vendredi 22 octobre 2021

La pensée de Karl POPPER à l'ordre du jour :

 


“We want the unavoidable and difficult decisions that govern our lives to be taken by someone stronger than ourselves who nevertheless has our interests at heart, as might a stern but benevolent father; or else to be given to us by a practical system of thought that is wiser than we and makes fewer or no mistakes. Above all we want release from fear. And in the end most fears – including the most basic such as fear of the dark, fear of strangers, fear of death, fear of the consequences of our actions and fear or the future – are forms of fear of the unknown. So we are all the time pressing for assurances that the unknown is known really, and that what it contains is something we are going to want anyway. We embrace religions which assure us that we shall not die, and political philosophies which assure us that society will become perfect in the future, perhaps quite soon.

These needs were met by the unchanging certainties of pre-critical societies, with their authority, hierarchy, ritual, tabu and so on. But with the emergence of man from tribalism and the beginnings of the critical tradition, new and frightening demands began to be made: that the individual should question authority, question what he had always taken for granted, and assume responsibility for himself and for others. By contrast with the old certainties, this threatened society with disruption and the individual with disorientation. As a result there was from the beginning a reaction against it, both in society at large and (this was partly Freud's point) within each individual. We purchase freedom at the cost of security, equality at the cost of our self-esteem, and critical self-awareness at the cost of our peace of mind. The price is steep: none of us pays it happily, and many do not want to pay at all.”

Bryan Magee, 'Popper'. (The US-edition has the title 'Philosophy and the real world: an introduction to Karl Popper')



« Nous voulons que les décisions inévitables et difficiles qui régissent nos vies soient prises par quelqu'un de plus fort que nous qui a pourtant nos intérêts à cœur, comme pourrait le faire un père sévère mais bienveillant ; ou bien nous être donnés par un système de pensée pratique qui est plus sage que nous et fait moins ou pas d'erreurs. Par-dessus tout, nous voulons être libérés de la peur. Et en fin de compte, la plupart des peurs – y compris les plus fondamentales comme la peur du noir, la peur des étrangers, la peur de la mort, la peur des conséquences de nos actes et la peur de l'avenir – sont des formes de peur de l'inconnu. Nous insistons donc tout le temps pour avoir l'assurance que l'inconnu est vraiment connu et que ce qu'il contient est quelque chose que nous allons vouloir de toute façon. Nous embrassons des religions qui nous assurent que nous ne mourrons pas, et des philosophies politiques qui nous assurent que la société deviendra parfaite à l'avenir, peut-être très bientôt.

Ces besoins étaient satisfaits par les certitudes immuables des sociétés précritiques, avec leur autorité, leur hiérarchie, leur rituel, leur tabou, etc. Mais avec la sortie de l'homme du tribalisme et les débuts de la tradition critique, des exigences nouvelles et effrayantes ont commencé à être formulées : que l'individu remette en question l'autorité, remette en question ce qu'il a toujours tenu pour acquis, et assume la responsabilité de lui-même et des autres. Contrairement aux vieilles certitudes, cela menaçait la société de bouleversements et l'individu de désorientation. En conséquence, il y a eu dès le début une réaction contre elle, à la fois dans la société en général et (c'était en partie le point de Freud) à l'intérieur de chaque individu. Nous achetons la liberté au prix de la sécurité, l'égalité au prix de notre estime de soi et la conscience de soi critique au prix de notre tranquillité d'esprit. Le prix est élevé : aucun de nous ne le paie volontiers, et beaucoup ne veulent pas du tout payer. »

Bryan Magee, 'Popper'. (L'édition américaine s'intitule « La philosophie et le monde réel : une introduction à Karl Popper »)


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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.

Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".

Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.

Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".

Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".

Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".

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