Le fait que Popper ait démontré que toute science devait être réfutable et ne pouvait aboutir à aucune certitude n'est nullement "inquiétant" comme on l'entend au début de cette émission, mais est au contraire particulièrement rassurant : Popper démontre ainsi une voie infinie à l'heuristique. L'heuristique étant ce qui permet la découverte. Autrement dit : nous pouvons toujours faire mieux, en débusquant les erreurs, ou en démontrant l'incomplétude des théories les mieux corroborées grâce à la corroboration d'hypothèses inédites sur des faits nouveaux.
Le problème de la définition de mesures parfaitement précises étant pour toujours impossible à résoudre, il implique donc, indiscutablement, et pour toujours (...) qu'aucune réfutation, ni aucune corroboration ne permettra de "justifier" aucune théorie scientifique dans le sens de "justifier" d'un savoir absolu.En conséquence, et comme l'écrivit Popper, le "jeu de la science est sans fin". Et la science authentique s'arrête dès qu'elle affirme avoir atteint un déterminisme absolu. Toutes les théories scientifiques, tous les tests scientifiques ne peuvent jamais être "absolus". Ils sont toujours "relatifs". Relatifs à l'imprécision des mesures, notamment, et bien sûr aux erreurs humaines et aux autres de leurs motivations. Bref, à l'intrusion toujours plus ou moins possible du facteur humain.
L'épistémologie de Popper n'est donc pas soi-disant "inquiétante", c'est la plus rassurante et la plus optimiste qui soit. Elle est tout entière dédiée à l'optimisme et à la responsabilité individuelle. Pour Karl Popper, en effet : "L'avenir est ouvert" et il ne tient qu'à nous d'en prendre la responsabilité en tentant toujours de controverser de manière collégiale, rationnelle et pacifique les "consensus scientifiques" ou les "paradigmes scientifiques" (T. Kuhn), les mieux établis et même ceux qui sont érigés en pensée unique ou idéologie dominante et contre lesquels il incombe d'avoir l'audace de la critique (voir texte de Karl Popper, plus bas), sinon même du courage intellectuel et de l'indépendance d'esprit.
Par exemple (...) :
Personne n'ignore toute la publicité fait autour d'un "consensus scientifique" au sujet des causes des changements climatiques, consensus promu par le GIEC. Voilà donc une question nécessaire et épistémologique en conformité avec les thèses de Karl Popper au sujet du progrès de la connaissance scientifique et de sa logique : "la logique de la découverte scientifique" :
Quels sont les nouveaux tests, autrement dit les nouvelles tentatives de mise à l'épreuve inédite mais déductibles de la tradition du savoir acquis en matière de climatologie scientifique qui ont été tentés, divulgués et promus par le GIEC ? Réponse : à ma connaissance, strictement aucun. Par conséquent, la climatologie "scientifique" est aujourd'hui contrôlée par des personnes qui en ont fait une idéologie dominante sur les causes des changements climatiques et cela à des fins politiques ou autres.
Tout progrès scientifique, dans tout type de discipline qui prétend être "scientifique" exige, de manière sine qua non (je souligne), la possibilité de la controverse des idées.
Et il faut même que cette possibilité soit non seulement entretenue et parfois même créée ! Le progrès de toute science exige donc le scepticisme. Mais un scepticisme dynamique (K. Popper) et non "dogmatique" (Cf. "Conjectures et réfutations" & "La connaissance objective"). Ce scepticisme dynamique prend ensuite forme dans l'usage du rationalisme critique dirigé contre les consensus ou les paradigmes scientifiques établis ou collégialement corroborés par une communauté scientifique ; rationalisme critique qui enfin se concrétise à son tour par la tentative de nouvelles hypothèses (enracinées dans la tradition) donnant lieu à de nouveaux tests, et ainsi de suite, ad infinitum... Mais il demeure cette nécessité logique incontournable que tout nouveau test scientifique doit être ancré dans une tradition de recherche qui le précède. Aucune recherche scientifique ne peut être valide ni même possible "ex nihilo", à partir de rien.
Tout scientifique se doit donc d'être une sorte de "complotiste éclairé" par des faits antérieurs reconnus et par de nouvelles hypothèses, et jamais un "complotiste dogmatique ou farfelu" souhaitant imposer des vérités révélées ou traiter ses hypothèses comme des faits, exactement comme le fit Sigmund Freud.
Un vrai scientifique est un "complotiste éclairé" à cette différence notable qu'il ne peut opérer dans le secret ou en dehors de toute critique de la démarche dont il use pour ses investigations. Il ne peut, par exemple, interdire la présence de témoins indépendants pendant ses rencontres thérapeutiques avec ses patients, comme l'a clairement fait et écrit Sigmund Freud dès son "Introduction à la psychanalyse". Comme un complotiste éclairé, il doit poser des questions critiques, audacieuses et libres de toute pression et de toute forme d'intimidation, des questions dont la logique procède toujours de la même manière : la mise à l'épreuve puis la tentative de réfutation intersubjectivement contrôlée par ses pairs d'un paradigme scientifique ou d'une théorie scientifique institutionnellement validée.
Notre comparaison du scientifique avec le complotiste éclairé s'arrête ici. Parce que le scientifique doit même être encouragé à constamment essayer de "comploter" (...) ouvertement contre un paradigme scientifique validé : il doit chercher de nouvelles hypothèses susceptibles de remettre en question une partie du savoir acquis. La Vérité n'étant jamais acquise dans le sens d'une Vérité absolue, il incombe donc à tout individu qui cherche à constamment tenter de s'en approcher que d'avoir l'attitude du scepticisme dynamique quitte à se faire qualifier de "complotiste" !
Karl Popper a donc démontré avec des arguments logiques indiscutablement valides pour toujours que la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, c'est que nous n'atteindrons jamais, quoique que nous fassions, aucune certitude dans aucune connaissance de la Nature. Autrement dit, nous pouvons être absolument certains que la certitude dans toute forme de connaissance de la Nature (nature humaine comprise), nous est à jamais, définitivement, inaccessible, que cette connaissance soit scientifique ou non.
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".