "attentes perceptives" (K. Popper). 


*

"L'évidence" ...

L'on pourrait donc résumer les choses ainsi : puisque toute observation est une "mise à l'essai" sélective grâce au filtre de l'esprit (...), aucune observation n'est donc "évidente" (ou "directe") : il n’y a donc jamais “d’évidence”.

Notons, au passage, que la notion "d'évidence" est bannie par les psychanalystes dès qu'il est question pour leurs patients de revendiquer la vérité de leurs contenus conscients, de leur libre-arbitre, au profit de l'injonction de se soumettre, (via la suggestion, et tout autre procédé de manipulation mentale, d'endoctrinement, et de soumission), à la prétendue "évidence" que ces contenus conscients ne seraient que les produits sine qua non (...) d'autres "produits" inconscients ; tout en étant obligés d'admettre que rien n'est moins évident que cet "inconscient", puisqu'il nécessite, selon eux, toujours l'intervention d'un analyste pour être "mis en évidence" à la conscience du sujet ! Toutefois, tout sentiment "d'évidence" reçu comme une approbation, ou plutôt une soumission d'un analysant aux soi-disant "vérités" de l'interprétation psychanalytique, est bien entendu, toujours le bien venu... 

Comme l'on s'en rend compte, tout cela n'est que procédure d'authentiques charlatans, puisqu'un charlatan ne souhaite à aucun prix que ce qu'il vous cache de faux ou d'infondé ou d'inexistant soit "évident" ; mais au contraire qu'il vous soit "évident" que sa présentation de la "vérité" ou de ce qu'il souhaite vous vendre ne souffre par la moindre suspicion quant à vos impressions d'évidence inculquées que c'est "vrai". 

Pour ce faire, le charlatan, tout comme le psychanalyste, sont donc toujours obligés de se livrer à des interprétations présentées habilement comme d'authentiques explications ou démonstrations de la vérité, en sachant fort bien que le mode interprétatif offre, en particulier dans le cas de la psychanalyse et de "l'inconscient", toute latitude pour user du verbe, de la rhétorique, etc., pour maquiller, déformer, inventer, masquer, éluder, etc., la vérité qu'il faut cacher, ou des faits de "l'inconscient", qui n'existent tout simplement pas... En somme, en psychanalyse, l'usage obligatoire de l'interprétation constitue une preuve tangible du charlatanisme de l'analyste, compte tenu de "l'objet" de l'interprétation et de sa nature si spécifique : "l'inconscient". Autrement dit, ce qui démontre que les psychanalystes ne peuvent être rien d'autre que des charlatans est précisément le fait qu'ils soient rigoureusement obligés d'avoir recours à l'interprétation, et uniquement à cela, quoiqu'ils pourraient prétendre. Cependant, il en est tout autrement dans les interprétations de niveau scientifique.

La notion "d'évidence", en psychanalyse, n'est donc qu'une imposture, mais elle est idéale à l'usage des charlatans et des imposteurs. Et, comme nous l'avons souligné, les psychanalystes sont des charlatans et aussi des imposteurs permanents.

S'il fallait encore en rajouter, nous dirions maintenant que le recours à cette notion "d'évidence" est aussi particulièrement favorable à la sollicitation d'un mode de pensée erronée chez le sujet : il s'agit encore et toujours du mode inductif, lequel permet de solliciter à son tour, celui du "sens", des "sense data", et de façon plus indirecte l'usage délirant de la "méthode symbolique". L'évidence, les sense data, la théorie de l'induction, le symbolisme, tout cela appartient, disons, à la même "famille". Mais c'est une "famille" d'erreurs sur le plan intellectuel, tout autant que d'impasses, un univers du rien, du délire, tout comme la psychanalyse, ses théories, sa pratique, et ses praticiens).

Mais qui pourrait prétendre à la perfection dans ce qui relève de l'observation de la Nature ? En toute logique : personne. 

En somme, l'évidence est une illusion de perfection liée à une autre illusion : la possibilité d'une observation prétendument "directe" de la Nature, Nature humaine comprise, (laquelle serait indépendante ou "purifiée" de tout risque d'imperfection et d'imprécision lié à la nécessaire évaluation de conformité des faits avec nos "observations-hypothèses" issues de nos préjugés a priori lesquels permettent de les construire : l'observation "directe" pourrait ainsi se passer du filtre de notre esprit (?!), et serait la voie la plus assurée et la plus "pure", parce que soi-disant"directe" vers la connaissance..?) ; et nous ne sommes même pas dotés des pouvoirs de perception pour savoir si cela peut exister !..

Il n'y a donc pas de prétendues "sense data", comme le croyaient les philosophes du positivisme logique du Cercle de Vienne, pas plus qu'il n'y a, stricto sensu, d'évidence ; mais toujours l'apriori de la théorie, du préjugé, pour saisir le monde. 

L'être humain est par conséquent un perpétuel expérimentateur, dans chacune de ses pensées et de ses observations, qu'elles soient orientées sur son environnement ou sur lui-même. Le contenu de ses expériences est toujours hypothétique et sujet à l'erreur, car l'infaillibilité, si l'on peut admettre qu'elle relève du divin ou du dogme, ne peut être "le propre de l'homme" !

Cependant, il n'est ni condamné par un tel statut de "perpétuel expérimentateur", ni par son faillibilisme "en nature" ; ce statut est au contraire la seule potentialité méthodologique dont il dispose, et ses erreurs les seules ressources également disponibles qui lui permettent d'apprendre. 

Ce sont la croyance en la possibilité d'acquérir la certitude ou de défendre des connaissances qu'il croit certaines qui peuvent le conduire à s'égarer dans la quête stérile d'une prétendue vérité qui serait soi-disant obtenue en ressassant toujours sur le sens des mots, plutôt que dans leur rapport réel avec les faits, s'il continuait de penser, à tort, que le "sens" peut être assimilable à ses "sensations" ou des "sense data", et que ces dernières pourraient être "directes" et "pures" donc certaines...

Tout cela pour dire, qu'aucun langage, aucune langue, aucun texte, aucun écrit, et aucun mot, ne "parle", ne "conditionne" ou "n'agit" de lui-même, indépendamment de l’action de l'individu. Par "action", l'on peut par conséquent entendre celle de son esprit à formuler des hypothèses, grâce aux préjugés et aux opinions plus ou moins conscientes que l'individu met sans arrêt à l'épreuve du réel.

Les mots, les phrases, les textes, ne peuvent jamais « prendre la parole » ou divulguer le sens qu’ils contiennent sans un individu ; ils ne peuvent rien suggérer d’eux-mêmes sans l’esprit d’un individu dont les opérations cognitives indiquent comment doit être réalisée la suggestion et quel pourrait être son contenu...

Emmanuel Kant écrivait avec raison : "Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes". Là où il avait tort, ce fut de penser que la connaissance pouvait être valide a priori. La solution de Karl Popper a été de proposer, que certes, nous ne pouvons connaître sans a priori, mais que tout ce qui est a priori, ne peut l'être qu'à titre d'hypothèse. Dans le cas contraire, (comme par exemple avec la psychanalyse), l'on emprunte un chemin diamétralement opposé à la pensée scientifique, et même à la Raison, puisque l'on verse vers l'apriorisme, donc la pensée magique, tribale, sectaire ; et enfin, le dogmatisme, et l'obscurantisme. (Cf., in Jacques Bouveresse, "Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud. Ed. L'Eclat, Paris, 1991).

(Je reviens encore une fois sur le langage et ses "effets" : il n'y a jamais eu, il n'y a pas, et il n'y aura jamais de langage, ou d'écrit qui puisse avoir des "effets" sur l’individu, en toute autonomie, et sans l'individu, et l'apriori de son esprit, de toutes les connaissances, etc. qu'il contient.).

En somme, la situation logique de tout langage par rapport à l'être humain est identique à celle de la société : les deux ne peuvent être des abstractions détachées des individus, sinon, elles sont creuses, inactives, inopérantes, car, je le répète, avec Ludwig von Mises : "Seul l'individu pense, seul l'individu agit". Les mots, (comme la société...), ne pensent ni n'agissent jamais seuls.

*

De la relativité de toutes connaissances humaines que ce soit sur le monde de la Nature, ("Monde 1"), le monde de ses connaissances subjectives, de ses sentiments, émotions, impressions, etc., ("Monde 2"), et le monde de la connaissance objective et scientifique, puis celui des objets matériels, ("Monde 3").

D'après Karl Popper, le "Monde 1" englobe tous les phénomènes naturels encore inconnus ou n’ayant pas encore fait l'objet d'une investigation humaine, mais aussi ceux connus et sur lesquels des théories, par exemple scientifiques, ont pu être testées. Le "Monde 2", est, comme nous l'avons précisé précédemment, celui de la connaissance subjective, de la psychologie individuelle, celui des conjectures et autres hypothèses personnelles en ce qu'il n'est pas encore soumis au contrôle intersubjectif. Le "Monde 3" est celui de la connaissance objective, avec la connaissance scientifique. 

Cependant, il peut être un monde "sans sujet connaissant", puisque étant formulable sous la forme de théories universelles, les conséquences qui en sont déductibles ne peuvent toutes être d'emblée accessibles à la connaissance humaine, et dans le domaine des mathématiques, elles demeurent, comme dans l'exemple des entiers naturels, définitivement hors de portée de toute accessibilité totale par l'homme. Un objet matériel quelconque, contient des éléments du "Monde 1" et du "Monde 3". Pourquoi ? Si, par exemple, c'est un objet en acier, la connaissance de l'acier est le produit de connaissances scientifiques, le "Monde 3". Mais comme aucune connaissance scientifique ne peut être certaine, il reste "dans l'acier" toujours logiquement des éléments inconnus, appartenant au "Monde 1".

La connaissance de "l'inconscient" dans les termes de la psychanalyse, n'est toujours issue que du seul Sigmund Freud. D'après Mikkel Borch-Jacobsen, il ne peut être que le seul et unique "témoin princeps" de "l'inconscient", étant donné qu'il a justifié de révoquer dès son Introduction à la psychanalyse, tout témoin indépendant, tout observateur, et toute forme de contrôle de ses seules observations cliniques et de leurs interprétations subjectives. C'est toujours seulement à partir de son "Monde 2" de connaissance de l'inconscient, que tous les autres psychanalystes ont "performé" leur pratique de la psychanalyse et l'ont répandue. Est-il vraiment nécessaire de rappeler encore une fois que Sigmund Freud rejeta de la manière la plus explicite tout recours à la méthode expérimentale, en réponse à une requête de l’un de ses disciples ? Cela nous semble inutile. Certes, « la messe est dite », mais il n’empêche que les curetons du freudisme et autres grands évêques du lacanisme continuent ad nauseam de secouer l’encensoir rempli de la poudre de perlinpinpin de « la scientificité de la psychanalyse » pour enfumer encore les croyants, ou pire, les patients. Quant à leurs critiques, il faudrait tout de même que les psychanalystes finissent un de ces jours par comprendre, qu'il ne sert vraiment à rien de tenter de les soumettre aux saintes écritures de la psychanalyse et autres histoires à dormir debout, sauf à donner encore des bâtons pour se faire battre.

"Tout est relatif", mais relatif à l'inévitable imperfection de nos mesures, et donc relatif à notre éternelle faillibilité. Aussi étrange et même inadmissible que cela soit pour le sens commun, rien n'est sûr, rien n'est définitivement "acquis", et cela, paradoxe tout aussi étrange, (comme nous l'avons écrit au début de ce billet), nous pouvons, et nous pourrons en être toujours absolument certains.

La psychanalyse a eu tellement de succès auprès de tant de gens, précisément parce que ses "théories", ses modes de présentation et d'expression, la "pensée" (?...) qu'elle véhicule, sont constamment et étroitement dépendants, sinon tout à fait conformes à ceux du sens commun et de ses "dérivés" : l'induction, les "sens data", la théorie inductiviste du "sens", le symbolisme, l'interprétation, le sophisme post hoc ergo propter hoc, la suggestion. 

Le déterminisme psychique inconscient, prima faciae absolu, et excluant tout hasard et tout non-sens, est l'inébranlable postulat revendiqué par les psychanalystes. Et cette conception intenable du déterminisme, évidemment, conditionne l'approche, par les psychanalystes, de toutes les conséquences possibles sur le langage humain, sur les pensées, les motivations, et ses actions de toutes sortes. Cependant, ce postulat ontologique, bien que défendu de manière hystérique, voire fanatique, s'effondre en totalité ; il ne peut absolument pas résister à un examen guidé par l'épistémologie de Karl Popper. 

Le langage, tous les mots, sont donc bien sous le contrôle de tout individu doté de la parole et d'un minimum de connaissances. Mais ce contrôle ne peut être total, c'est-à-dire, qu'il est indiscutablement incertain et faillible. Toutefois, former le projet de renvoyer cette incertitude et cette faillibilité dans l'univers trop déterministe d'une causalité psychique inconsciente, comme celle affirmée si dogmatiquement par les psychanalystes, s'est s'enticher d'un rêve, ou plutôt d'un délire impossible à réaliser dans les faits : l'accès à un univers de certitudes. 

*

L'être humain est, et sera toujours, par Nature, faillible. 

De ce fait, il ne possèdera jamais aucun accès à une connaissance absolument certaine de lui-même et de son environnement, c'est totalement impossible. 

Donc, il ne peut raisonnablement croire avoir prouvé l'existence d'une "certitude interne, ou inconsciente" à partir de son inévitable faillibilité, sans avoir, au préalable, donc prima faciae, versé dans l'esprit dogmatique, la pensée magique, et pour tout dire, l'irrationalisme... (puisqu'il ne peut posséder aucun moyen de mesure ou d'observation "suffisamment précis" (...) d'aucune certitude qui existerait dans le monde de la Nature ou des objets matériels, et parce ses observations même et ses tentatives de mesure ne peuvent être imaginées et formulées sans des termes universels lesquels sont eux-mêmes non vérifiables avec certitude dans le temps et l'espace : aucun terme universel ne peut, en effet, être "constitué". (K. Popper).).

...Il ne peut définitivement pas prétendre avoir prouvé, sur la base d'une impossibilité à maîtriser des conditions initiales parfaitement précises, (ce qui lui interdit, d'emblée, d'espérer la réussite d'un quelconque projet de description sur la base d'un postulat aussi déterministe), ou sur la base de sa foncière incapacité à seulement les imaginer à la perfection, l'existence indubitable d'un "Autre", (comme disent les lacaniens), qui déterminerait sans coup férir toutes ses pensées ainsi que toutes ses conséquences. 

"L'inconscient" des psychanalystes, (ou "l'Autre"), ne peut pas exister dans les termes de la version du déterminisme postulée par la psychanalyse. C'est, certes, un voeu pieux pour les psychanalystes, ou un acte de "foi", mais cela ne peut être ni réel, ni posséder des "effets de réel" qui ne soient délibérémentdes fictions, des tromperies, des suggestions, des manipulations, ou des impostures ; pas plus que cela soit envisageable avec les moyens normalement limités de la raison humaine, laquelle, lorsqu'elle est saine, ne peut ignorer ce qu'elle est toujours, en Nature, comme nous l'avons répété plusieurs fois : faillible, incomplète. 

Les psychanalystes sont donc bien des malades, des superstitieux, des délirants, des obscurantistes, des sectaires, des dogmatiques, des adversaires de la Raison, des ... charlatans.

Contrairement à la propagande obsessionnelle de psychanalystes encore assez nombreux, jamais la psychanalyse ne s'est départie de la "pensée" du sens commun, (de la méthode inductive, de “l’évidence”, et de la méthode inductiviste du “sens” dévastée par Karl Popper), au profit de la pensée scientifique.Et affirmer, comme le fit récemment Roudinesco, que la pire injure qui serait faite à la psychanalyse serait de l'accuser de ne pas être une science, est une telle énormité, un tel retournement fallacieux, qu'il n'est plus permis de douter sur ce qu'écrivait Frank Cioffi au sujet de cette doctrine : la psychanalyse n'est qu'une culture de mauvaise foi. J'ajoute qu'elle n'est aussi que le déni constant et maniaque d'elle même, de ce qu'elle a toujours été, et demeure encore aujourd'hui : l'archétype, le modèle de toutes les pseudo-sciences, d'une part, et un apriorisme dogmatique sinon délirant, voire même une pensée magique, d'autre part.


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Dans cet article nous avons étudié, (comme l’a fait Karl Popper et en nous inspirant d’ailleurs directement de ses travaux), le processus de réception de l’information, en démontrant qu’il ne peut exister aucune réception passive de l’information par notre esprit qui serait lui-même concevable comme une sorte de “seau” vide qu’il suffirait de remplir, ou comme une pâte à modeler sur laquelle il suffirait d’écrire ou de graver.. Par ce biais, nous avons ensuite démontré qu’il n’existe stricto sensuaucune “évidence”, bien que l’usage de l’expression “c’est évident” soit bien pratique dans la vie quotidienne et ne soit que rarement remis en question.

Cependant, qu’en est-il de tous nos a priori cognitifs ? (Puisque nous nous sommes notamment appuyés sur l’argument que l’esprit ne sait rien saisir à partir de rien ; ou, en d’autres termes, que nous ne pouvons rien saisir du monde qui nous entoure, ex nihilo. Ou bien encore que l’être humain ne peut rien créer à partir d’un zéro absolu de connaissances ou de préjugés antérieurs). 

Qu’en est-il par exemple de ce qu’Erik Kandel nomme la “mémoire implicite” ? Nous répondrons qu’il est démontrable qu’il est justement impossible de ne pas disposer d’une partie importante de notre mémoire qui soit inconsciente, sans pour autant créditer les diverses versions de l’inconscient fournies depuis toujours par une idéologie pseudo-scientifique comme l’est la psychanalyse, c’est-à-dire sans que la “nécessité de l’inconscient”soit une nécessité sine qua non, ou réponde à un déterminisme absolu excluant prima faciaetout hasard et tout non-sens.

Démonstration :

Supposons quatre moments “M” : M0 ; M1 ; M2 et M3. 

M0, M1, M2 et M3 se suivent chronologiquement dans le temps.

Supposons ensuite une communication avec un sujet quelconque, mais suffisamment éduqué pour qu’il dispose du vécu et des connaissances requises.

.Soit le moment M0: à ce moment là notre sujet ne sait rien des questions que nous allons lui poser. Cependant, nous lui demandons de noter sur une feuille de papier, cinq mots de la vie courante, pris au hasard, sans nous les divulguer.

.Soit le moment M1: quelques secondes après que le sujet ait achevé de noter les mots qu’il a pu choisir nous posons le problème suivant : “je vais vous donner un mot de la vie courante, par exemple un nom commun, ou un nom propre d’un personnage connu, et vous noterez aussitôt sur votre feuille, les cinq mots qui vous viennent immédiatement à l’esprit, ou qui vous sont suggérés par l’énonciation du mot ou du nom que je vais prononcer devant vous”. Nous énonçons le mot “maison”. Et le sujet note sur sa feuille, successivement : “fenêtre” ; “porte” ; chambre” ; “ordinateur” ; “cuisine”. Ces mots ne sont pas divulgués à l’expérimentateur.

.Soit le moment M2 : quelques secondes après que le sujet ait achevé de noter les mots précédents, l’expérimentateur énonce un autre mot : “Napoléon”. Et, sans le lui divulguer, le sujet note successivement : “Guerre” ; “Révolution” ; “Armée” ; “Waterloo” ; “Austerlitz”.

.Soit le moment M3: comme précédemment, l’expérimentateur donne encore un autre mot : “Voiture”. Et le sujet, sans les lui divulguer, note successivement : “Formule 1” ; “Vitesse” ; “Porsche” ; “Essence” ; “Argent”.
Questions posées ensuite par l’expérimentateur au sujet: 

1. Quels sont les mots que vous aviez notés en M0 ? Le sujet répond: “Bois” ; “Bureau” ; “Stylo” ; “Moustache” ; “Rue”.

2. Quels sont les mots que vous aviez notés en M1 ? Le sujet répond :“Fenêtre” ; “porte” ; “chambre” ; “ordinateur” ; “cuisine”.

3. Lorsque vous aviez noté les cinq premiers mots : “Bois” ; “Bureau” ; “Stylo” ; “Moustache” et “Rue”, pensiez -vous clairement aux mots que avez notés ensuite en M1, quelques secondes plus tard : “Fenêtre”, “porte”, “chambre”, “ordinateur”, “cuisine” ? Le sujet répond : “non, pas du tout !”.

4. Lorsque vous aviez noté les cinq mots suivants : “Fenêtre”, “porte”, “chambre”, “ordinateur”, “cuisine”, pensiez-vous clairement aux mots que vous avez notés ensuite en M2, quelques secondes plus tard : “Guerre” ; “Révolution” ; “Armée” ; “Waterloo” ; “Austerlitz” ? Le sujet répond : “Non ! Pas du tout !...”. Même réponse du sujet pour les mots suivants...

Que montre cette expérience ?

Elle montre :

A. Que les mots énoncés par le sujet ont été suggéréspar l’énonciation d’un autre mot par un tiers, (l’expérimentateur). Suggérer signifie : “faire venir à l’esprit”.

B. Que ces mots ne peuvent provenir que de l’inconscient du sujet. Parce qu’il ne peut absolument pas les avoir inventés lui-même, (si l’expérimentateur a pu les identifier en tant que mots déjà connus), et donc les avoir comme subitement créés ou “implantés” dans la culture, comme cela, à la demande, ou sur simple suggestion de l’expérimentateur. Ces mots faisaient partie des aprioris cognitifs inconscients du sujet de l’expérience. Ils étaient donc, un “déjà là”, comme à l’état “latent” ou “endormis”, et la suggestion de l’expérimentateur les a “réveillés” ou fait “remonter” à la conscience sous l’effet de l’énonciation inopinée d’un seul mot ?...

C. Que l’on peut supposerque la cognition consciente, (ou l’action de son esprit), d’un sujet, dépend d’un “passif” inconscient, (la “mémoire implicite” à long terme d’Erik Kandel), qui ne demande qu’à être “réveillé” par la suggestion d’un tiers, ou par exemple par une lecture personnelle et autonome d’autres mots ?...?...

Mais comment cette expérience serait interprétée par un psychanalyste, ou par Christine Angot, laquelle affirme notre totale impuissance par rapport aux mots ? (Voilà la question cruciale à laquelle il nous faut répondre).
Un psychanalyste affirmerait sans qu’aucune preuve soit méthodologiquement possible que : 

Ce n’était dû, ni au hasard, ni au non-sens si l’expérimentateur lui-même avait choisit successivement les mots : “Maison” ; “Napoléon” et “Voiture” pour son expérience ! Il affirmerait même que leur succession dans le temps à une cause psychique inconsciente indubitable qui ne doit non plus rien au hasard ni au non-sens mais tout à des causes psychosexuelles refoulées, allant même jusqu’à affirmer que ce déterminisme psychique serait “valable sans exception” !...

De la même façon, tous les mots choisis par le sujet, et “apparemment au hasard” sont en fait des choix qui ne doivent rien au hasard ni au non-sens ! Eux aussi relèvent de “choix inconscients” reposant sur des causes psychosexuelles refoulées...

Questions critiques à poser au psychanalyste et auxquelles il ne pourra pas répondre : 

Puisque nous avons des événements qui se suivent dans le temps : E1 (question posée par l’expérimentateur), et E2 (réponses du sujet), et puisque vous considérez qu’il y a un lien de cause à effet de nature psychosexuelle ou au moins uniquement “psychique” indubitable entre E1 et E2, comment administrez-vous la preuve indépendante de ce lien de cause à effet ?Autrement dit, comment les réponses du sujet sont-elles la preuve (validement démontrable), de l’existence d’un déterminisme inconscient absolutel que vous l’envisagez, et non comme l’envisagent les neurosciences ou même les sciences cognitives ? C’est-à-dire comment faites-vous pour éliminer, à coup sûr (...), et a priori (...), toute possibilité de l’intervention du hasard et/ou du non-sens dans les choix de mots opérés, non seulement par l’expérimentateur mais aussi par le sujet qui doit lui répondre ?... Comment prouvez-vous que les déterminismes inconscients que vous invoquez ne sont que de nature psychique et qu’ils excluent par conséquent toute autre hypothèse alternative, comme par exemple des déterminismes explicables à partir des données scientifiques corroborées par les neurosciences ?

Comme nous l’avons démontré dans notre article sur Karl Popper et l’impossibilité de la certitude, aucun psychanalyste ne peut répondre à ces questions par des preuves valides. La version de l’inconscient soutenue par les psychanalystes et implicitement par Christine Angot, ne leur permet absolument pas de prouver un déterminisme psychique inconscient qui soit prima faciae absolu. 

Car ce qui est postulé a priori avec certitudetout en ne constituant qu’un phénomène qui n’est pas observable mais seulement interprétable comme la source des causes d’autres phénomènes ne peut rigoureusement pas être testé : l’on ne peut jamais satisfaire à la demande de conditions initiales de tests qui soient suffisamment précisespour mettre à l’épreuve une prétendue certitude sur des faits à partir de ce qui n’est accessible que par un postulat ontologiqueentièrement métaphysique. 

En effet, si un test est malgré tout tenté mais qu’il échoue dans sa tentative de réfutation, le défenseur de la théorie initiale pourra toujours se retrancher derrière l’argument qu’il existe encore des éléments de sa théorie qui ont échappé à l’expérimentateur lesquels seraient cruciaux pour en révéler les pouvoirs déterministes, puisque, dira-t-il, aucune des conditions initiales utilisées n’a été “suffisamment précises” pour atteindre la théorie, ou risquer de la mettre en échec. 

Autrement dit, il demeure toujours possible d’étendre à l’infini les pouvoirs d’interprétation de la théorie psychanalytique de l’inconscient, telle qu’elle puisse sans cesse dénier la validité des résultats des tests les plus sévères, tant qu’elle reste de nature métaphysique (puisque les psychanalystes n’envisagent l’inconscient que sous une forme “psychique” et non “organique”). 

Et nous répéterons encore qu’un psychanalyste peut s’octroyer indûment le droit de mettre en doute les intentions de tout expérimentateur d’approcher de la vérité objective sur la base d’une théorie de l’inconscient dont les pouvoirs d’investigation des motivations restent toujours à démontrer de manière valide ! Pour ce faire, les psychanalystes ont l’habitude de poser ce qui n’est rien de plus qu’une hypothèse (non testable), celle de l’inconscient, comme une vérité qui n’a pas à être démontrée, ou “qui va de soi”, tout en l’utilisant comme leur moyen principal d’interprétation des faits relatifs aux motivations humaines... 

Les “pouvoirs” (...) d’interprétation de la psychanalyse sont tels qu’ils autorisent celui qui les utilise à absolument tout interpréter ou mettre en questions, y compris les motivations “inconscientes” de tout expérimentateur, sans toutefois n’avoir jamais été ou n’être encore jamais en mesure de démontrer sur la base de preuves valides qu’un tel “quid juris” est donc justifié, (ou lui-même corroboré par des tests), dans ses usages ! 

Ainsi, et comme les psychanalystes n’ont de cesse de s’en vanter avec arrogance : “la psychanalyse s’autorise d’elle-même” (!). C’est une doctrine qui n’a cure d’aucun quid juris qui lui serait indépendant lequel lui demanderait de montrer que ses pouvoirs d’interprétations sont fondés par des théories elles-mêmes corroborées par des tests valides. En somme, les psychanalystes affirment que la psychanalyse est son propre “quid juris” ou qu’elle a le droit d’être, comme elle le désire, “juge et partie” d’elle-même .... !





(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).



1 commentaire:

  1. Angot, en bon petit perroquet, ne fait que répéter ce que disait le Grand Lacan-gourou sur le Signifiant

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Psychanalystes, dehors !

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