dimanche 24 juin 2018

Karl POPPER. L'unité de la méthode scientifique et les "sciences humaines".







(Ma contribution à Wikipedia.fr dans l’article « Karl Popper ») :


Le critère de démarcation de Popper pose problème dans les sciences humaines, non pas parce qu'il serait difficile ou impossible à appliquer, mais parce que l'objet même des sciences humaines ne se prête pas nécessairement à des investigations authentiquement scientifiques. (Il est illusoire de vouloir être scientifique, là où l'on ne peut l'être).
Sur la base d'arguments logiques, il soutient par ailleurs une « unité de la méthode scientifique »1, laquelle implique que la méthode scientifique serait fondamentalement identique quel que soit le projet dans lequel s'insèrent des objectifs de scientificité. En effet, Karl Popper « ne prétend pas qu'il n'y ait aucune différence d'aucune sorte entre les méthodes des sciences théoriques de la nature et celles de la société (...) mais que les méthodes dans les deux domaines sont fondamentalement les mêmes. »2.
Les arguments de Popper pour soutenir sa thèse épistémologique sont eux-mêmes dépendants de ses thèses en philosophie de la connaissance car il a toujours défendu l'idée que les problèmes relatifs à l'épistémologie et à la méthode scientifique n'en étaient que des « cas particuliers ».
En conséquence, cette « unité de la méthode scientifique » dont parle Karl Popper repose sur les arguments suivants :
·       Il ne peut absolument pas y avoir d'observation qui soit « pure des faits », (dans aucun domaine, qu'il soit scientifique ou non) ; c'est-à-dire où l'apriori de la théorie, du préjugé, ou de la conjecture ne guide toujours consciemment ou inconsciemment le chercheur ou l'individu dans ses observations sur le monde réel. Il s'oppose, (par ce principe du primat de la théorie sur l'observation), à la notion de "données de sens" ou de "sense data"3, chère aux philosophes positivistes du Cercle de Vienne. Dans son livre "La poursuite de la Vérité", le grand logicien Willard Van Orman Quine aborde le premier chapitre de son ouvrage en affirmant que : "partant des impacts sur nos surfaces sensorielles, nous avons fait jaillir par notre création collective et cumulative, au fil des générations, notre théorie systématique du monde extérieur"4 .

·    Cependant, Quine souligne page 35, que : "L'épistémologie traditionnelle cherchait dans l'expérience sensorielle un fondement capable d'impliquer nos théories sur le monde, ou au moins de les doter d'un surcroît de probabilité. Sir Karl Popper a longuement souligné, au contraire, que l'observation sert seulement à réfuter les théories et non à les étayer. Nous venons de voir schématiquement pourquoi il en va bien ainsi"5.

·    Ce sont donc toujours les théories qu'il faut pouvoir évaluer dès qu'elles prétendent décrire, expliquer, ou prédire des phénomènes ou des occurrences, et il faut que ces théories, ces préjugés, conjectures, etc. soient formulées pour se prêter à des évaluations scientifiques, lesquelles consistent toujours en des tests indépendants qui soient non seulement contrôlables mais aussi répétables de manière intersubjective, afin de garantir au mieux le côté non accidentel et impersonnel de la connaissance scientifique (parce que l'une des tâches du rationalisme critique appliqué à l'activité scientifique consiste justement à pouvoir sans cesse mettre en doute la valeur impersonnelle des procédures et des résultats qui prétendent être « scientifiques »). La logique de la découverte scientifique de Karl Popper tente donc d'éliminer au maximum le subjectivisme, le psychologisme, et par suite toute possibilité de « science privée », quoiqu'elle ne fut jamais défendue comme un ensemble de prescriptions, mais seulement des indications.

·    Toutes les théories générales (et en particulier celle dites « scientifiques ») ont nécessairement et quelle que soit la nature des ambitions ou des projets scientifiques qui y sont affiliés, la forme logique d'énoncés universels au sens strict, ou d'« énoncés à propos de tous » (tous les cas passés, présents, et futurs susceptibles d'entrer dans la base empirique de ces énoncés).

·    Ces énoncés ne peuvent donc être limités dans le temps, et ils sont par conséquent, tous, logiquement incertains et logiquement réfutables mais pas toujours empiriquement réfutables.

·    Par conséquent, tout objet d'observationtout objet d'étude, que ce soit dans un cadre non scientifique ou même dépendant d'une communauté de scientifiques, n'est identifiable et formulable que sur la base d'une théorie universelle, sachant que les noms communs qui sont même utilisés dans ces énoncés universels et parce qu'ils ne peuvent être « constitués » (ainsi que le démontre également Popper) dépendent eux aussi de théories universelles strictes. Les énoncés universels au sens numérique, parce qu'ils ne se réfèrent "qu'à une classe finie d'éléments spécifiques dans une région spatio-temporelle, individuelle (ou particulière) et limitée"6 ne peuvent exprimer que des tendances locales et non des lois universelles requises par l'objectivité et la nécessaire intemporalité des théories scientifiques.

·    Si ce sont donc bien les théories qu'il faut évaluer, alors, aucune théorie qui soit irréfutable (logiquement et/ou empiriquement) ne peut s'appliquer aux faits. Et cela quel que soit le contexte de recherche scientifique, c'est-à-dire, quel que soit l'objet de recherche qu'il appartienne ou non aux « sciences humaines ». En définitive, et si l'on admet le point de vue de Popper, l'argument du sociologue J.C. Passeron selon lequel la sociologie travaillerait à partir d'énoncés universels au sens numérique, plutôt qu'au sens strict, ne permet pas de justifier que la sociologie puisse accéder au statut de science7.

Voici comment Karl Popper formule l'impossibilité d'atteindre la scientificité dans certains contextes d'études : « Le concept d'unique s'oppose à celui de typique : le typique se laisse apercevoir dans l'homme individuel lorsqu'on le considère d'un point de vue général donné. C'est pourquoi tout changement de point de vue entraîne un changement dans l'aspect typique. Il semble dès lors impossible à une sociologie, une psychologie, quelles qu'elles soient, ou à toute autre espèce de science de venir à bout de l'individuel ; une science sans point de vue général est impossible ».8


Références bibliographiques : 

1. In : Karl Popper. « Misère de l’historicisme ». Edition Agora Presse Pocket, Paris, 1988, section 29 : « L’unité de la méthode », pages 164 – 165.

2. In : Karl Popper. « Misère de l'historicisme ». éditions Agora Presse Pocket, Paris, 1988, section 29 : « L'unité de la méthode », pages :164 - 165.

3. In. Karl Popper. "La connaissance objective". Editions Aubier, Paris, 1991, pages : 121-126 ; 141, 177, 232. (On trouve aussi des arguments dans "Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance" (éditions Hermann), du même auteur.

4. In. W.V. Quine. "La poursuite de la vérité". Editions du Seuil, Paris, janvier 1993. Chapitre 1 : "L'Apport empirique", page : 21.

5. In. W.V. Quine. "La poursuite de la vérité". Editions du Seuil, Paris, janvier 1993. Chapitre 1 : "L'Apport empirique", page : 35.

6. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Traduit de l'anglais par : Nicole Thyssen-Rutten et Philippe Devaux. Préface de Jacques Monod, Prix Nobel. Editions Payot, Paris,1973, chapitre 3 : Les théories. Section 13, pages : 60 - 61.


8. In : In : Arne Friemuth Petersen. Popper et la psychologie : les problèmes et la résolution des problèmes. Colloque de Cerisy, Karl Popper et la science d'aujourd'hui. Éditions Aubier, 1989, pages : 377 – 378.



(Patrice Van den Reysen).




*                      *





L'unité de la méthode scientifique contre la pluralité des méthodes.


Contre la pluralité de la méthode, Karl Popper soutient que toutes les sciences sont obligées, d’un point de vue logique, de progresser par « conjectures et réfutations », en soumettant sans cesse leurs meilleures théories corroborées à de nouveaux tests inédits, autrement dit à des « épreuves de vérité »
 
Mais soumettre une théorie à une épreuve de vérité de telle sorte que cette procédure puisse être aussi objective et impersonnelle que possible suppose une logique qui soit elle-même démontrée comme indiscutablement valide. Cette logique ne peut être que celle des tentatives de réfutations et jamais la recherche de confirmations immédiatement déductibles à partir de la base empirique de la théorie, ou encore une quelconque "collections de faits" dans le sens de la méthode inductive des positivistes. La seule méthode envisageable pour toutes les sciences  reste donc la méthode hypothético-déductive de contrôle.
 
Ainsi, fonder une procédure de réfutation sur la logique plutôt que sur tout autre procédé appartenant à la sphère de la psychologie, permet de garantir au mieux qu'une tentative de réfutation ne soit entachée de subjectivisme et par suite par le relativisme, lequel est jugé par Popper comme l'une des plus grandes menaces contre la recherche de la Vérité objective. 
 
En outre, ceci permet de défendre la thèse selon laquelle une "logique de la découverte scientifique" puisse être intemporelle et donc "a-historique", c'est-à-dire indépendante des vicissitudes de l'histoire des sciences, (où l'éventualité que ces êtres humains que sont les scientifiques à vouloir être "juges et partie" de leurs méthodes et des résultats de leurs travaux est toujours possible), afin de fonder une épistémologie offrant les mêmes caractères, lesquels sont indispensables pour son utilisation dans un statut d'arbitre impartial des méthodes et des résultats de toute science, quel que soit le lieu, les époques et les scientifiques...
 
Par conséquent, une épistémologie digne de ce nom et utilisable en tant qu'arbitre de la science ne devrait jamais être considérée comme "identique" à l'histoire des sciences, adaptée à chaque circonstance socio-historique où peuvent se développer les sciences, ou même conçue pour favoriser l'émergence puis le développement de n'importe quel projet de "faire science". 
 
En somme, aucune science ne peut jamais prétendre "s'autoriser d'elle-même", ni aucun scientifique, parce que la Vérité (objective) doit transcender toute autorité humaine (K. Popper) : le principe d'Archimède, la théorie de la relativité d'Einstein et toutes les autres théories scientifiques, sont valables pour tout le monde et partout, jusqu'à ce que leurs réfutations soient admises collégialement par une communauté de scientifiques lesquels usent d'une épistémologie pour juger de la validité de leurs travaux. 
 
Il en résulte qu'aucune épistémologie qui prétende être un arbitre de ce qui doit être universellement admis comme "vrai" ou  "faux", (corroboré ou réfuté), ne peut davantage être seulement affiliée aux besoins et autres difficultés méthodologiques spécifiques à une science par rapport à son objet de recherche, d'une part, et, d'autre part, ne peut également éviter de se fonder sur la logique puisque lorsque les lois de la logique sont valides elles s'appliquent partout et pour tout le monde, éternellement..
 
*

« Toutes les sciences théoriques ou généralisantes (…) font usage de la même méthode » [1].

Tous les organismes vivants, seraient, (« de l’amibe à Einstein », écrit-il dans « La Connaissance objective »), obligés de faire des essais de solution à leurs problèmes et de les soumettre à des tests plus ou moins complexes. De ce fait toute connaissance est le fruit de la même et unique méthode par « conjectures et réfutations », ou, plus simplement, par essai et correction progressive de l’erreur. Toutefois, reconnaît Popper, il y a une différence fondamentale entre l’amibe et Einstein, c’est que l’« amibe fuit devant la falsification (réfutation) : son attente constitue une partie d’elle-même » [2], elle court donc le risque d’être anéantie par la réfutation de l’hypothèse. Alors qu’Einstein, explique Popper, « objective son hypothèse. (…). Elle représente quelque chose d’extérieur à lui : le scientifique peut anéantir son hypothèse par sa critique sans disparaître avec elle » [3].

Karl Popper, qui considérait que l’étude de la méthode scientifique, n’était qu’un cas particulier de la philosophie de la connaissance, pensait donc que « toute vie est résolution de problème » [4], et que l’apprentissage, donc aussi l’acquisition de la connaissance objective, s’agissant de la formation de la Science, nécessitait la formulation d’hypothèses sur la solution des problèmes, hypothèses qui ne pouvaient éviter d’être soumises à des tests pour que nous en soyons renseignés sur leur valeur informative. Selon ce philosophe, qui croyait en l’intelligence animale compte tenu de l’observation des comportements de certaines espèces (comme l’enseignement-apprentissage de l’échouage volontaire chez les orques pour chasser le phoque, ou les techniques complexes de chasse du martin-pêcheur adaptées en fonction des difficultés), quiconque veut apprendre et établir une loi générale doit donc en passer par une mise à l’épreuve de ses « attentes théoriques » voire de certains préjugés (ce qui revient au même). 

Par conséquent, personne n'a jamais pu, ne peut, ni ne pourra jamais faire autre chose que de tenter de réfuter certaines attentes théoriques (ou préjugés) via des tests, si c'est d'apprentissage dont il s'agit pour s'adapter à un milieu, un environnement, une situation de problème(s) particulière, et s'il est donc aussi question de corroborer ou de réfuter n'importe quel type de connaissance dont on souhaite démontrer l'objectivité ou, en d'autres termes, le caractère universel, et cela bien sûr dans un sens scientifique.

Pour résumer, il n'existe qu'une seule logique propre à tout type d'apprentissage, c'est-à-dire de tout type de formation de connaissances de la nature, c'est la logique de la mise à l'épreuve d'hypothèses via des tentatives de réfutation de ces hypothèses.

Par ailleurs, dans son livre, « Conjectures et réfutations », Popper souligne que la science est aussi tradition en ce que les hommes ne peuvent véritablement s’engager sur la voie d’un véritable travail scientifique qu’en reprenant de manière critique et intersubjectivement contrôlée les tests de leurs prédécesseurs, en essayant d’imaginer sur cette base de savoir acquis de nouveaux tests, mais en expérimentant des d’éléments inédits. Seul le caractère inédit des conditions initiales des tests et des hypothèses peut garantir une réfutation ou une corroboration scientifique. Il est donc impensable que les scientifiques puissent travailler de façon totalement isolée et subjective, sans tenir compte de la tradition qui les précède, et ils doivent, selon Popper, dans tous les cas possibles, constamment soumettre les théories qui leur sont les plus chères au risque d’une falsification (ou réfutation) empirique réalisée par d’autres.

Par conséquent, le rationalisme critique est la cheville ouvrière de toutes les sciences et au-delà, de toute démarche d'apprentissage. Il s’actualise concrètement dans l’existence des laboratoires, des tests intersubjectifs qui y sont réalisés, dans la remise en question constante de ces tests grâce à la discussion critique entre les scientifiques (séminaires, conférences, publications, etc.), et par des institutions favorisées par les systèmes démocratiques lesquelles permettent leur échange et leur divulgation dans le monde créant ainsi ce que l’on nomme couramment la « communauté scientifique ».

Karl Popper ne peut imaginer que les scientifiques puissent faire évoluer leurs théories sans avoir recours à des tests dont la qualité fondamentale est d’être reproductibles de manière intersubjective à condition bien sûr que cette intersubjectivité soit elle-même organisée et contrôlée par des institutions (la prétendue intersubjectivité dont nous parlent dernièrement des psychanalystes comme Roland Gori, et qui aurait lieu au cours de l’analyse, situation privilégiée de recherche scientifique, selon eux, en psychanalyse, comme le pense Daniel Widlöcher, n’est donc que fort éloignée, sinon diamétralement opposée avec la conception de l’intersubjectivité qu’a toujours défendue Karl Popper). 

Il ne peut y avoir dans l'intersubjectivité qui serait à l'oeuvre dans un cabinet de psychanalyse rien d'autre que l'intrusion constante de la subjectivité en ce qu'elle peut influer directement et de manière fallacieuse non seulement sur le choix des observations mais encore sur les interprétations de ce qui est observé. C'est-à-dire que "la situation du divan" en psychanalyse ne peut en rien garantir que l'analyste ou son patient n'aient pu être "juges et parties".

Dans le cas de la "situation du divan" il ne peut donc y avoir aucune distanciation entre le "chercheur" (...) et le "porteur" de l'objet de recherche qu'est le patient, (sachant que l'objet de recherche est l'inconscient du patient), parce que la relation entre le "chercheur" et le patient ne peut être distanciée par aucune méthode expérimentale qui pourrait garantir que le "chercheur" ne puisse influencer par des suggestions ou d'autres manipulations mentales ce que peut ou "doit" être "l'inconscient" par rapport aux conceptions personnelles du "chercheur" au sujet de l'inconscient, ses autres préjugés, ou même de ce qui est admis par les psychanalystes comme relevant d'une conception objective et reconnue de l'inconscient, quoique cette reconnaissance ne soit qu'arbitraire et non démontrable.

Pour l'élaboration de n'importe quel type de connaissance, (que ce soit dans un cadre scientifique ou non), il n'est jamais valide d'être juge et partie. Et contre ce qu'indique clairement S. Freud dès son "Introduction à la psychanalyse", il n'est pas même valide d'être juge à soi-même avec le secours de "l'auto-observation", (ou ce qui s'y apparenterait plus ou moins..), dans le but de soi-disant découvrir le bien fondé de la psychanalyse. Mais citons précisément Freud dans l'ouvrage précité (S. Freud. "Introduction à la psychanalyse". Editions Petite Bibliothèque Payot. Paris, 1981, page : 9) :

"Et maintenant, vous êtes en droit de me demander : puisqu'il n'existe pas de critère  objectif pour juger de la véridicité de la psychanalyse et que nous n'avons aucune possibilité de faire de celle-ci un objet de démonstration, comment peut-on apprendre la psychanalyse et s'assurer de la vérité de ses affirmations ? Cet apprentissage n'est en effet pas facile, et peu nombreux sont ceux qui ont appris la psychanalyse d'une façon systématique, mais il n'en existe pas moins des voies d'accès vers cet apprentissage. On apprend d'abord la psychanalyse sur son propre corps, par l'étude de sa propre personnalité. Ce n'est pas tout à fait ce qu'on appelle auto-observation, mais à la rigueur l'étude dont nous parlons peut y être ramenée."

Dans le cadre d'un contrôle intersubjectif authentiquement scientifique et médié par la méthode expérimentale il existe des conditions initiales reproductibles et des moyens techniques pour les reproduire "à distance de l'objet de recherche" sans que l'on puisse, en principe, manipuler l'objet de recherche, ou bien que toute tentative de manipulation n'échappe qu'avec difficulté à un contrôle. Mais il va sans dire que le contrôle intersubjectif tel qu'envisagé dans un cadre scientifique, ne peut garantir totalement contre l'intrusion de la subjectivité si par exemple un scientifique décide d'être de mauvaise foi pour dénigrer les résultats de travaux dont il participe au contrôle, ou s'il décide de tricher.

Ce n'est pas parce que chaque analyste peut avoir un cabinet dont les caractéristiques peuvent être assez proches de celle d'un collègue, qu'il pourra reproduire avec fidélité des conditions initiales d'expérimentation avec un patient qui serait passé du cabinet d'un collègue au sien pour tenter de traiter les mêmes symptômes. Toute la cure analytique reposant sur la parole, chaque analyste a sa propre présence par rapport à un même patient, et ce même patient peut fort bien réagir de manière différente d'un analyste à l'autre par rapport à des facteurs qui ne sont contrôlables ni par le patient ni par le "chercheur". Par exemple, il est évident qu'un même patient réagirait de manière différente si après avoir eu un homme comme analyste, il avait à faire à une femme, etc. 
 
Les théories de la science, si elles sont générales donc objectives, ne peuvent jamais être autre chose que des énoncés universels stricts, lesquels sont tous logiquement réfutables et invérifiables donc incertains [5]. C’est-à-dire des énoncés dont il est nécessaire d’en réévaluer intersubjectivement sans cesse le contenu par des tests, suite aux problèmes nouveaux qui surgissent inévitablement des plus récentes réfutations, et aussi des nouvelles corroborations, qui, elles mêmes, concourent directement à l’accumulation du savoir scientifique, laquelle est, pour Popper, le résultat, et non la méthode de la science.


Références bibliographiques : 


[1] Karl Popper. « Misère de l’historicisme ». Edition Agora Presse Pocket, Paris, 1988, section 29 : « L’unité de la méthode », pages 164 (et suivantes).
[2] Karl Popper. « Toute vie est résolution de problèmes. Questions autour de la connaissance de la nature ». Edition Actes Sud. Paris 1997. Tome 1. Page 25.
[3] Karl Popper. « Toute vie est résolution de problèmes. Questions autour de la connaissance de la nature ». Edition Actes Sud. Paris 1997. Tome 1. Page 25.
[4] Karl Popper. « Toute vie est résolution de problèmes. Questions autour de la connaissance de la nature ». Edition Actes Sud. Paris 1997. Tome 1.
[5] Karl Popper. « La logique de la découverte scientifique. Edition Payot, 1979. Chapitre 3 : les théories ». Pages 57 à 74.



(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).

*


Mon roman, "HOAG, un témoignage du futur":













 
 


 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Psychanalystes, dehors !

Archives du blog