mardi 20 janvier 2015

Les "trains de pensée" et le déterminisme psychique absolu..




Les "trains de pensée", cela veut dire, intuitivement, toutes ces pensées qui nous passent par la tête, tous les jours. Sur les choses que l’on voit, ce que l’on fait, les personnes à qui l’on pense, les réminiscences, etc., tout...

Et il existe encore une doctrine qui prétend en connaître l’origine exacte, et a priori parfaitement déterminée "psychiquement"!

Cette doctrine bizarroïde, se targue d’achopper sur le moindre mot, le moindre fait, pour développer ses délires interprétatifs, et réduire. Réduire l’individu à une interprétation pour chaque faits, pour chaque pensée, et même, par voie de conséquence, pour chaque mot de chaque pensée. Absurde, et totalement impossible que l’une de ces interprétations soit fondée.

Cette doctrine n’utilise que des filtres négatifs. Une négativité sur l’être humain, sur la base d’une théorie plus que fumeuse de l’inconscient. Elle ne peut le voir qu’en négatif, qu’en fondamentalement mauvais, et comme identique à elle-même, parce qu’elle même n’est qu’une négativité et un pessimisme profond sur l'individu.

Supposons un individu en "analyse" (par exemple, contre son gré). La doctrine tente encore de le "renvoyer à lui-même" (au point que cela commence à en devenir franchement ridicule, mais passons…), à partir du moindre de ses faits et gestes.

Pour un seul fait, elle interprète les possibles motivations, sous forme d’inconscient (!). Et, avec cette méthode elle réduit.

Elle est forcée de simplifier, de réduire de façon extrémiste donc fausse, ce qui se passe vraiment dans les pensées de l’individu, et qu’elle reste donc toujours incapable de comprendre et de décrypter. Pourquoi ?

Tout simplement, parce qu’une décision, lorsqu’elle survient à l’esprit d’un individu n’est pas, n’est jamais "motivée" par une seule et unique pensée qui pourrait prendre forme dans un seul et unique énoncé, ou une proposition qui lui soit identique et formalisable en quelques mots.

Lorsque nous décidons de quelque chose, plusieurs pensées nous viennent à l’esprit, et parfois dans un "brouhaha" cognitif auquel il faut mettre un peu d’ordre, pour parvenir à garder à l’esprit deux ou trois pensées, voire plus qui permettent d’orienter une décision. Une fois la décision prise, il y a encore des trains de pensées. On imagine quelques conséquences, on réfléchit, on voit apparaître des contradictions, des absurdités parfois, quelques autres pensées très fugaces qu’il est très difficile de prendre au vol et qui s’évanouissent. Bref. Tout cela constitue l’activité cognitive normale de toute personne.

Voici en quelques questions, une présentation de la problématique qu’aucun psychanalyste ou psychothérapeute n’est en mesure de résoudre :

- Comment alors accepter, ne serait-ce qu’une seule et unique demi-seconde, qu’une doctrine comme la psychanalyse ait pu non seulement trouver mais aussi prouver la clé à tous ces mécanismes, et qui plus est, une clé sur la base d’une théorie de l’inconscient aussi ultra déterministe, aprioriste, et absolue que la sienne, c’est-à-dire une  théorie qui ne peut être qu’inopérante dans son usage ?!

- Comment, (et de surcroît), accepter encore que lors d’une  quelconque analyse, le "thérapeute" (ou prétendu tel), puisse, malgré  tout son attirail suggestif, son attirail de manipulation mentale, et son  vampirisme pervers, contrôler à sa guise, voire même "suivre", décrypter, interpréter de façon juste, une pensée qu’il a pu saisir, ou qui a  pu être formulée, et la comprendre vraiment ; c’est-à-dire en pouvant la situer (en temps réel ou différé) dans le contexte inévitable du flot des autres  pensées dans lequel elle fut insérée, et auxquelles il n’a pu avoir accès ?

- Comment peut-il savoir, ce "thérapeute" (…) et comment peut-il garantir, etc., que ce flot des autres pensées qu’il ne peut absolument pas connaître, n’ait eu, bien entendu, un rôle déterminant sur la pensée qu’il isole à des fins d’interprétations, et dans quelles mesures (qui excluent le hasard et le non-sens) ?…

- Comment sait-il retrouver les prétendus calculs  psychiques inconscients  qui ont pu organiser la détermination (psychique) de toutes les pensées au sein de leur "train", et d’une seule pensée dans un tel contexte, et avec quelles preuves indépendantes ?

- Comment sait-il retrouver les mêmes calculs (inconscients) pour un seul mot et ses liens de cause à effet (mis en évidence par des preuves indépendantes et extra-cliniques) parmi les autres pensées en présence dans un "train de pensée" ?

Etc…

Tout cet ensemble de questions est tout à fait valide eu égard aux prétentions trop déterministes de la psychanalyse et nous renvoie encore une fois à cette évidence : la psychanalyse n’est qu’une illusion, une théorie zéro, et une thérapie zéro.

L’on nous rétorquera que ce problème est sans doute la justification de longues analyses, etc., Mais cela ne permet pas du tout de l’éviter et il reste entier : comment éviter que l’individu ait continuellement en lui des trains de pensées incessants, parfois déterminants, changeants, et qui sont en réalité, qui se comportent tous, comme des propensions, c’est-à-dire dans une contradiction radicale avec toute les prétentions trop déterministes de cette idéologie totalitaire qu’est la psychanalyse!

À moins peut-être que les analystes réussissent à totalement soumettre un individu ? Qu’ils réussissent à le rendre identique à une grenouille de laboratoire décérébrée et qui ne penserait, ou ne retrouverait la pensée qu’en réaction à un électrochoc "psychique" envoyé comme un "appel" par l’analyste qui se pose alors comme en pervers-jouisseur de voir sa victime réduite au stade de l’animal! Absurde, bien entendu, mais cela ressemble bien pourtant, à ce qu'est obligé de faire la psychanalyse dans sa "pratique".

Il est tout à fait possible que l'individu paraisse soumis pour son analyste et que tout à coup, dans sa tête, et sans le lui dire, il se permette de le honnir. Et de le honnir sans que jamais le moindre indice ne soit perceptible pour l’analyste.

La psychanalyse, ne peut donc être qu’une vile et vaine tentative de "dressage psychique". Pourquoi ?
Parce "qu’elle veut trop". "Elle veut tout", et prétend pouvoir "tout  vouloir". Elle "veut trop" puisqu’elle ne peut se départir de sa  croyance délirante en un déterminisme prima facia absolu, pour prétendre  s’appuyer sur des associations prétendument "libres", étant donné qu’elle ne peut pas non plus se passer, à strictement aucun moment, de la suggestion et de la manipulation mentale. Elle ne peut se passer de tenter  d’inculquer à ses victimes, un "psychisme" qui n’est jamais que  superfétatoire donc qui ne peut jamais être "identique" au patient. Une fabrication entièrement superfétatoire donc, et en plus,  uniquement circonstancielle à la "cure", c'est-à-dire qui n'est que le produit des circonstances multiples liées au cadre même de la cure analytique : préjugés de l'analyste, suggestion, manipulation, environnement matériel, temps de pratique. Ce n'est qu'au cours d'une cure analytique "qu'existe" cet "inconscient" aux propriétés conformes à la théorie psychanalytique. L'analyste met tout en oeuvre pour inculquer cette existence à son patient, via un dressage "psychique" qui utilise toute une panoplie de moyens de pression (Nathan Stern), d'intimidation, et parfois même de la violence physique, sans parler de la violence morale (procédés d'humiliation, silences inopinés et insultants, infantilisation, etc.)

C’est cette croyance trop déterministe qui pousse la psychanalyse à vouloir flairer derrière chaque mot, chaque geste, n’importe quoi, "de l’inconscient", "de la névrose", et Dieu sait quoi d’autre…

Donc, elle "veut" être "partout" et être "tout le patient", avec cette possibilité infinie, et infiniment vampirique de s’autoriser ad nauseam des interprétations etc., d’autant plus nécessairement nombreuses  et par conséquent vides de toute justification et de pertinence réelle, que la réalité du sujet a déjà logiquement pris le large en la forçant, justement (…) à courir sans arrêt derrière lui avec ce vampirisme interprétatif rétrodictif.

Et ce vampirisme, nous venons de le dire, est d’autant plus obsessionnel (…), d’autant plus opiniâtre, envahissant et indisposant, qu’il ne peut laisser aucune place à des possibilités de prédictions du comportement "psychique" de tout individu , puisqu’elles risqueraient d’offrir, en étant valides,  un interstice à la critique ou au risque d’une réfutation (donc une échappatoire), puisque la théorie ne permet aucune prédiction valide, digne de ce nom.

Ce vampirisme interprétatif est donc l’une des preuves les plus flagrantes du vide de la théorie quant à ses pouvoirs de description  et de prédiction réels : puisque la théorie reste totalement incapable de démontrer avec des preuves la valeur de ses descriptions et de procéder à des tests sur des prédictions, elle en est constamment réduite à faire des  interprétations sur la "base" d’une théorie  nulle parce que non testable.

(...)

On dirait même qu’un tel vampirisme est aussi le signe de la frustration permanente de la théorie et de ceux qui s’y adonnent "en pratique", à constater qu’en vérité, la réalité des sujets qu’ils tentent de soumettre, de convertir, de formater, d’endoctriner, etc., leur échappe, par NATURE, constamment, et irrémédiablement.

Ce vampirisme est le signe d'une insatiable volonté de pouvoir, de domination et de soumission: il s'agit d'accroître le pouvoir de l'analyste, son pouvoir de maintenir sa victime en état de dépendance, ainsi que le pouvoir de la psychanalyse en tant qu'idéologie : un sujet formaté par elle transmettra ensuite "la bonne parole", "le bon savoir vivre", "le-bien-penser-sur-soi-même-et-sur-les-autres"...

Adhérer à cette culture de l'interprétation vampirique d'autrui, c'est manifester une peur d'autrui. Une peur de sa complexité, de sa liberté de penser, de sa possibilité d'échapper à ce genre d'emprise, de conformisme. Une peur que par cette échappatoire le sujet prouve que la normalité, la vraie, puisse se trouver en dehors de tout cadre interprétatif psychanalytique, et même théorique allégué par la psychanalyse : point de bonheur, point de vérité sur soi, point de salut en dehors de la psychanalyse, soi-disant...

Si un patient réussissait à démontrer qu'il est possible de se croire normal en dehors et en contradiction totale avec le vampirisme interprétatif psychanalytique, et compte tenu de la soumission de l'analyste à sa propre méthode, et à ses propres croyances, ce serait pour l'analyste, un retour obligé sur lui-même insupportable : se rendre compte que toute sa vie d'analyste, toutes ses croyances, tout son mode de vie au jour-le-jour, ne tient pas, n'est qu'une erreur, n'est qu'un vide.. L'analyste a donc peur. Il a peur que des sujets osent prétendre lui échapper, puisse le justifier par des arguments rationnels et valides, et contre cela il s'autorise sans arrêt le "droit" de contester la rationalité de tout argument qui menace la psychanalyse ou ses interprétations donc sa propre vie.
L'interprétation, c'est le cercle vicieux de la psychanalyse, dans lequel elle voudrait enfermer tout le monde. L’épistémologie, la critique épistémologique permet, normalement de briser ce cercle, mais…les psychanalystes peuvent toujours dire "mmh … mmh" (…) et prétendre que toute critique de la théorie n’est que la soi-disant "preuve" d’une "résistance inconsciente", donc d’un "problème" de santé mentale de celui qui critique!…

Le plus grave reste que pour les psychanalystes et autres psychothérapeutes de boulevard et "s’autorisant d’eux-mêmes", du vampirisme interprétatif au vampirisme thérapeutique, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, au mépris de tout code de déontologie médicale.

Même le plus égaré des analysants ne peut éviter d’avoir des trains de pensées qu’il ne peut maîtriser en totalité, et dont il ne peut connaître en totalité les déterminants.

Aucune psychologie, aucune psychanalyse, et même aucune science ne pourra jamais résoudre ce problème d’emblée insoluble : connaître l’origine exacte, parfaitement déterminée de toutes nos pensées. Pourquoi ?

Parce que si c’était le cas, l’on pourrait résoudre le problème, lui aussi insoluble de l’heuristique. C’est-à-dire celui de la découverte de solutions à tous les problèmes! On pourrait prédire avec exactitude ce qui est également d’emblée  impossible à prédire exactement : le progrès de la connaissance scientifique avec n’importe quelle précision, donc le cours futur de l’histoire!

… Et chacun pourrait devenir une sorte de Démon de Laplace.  Donc, rien n’interdirait à chacun de prédire la "fin du monde" avec toute l’exactitude qu’il le souhaite, donc de prédire aussi sa propre fin. Pourquoi donc cette fin-là, ne serait-elle entrevue par cet individu comme programmée dans la  seconde qui suit son projet ?! On le voit encore une fois : tout projet qui se  fonderait sur un déterminisme prima faciae et absolu, (comme dans le cas de la psychanalyse d’hier ou d’aujourd’hui) est, par définition, totalement absurde.


(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).





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