vendredi 28 septembre 2018

"La réfutabilité". (Notre contribution à Wikipédia.fr sous "Freescoorer").


Cher(e)s récalcitrant(e)s éclairé(e)s,

C'est en contournant un blocage sur Wikipédia.fr (par l'utilisation d'un autre pseudo), que nous avons pu, pendant un moment, largement contribuer à la rédaction de l'article, "Réfutabilité". 

Pendant un moment seulement, parce que suite à une discussion "musclée" avec un autre contributeur, (Dominique Mayers), lequel avait soutenu avec beaucoup d'insistance et de la façon la plus catégorique que dans la pensée de Karl Popper, il n'y avait jamais, absolument jamais, de présentation chronologique de différentes étapes de la réfutabilité, (entre autres choses fausses et absurdes ainsi que vous pourrez le constater plus bas...), nous avons fini par perdre patience et lui mettre "les points sur les i", avec des propos, disons, sans aucune équivoque quant au jugement à porter sur ses façons de faire.

Donc, voici le contenu exact de notre contribution sur cet article "Réfutabilité", (par le passé nous avions créé entièrement "Corroboration", également en contournant un blocage et en utilisant plusieurs pseudos), mais, et nous nous en excusons, sans les références bibliographiques nombreuses que nous y avons ajoutées (beaucoup d'entre elles sont assorties de citations parfois assez longues). Si vous souhaitez les connaître, il vous faudra donc, pour le moment, vous rendre sur Wikipedia.fr.

Comme vous le constaterez aussi, nous avons changé quelque peu certains titres de section, par rapport à l'article de Wikipedia.fr.

A présent, nous sommes, une nouvelle fois (...), "bloqué indéfiniment". Enfin, jusqu'à la prochaine. C'est la conchita wikipédienne du nom de "Hégésippe" (mais bon sang, qu'est-ce que ce mot veut dire ?...), qui nous a une nouvelle fois rejeté au goulag des "persona non grata". (Puisque nous en parlons, nous avions créé, à l'époque où nous étions en train de contribuer à l'article "Critique de la psychanalyse", un article intitulé, "Les Conchitas wikipédiennes", lequel avait pour but de dénoncer les prises de positions plus que partiales et malhonnêtes de certains "administrateurs" de cette encyclopédie. Comme vous vous en doutez, l'article n'a pu faire long feu, mais quand même, il a eu le temps d'exciter les zygomatiques des wikipédiens éclairés).

(Bien entendu, le contenu de l'article risque d'évoluer, et même d'être fortement élagué, étant donné qu'il est insupportable pour Wikipédia.fr qu'un contributeur qui a été banni définitivement pour comportement indésirable et "accablant" envers d'autres "wikipédiens", puisse publier quoique ce soit, dans l'encyclopédie, et particulièrement si ce n'est pas du vandalisme, (entendu qu'un contributeur bloqué et qui contourne son blocage, ne peut être motivé qu'à vandaliser l'encyclopédie, selon eux, (sinon pourquoi cette idée grotesque de "condamner les gens à perpétuité"..?), et non à être réellement et positivement productif). En tout cas, depuis mon "départ", les choses semblent au point mort dans cet article, du moins, pour l'instant).


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La réfutabilité d’un point de vue général.
D'un point de vue général, réfuter (contredire, ou démentir...) une thèse, une opinion, un préjugé, une théorie, , etc., consiste à démontrer qu'elle est fausse, parce qu'elle contient des erreurs, (par exemple, certaines de ses affirmations ne correspondent pas aux faits), ou parce qu'elle est moins apte qu'une autre théorie concurrente à décrire certains faits (incomplétude) : une théorie peut dire plus de choses sur les faits qu'une théorie concurrente sur un objet de recherche commun par l'intermédiaire de mises à l'épreuve plus sévères qu'elle aura subies avec succès.

La réfutabilité d’un point de vue juridique.
"En matière juridique, la question de la réfutabilité se pose en particulier au regard de l'application du droit, de sa mise en oeuvre." 

La réfutabilité dans le domaine scientifique, (la mise à l'épreuve des théories scientifiques).
Dans les sciences empiriques, réfuter une théorie a pour but de mettre en évidence ses limites par rapport à une autre sur sa capacité à correspondre aux faits : il n'est possible d'identifier les limites du contenu empirique d'une théorie, c'est-à-dire, tout son contenu descriptif sur des faits, que sur sa possibilité à être réfutée par des tests.
Cependant, et s'agissant d'une quelconque procédure de mise à l'épreuve, ou de mise en doute d'une opinion, thèse, hypothèse, théorie, préjugé, etc., il existe des distinctions notables, entre, d'une part, la portée d'une mise à l'épreuve dans un cadre scientifique, et, d'autre part, celles utilisables dans tout autre cadre. Avec l'appui de la philosophie des sciences, de la connaissance, et de la logique, (mais aussi avec des exemples pris dans l'histoire des sciences), Karl Popper est l'un de ceux qui aura tenté de clarifier tout ce qui peut caractériser une mise à l'épreuve scientifique, via la notion de réfutabilité.
La notion de réfutabilité ne s'applique donc qu'à ce qui relève de la sphère cognitive. Autrement dit, qu'à ce qui concerne toutes tentatives de projets de description formulés par un individu dans le cadre d'une communication à un autre ou à un groupe, parce que, par exemple, aucune science ne peut demeurer muette : "Une connaissance scientifique doit pouvoir être exactement et intégralement transmissible par un discours".
Mais la réfutabilité n'a de sens que par rapport à la recherche de la vérité (absolue), laquelle n'est approchable que par un niveau de vérité relatif : la corroboration ou la réfutation. En effet, s'il est "vrai" qu'une théorie est fausse à l'issue de tests, cette "vérité" ne peut être certaine ; et s'il est "vrai" qu'une théorie correspond à certains faits, ce ne peut être qu'une approximation plus ou moins précise de la vérité, (précision toujours relative aux tests), la certitude demeurant toujours logiquement hors d'atteinte dans les sciences de la Nature.
En somme, la méthode, (hypothético-déductive de contrôle, selon Popper, puisqu'il invalide la méthode inductive), qui peut être inférée de la réfutabilité a pour objectif d'étudier le degré de correspondance avec les faits de certaines théories : dans un domaine authentiquement scientifique, aucune théorie universelle ne devrait, en principe, pouvoir échapper à ce type d'étude, bien qu'aucune théorie de ce genre ne puisse jamais parfaitement correspondre aux faits.
La réfutation représente une solution à la fois du problème de la démarcation et de celui de l'évaluation de la correspondance avec les faits de certaines théories.

La réfutabilité (scientifique) selon Karl Popper.
Karl Popper nous invite à distinguer une réfutabilité au sens scientifique d'une réfutabilité plus commune utilisée dans la vie courante en dehors de tout cadre scientifique ou pseudo-scientifique. 
C'est en comparant l'attitude épistémologique et sociale de certains grands personnages, tels qu'Albert Einstein, Sigmund Freud, Alfred Adler, et Karl Marx, que Karl Popper constata que seul Einstein souhaitait placer les théories qui lui étaient les plus chères au feu du "rationalisme critique", c'est-à-dire à des mises à l'épreuve les plus sévères possibles, via des tests dont la logique, selon Popper, consistait en des tentatives de réfutation. Selon lui, Einstein a soumis volontairement ses théories au risque de la réfutation grâce à des procédures indépendantes et intersubjectives de contrôle, alors que Marx et Freud mirent en oeuvre des procédés rhétoriques, méthodologiques et sociaux pour, soit nier les réfutations, soit les présenter comme des "vérifications", soit encore pour immuniser leurs théories contre toute possibilité d'être mises en échec.
C'est pourquoi, l'objectif général de son oeuvre maîtresse, "La logique de la découverte scientifique" est de démarquer aussi rigoureusement et objectivement que possible, (par l'utilisation d'arguments logiques qu'il considère comme valides par rapport, notamment, à ceux du Cercle de Vienne où il fut admis comme "l'opposition officielle"), ce qui relève de la science par rapport à la pseudo-science, à partir du projet du Cercle de Vienne, lequel consistait surtout, d'après Popper, à non seulement démarquer la science de la métaphysique, mais aussi, et contrairement à Popper à extirper, sinon même à éliminer toute influence des énoncés métaphysiques dans le travail scientifique. En effet, Karl Popper considérait que beaucoup de sciences ont débuté à partir de "conjectures hardies", métaphysiques, mais que le travail scientifique consiste à les transformer progressivement en énoncés réfutables par l'expérience des faits.
En conséquence, il s'agit pour Karl Popper, via son critère de démarcation, de démontrer en quoi le processus de réfutabilité qu'il démontre et propose, relève d'une réfutabilité "scientifique", laquelle s'oppose donc une réfutabilité pseudo-scientifique.
Karl Popper justifie toute la logique de la découverte scientifique, et par conséquent le caractère éminemment objectif, intemporel et même anhistorique de l'épistémologie qu'il propose. La démonstration logique de la réfutabilité, (ce que l'on peut dénommer ici, la "réfutabilité logique"), est la première condition sine qua non, sans laquelle ni le niveau empirique de la réfutabilité (le fait que des tests empiriques soit effectivement réalisables), ni même méthodologique n'auraient de raison d'être, ou de sens dans le travail réel des scientifiques. À ce propos, Renée Bouveresse écrit par exemple : "Le schéma poppérien de l'explication ne sert pas seulement à rendre compte de la science théorique. Il sert aussi à rendre compte des dimensions pratiques de la science, car Popper ne nie pas que la science ait sur le plan pratique la tâche de fournir des prédictions fiables pour guider notre action".
L'épistémologie de Karl Popper propose des étapes ou des conditions, justifiées en logique, comme toutes chronologiquement nécessaires mais non suffisantes. 

Les étapes ou conditions de la réfutabilité (scientifique), d'après Karl Popper.
En réalité, il est important de préciser que Karl Popper intitule la section 3 de son oeuvre maîtresse, "La logique de la découverte scientifique" par : "Procédé déductif de mise à l'épreuve (testing) des théories". 
Mais sur ce qu'il propose se situant en début de l'ouvrage, il n'en présente que les aspects généraux non détaillés, lesquels permettent, toutefois, d'avoir un aperçu relativement précis et résumé du thème central de son oeuvre et qui constitue l'un des principaux objectifs épistémologiques de ce livre majeur. Par contre, il annonce qu'il fournit toutes les autres précisions nécessaires, ultérieurement, dans la suite du livre, comme du reste pour les autres thèmes abordés, tels que le problème de la base empirique.
Il reste que ce "procédé déductif de mise à l'épreuve des théories", n'est, ni plus ni moins que sa justification et démonstration de ce que l'on peut dénommer ici comme, "la réfutabilité scientifique", (en effet, l'ouvrage ne s'intéresse pas spécifiquement aux problèmes relatifs à la réfutabilité en dehors du cadre des sciences empiriques). Cette expression et l'objectif qu'elle suggère étant eux-mêmes conformes, finalement, à celui de l'ouvrage : mettre en lumière les caractéristiques spécifiques d'une "Logique de la découverte scientifique".
Malgré sa longueur et sa complexité pour le lecteur non initié, il est particulièrement opportun de citer in extenso Karl Popper dans un passage de cette section, où apparait nettement sa préoccupation de définir des étapes chronologiques, nécessaires mais non suffisantes, donc, de la "réfutabilité scientifique" ; ou, comme il l'écrit plutôt, du "procédé déductif de mise à l'épreuve des théories" (page 29, dans la dite section) :
"Nous pouvons, si nous le voulons, distinguer quatre étapes différentes au cours desquelles pourraient être réalisée la mise à l'épreuve d'une théorie. Il y a, tout d'abord, la comparaison logique des conclusions entre elles par laquelle on éprouve la cohérence interne du système. En deuxième lieu s'effectue la recherche de la forme logique de la théorie, qui a pour but de déterminer si celle-ci a les caractéristiques d'une théorie empirique ou scientifique ou si elle est, par exemple tautologique. Il y a, en troisième lieu, la comparaison de la théorie à d'autres théories, dans le but principal de déterminer si elle constituerait un progrès scientifique au cas où elle survivrait à nos divers tests. Enfin, la théorie est mise à l'épreuve en procédant à des applications empiriques des conclusions qui peuvent en être tirées. Le but de cette dernière espèce de test est de découvrir jusqu'à quel point les conséquences nouvelles de la théorie - quelle que puisse être la nouveauté des assertions - font face aux exigences de la pratique, surgies d'expérimentations purement scientifiques ou d'applications techniques concrètes. Ici encore, la procédure consistant à mettre à l'épreuve est déductive. A l'aide d'autres énoncés préalablement acceptés, l'on déduit de la théorie certains énoncés singuliers que nous pouvons appeler "prédictions" et en particulier que nous pouvons facilement contrôler ou réaliser. Parmi ces énoncés, l'on choisi ceux qui ne sont pas déductibles de la théorie en cours et plus spécialement ceux qui sont en contradiction avec elle. Nous essayons ensuite de prendre une décision en faveur (ou à l'encontre) de ces énoncés déduits en les comparant aux résultats des applications pratiques et des expérimentations. Si cette décision est positive, c'est-à-dire si les conclusions singulières se révèlent acceptables, ou vérifiées, la théorie a provisoirement réussi son test : nous n'avons pas trouvé des raisons de l'écarter. Mais si la décision est négative ou, en d'autres termes, si les conclusions ont été falsifiées, cette falsification falsifie également la théorie dont elle avait été logiquement déduite. Il faudrait noter ici qu'une décision positive ne peut soutenir la théorie que pour un temps car des décisions négatives peuvent toujours l'éliminer ultérieurement. Tant qu'une théorie résiste à des tests systématiques et rigoureux et qu'une autre ne la remplace pas avantageusement dans le cours de la progression scientifique, nous pouvons dire que cette théorie a "fait ses preuves" ou qu'elle est "corroborée".

Précisions connexes sur la réfutabilité (scientifique) ou "procédé déductif de mise à l'épreuve" (Karl Popper).
La mise à l'épreuve scientifique d'une théorie, ne peut, selon Karl Popper, jamais garantir qu'une corroboration ou une réfutation qui y aboutit puisse être concluante, c'est-à-dire définitive. Elle ne peut donc jamais être absolue, (ou certaine), mais toujours relative à des tests, lesquels sont eux-mêmes relatifs, (et non absolus), à cause de l'insoluble problème concernant l'accès à une définition parfaitement précise de toute mesure empirique, ainsi que de l'inévitable mise en jeu de la subjectivité dans tout travail de recherche, fut-il scientifique. Sur ce dernier point, Karl Popper affirme en effet que : "La science est faillible, parce qu'elle est humaine".
La première condition de la découverte et de la corroboration des lois scientifiques, telle que l'envisage Karl Popper, est donc logique :
Il faut qu'une théorie soit logiquement réfutable, c'est-à-dire qu'elle possède une classe non vide de "falsificateurs virtuels". Autrement dit qu'il soit possible de déterminer à partir du langage dans lequel elle est formulée un ou plusieurs énoncés particuliers (énoncés de base) qui puissent éventuellement la contredire, ou en montrer la fausseté, (totale, ou partielle), ou l'incomplétude de ses pouvoirs de description, mais de façon inédite.
Karl Popper écrit, dans "La logique de la découverte scientifique", qu'une théorie est "empirique", (ce qui veut dire pour lui, "potentiellement empirique", par opposition aux tautologies qui ne peuvent avoir ce potentiel à être réfutée, que si l'on peut déduire une sous-classe de falsificateurs virtuels de la théorie. "Virtuels" n'implique pas, évidemment, (puisqu'ils sont décrits comme "virtuels"), qu'ils soient d'emblée reconnus comme "réels", donc "empiriques", ce qui justifie le caractère, de prime abord logique, de la réfutabilité.
Ensuite, il qualifie une théorie de falsifiable "dans le seul cas où nous avons accepté des énoncés de base qui sont en contradiction avec elle. Cette condition est nécessaire mais non suffisante". Cette première étape, logique, n'est donc pas suffisante pour remplir la condition de réfutabilité scientifique, et Popper exige ensuite, non seulement la possibilité, réelle, de faire des tests, mais surtout, un effet reproductible. Il s'agit de l'étape méthodologique de la réfutabilité. 
Il faut qu'un énoncé de base soit "dans les faits", (empiriquement), possible, (il s'agit de la condition empirique de la réfutabilité scientifique) :
Tout d'abord, il est évident, d'un point de vue logique, que l'on ne peut soumettre un énoncé de base à aucun test empirique si ce dernier ne peut même pas être logiquement inféré d'une théorie universelle, laquelle ne possèderait pas de falsificateurs virtuels, c'est-à-dire, de sous-classe d'énoncés singuliers potentiellement contradictoires avec la théorie : il faut à la théorie des falsificateurs potentiels, ne serait-ce que "virtuels", c'est-à-dire qui ne sont pas, avant tout test réalisable, reconnaissables comme "réels", ou "empiriques".
Un test doit donc être faisable, techniquement : l'on doit pouvoir recourir à l'observation de certains faits, par l'intermédiaire d'instruments d'observation, de mesure, de quantification, etc. Mais comme pour Karl Popper, toute observation, (y compris hors cadre scientifique), est guidée par la théorie il demeure évident que si aucune déduction logique d'aucun énoncé singulier d'observation n'a été possible à partir d'elle, ne serait-ce que d'un point logique, alors, toute observation est empiriquement impossible. Karl Popper précise, dans "La logique de la découverte scientifique", qu'il "ne suit rien d'observable d'un énoncé universel sans conditions initiales". Ce qui veut dire que l'on peut toujours inférer logiquement une sous-classes de falsificateurs virtuels, mais ils ne resteront jamais qu'à l'état de "virtuels", s'il n'est pas possible de définir et d'expérimenter des conditions initiales pour les observer réellement.
En somme, pour qu'une théorie puisse subir des tests empiriques, elle ne peut absolument pas éviter de remplir, en premier lieu, la première condition. Par exemple, de l'énoncé : "tout est de l'eau ou n'est pas de l'eau", il est logiquement impossible de construire une mise à l'épreuve empirique, (via un essai de réfutation), puisqu'aucun énoncé singulier qui soit contradictoire ne peut en être déduit.
La procédure de réfutation empirique implique, en pratique, que l'on doit pouvoir créer des conditions initiales de testabilité pour contrôler la confirmation ou l'infirmation empirique de l'énoncé de base testé. En cas d'infirmation, la théorie est corroborée, (la mise à l'épreuve à échoué à réfuter la théorie), et en cas de confirmation, elle est réfutée. Puisque toute mise à l'épreuve scientifique implique des conditions initiales de testabilité inédites, une réfutation ou une corroboration à l'issue d'une série de tests aboutit toujours à un accroissement des connaissances, lequel ouvre sur de nouveaux problèmes (K. Popper). En effet, selon Popper, la science débute dans des problèmes et se termine dans d'autres problèmes.
Il faut enfin que le test soit reproductible par d'autres chercheurs, afin de démontrer l'aspect non accidentel et aussi détaché que possible de toute subjectivité liée aux expérimentateurs, comme certaines erreurs dans la manipulation des conditions initiales, ou même des tricheries. Cette étape est méthodologique de la réfutabilité :
Karl Popper soutient que sa démarche doit respecter des conventions méthodologiques. Cependant, puisqu'il est rigoureusement impossible de définir a priori ou a posteriori par rapport à un test, des conditions initiales avec n'importe quel degré de précision souhaité, il reste qu'aucun test scientifique ne peut jamais être suffisant pour décider avec certitude qu'une réfutation ou une corroboration soit concluante dans le sens où elle apporterait une vérité absolue et définitive, (l'accès à la définition de toute mesure empirique qui serait parfaitement précise étant, à jamais, totalement impossible). Il ne peut donc jamais y avoir de prétendu accès à la certitude dans aucun résultat véritablement scientifique, ni plus généralement dans aucune connaissance relative à la Nature, nature humaine comprise.

Imprécision relative aux tests et aux résultats scientifiques consécutifs, et heuristique.
L'inévitable imprécision des résultats des tests, donc leur corrélative faillibilité alliée au fait qu'il est tout aussi impossible d'éviter complètement l'introduction d'éléments de subjectivité, rend le travail scientifique, (et les résultats qu'il produit), toujours critiquable, donc toujours potentiellement renouvelable ou heuristique : puisque tout test scientifique est imparfait ou "imprécis", il est toujours envisageable de supposer l'existence d'erreurs dont la résolution serait source de découverte d'un accroissement des connaissances. En outre, cette imperfection inhérente à tout test scientifique peut constituer cette part de l'inconnu qui soit éventuellement connaissable par la mise à l'essai de nouvelles conditions initiales.
L'univers de la vraie science ne peut donc être un univers clos, mais "ouvert". Il ne peut reposer sur des bases solides, (ou "ultimes". Karl Popper), mais « sur des pilotis toujours mieux enfoncés dans la vase ». Et une science comprise au sens de Karl Popper ne peut jamais être "vraie" (au sens de la vérité certaine), mais toujours incomplète, imprécise, non suffisante, donc "fausse" par rapport à la vérité certaine, laquelle demeure pour Karl Popper une "idée directrice" et métaphysique mais également nécessaire pour les progrès de la recherche scientifique.
C'est la raison essentielle selon laquelle, le "jeu de la science" est logiquement sans fin.

Condition méthodologique de la réfutabilité scientifique selon Karl Popper et dimension sociale de la preuve.
S'ajoute à la condition méthodologique le fait qu'un test ne peut être reconnu comme "scientifique" « que s'il est déductible d'une tradition de recherche déjà reconnue comme scientifique par des institutions », (et encadrée par ces dernières), d'une part, et, d'autre part, que si les expérimentateurs ont eux-mêmes des compétences reconnues et contrôlées par de telles institutions.
Il reste enfin que quelle que soit la valeur d'une réfutation ou d'une corroboration, ce sont, in fine, toujours la communauté des chercheurs qui prend la "décision méthodologique" d'accepter ou de rejeter les résultats des tests, après discussion critique sur la validité des méthodes ainsi que leur usage qui ont mené aux résultats.
Une bonne démarche scientifique est en somme, selon Karl Popper, toujours le fruit d'un travail collégial et contrôlé, lequel ne devrait, en principe, jamais échapper à ce qu'il nomme, "le rationalisme critique". Il s'ensuit que la science ne procède donc jamais d'un travail isolé ou privé, voire d'un groupe d'individus qui ne pourrait justifier que leur démarche soit inscrite dans une tradition qui les précède, (y compris depuis les prémisses de leur activité, c'est-à-dire les premières conjectures métaphysiques constitutives des engagements ontologiques ayant permis de fonder leur projet "scientifique"), et en l'absence d'une divulgation de leurs méthodes.

Kuhn et Lakatos.
Le reproche essentiel fait par Kuhn à Popper est que les théories scientifiques ne peuvent être réfutées selon la méthode du rationalisme critique défendue par Popper, étant donné qu'elles seraient "incommensurables". Karl Popper a répondu à cette critique, notamment dans un article intitulé "Le mythe du cadre de référence". Il argumente sur le fait qu'il est toujours possible de comparer au moins logiquement deux systèmes théoriques par rapport à leurs conséquences logiques, d'une part, et, d'autre part, à leurs conséquences empiriques, et qu'ensuite la question est de savoir s'il est possible d'envisager des tests permettant de départager deux systèmes théoriques concurrents à l'aune de leurs conséquences testables, sachant que c'est le système qui comporterait le moins de conséquences inacceptables qui, par "décision méthodologique", serait préférable ou "accepté", après discussion, par une communauté de chercheurs.
Dans son livre "Histoire et méthodologie des sciences" (Editions PUF, Paris, 1994), Imre Lakatos prend la défense du programme de recherche de Karl Popper contre celui de Kuhn, en affirmant que ce dernier n'est pas recevable pour comprendre l'évolution du savoir scientifique dans la mesure où Kuhn défend l'idée d'un changement irrationnel des paradigmes scientifiques, du fait de leur incommensurabilité. En outre, l'une des principales critiques formulées par Lakatos à l'encontre de Popper est qu'il n'y aurait pas de "grandes expériences cruciales" de falsification (de réfutation) entre deux programmes de recherches concurrents, contrairement à ce qu'affirme Karl Popper, mais qu'un programme de recherche en supplanterait un autre par le fait que son heuristique positive supporterait mieux que l'autre le "modus tollens", (le choc des mises à l'épreuve expérimentale), par le biais de ses hypothèses auxiliaires. Ou, selon les termes de Lakatos, un programme de recherche scientifique finirait par être "réfuté", parce que son heuristique positive entrerait en "dégénérescence" : elle deviendrait progressivement incapable de produire des hypothèses inédites, riches en contenu, et qui soient susceptibles d'être testées et corroborées.
Au sujet des "expériences cruciales de falsification" dont l'existence est contestée par Imre Lakatos mais affirmée et exemplifié par Karl Popper, notamment dans son ouvrage "Le réalisme et la science" ; l'un de ses disciples, Carl Hempel, soutient, en argumentant à partir d'exemples tels que ceux de Foucault, Fresnel et Young, (sur la nature de la lumière) ; Einstein, Lenard, Maxwell et Hertz, (sur la théorie des quantas), et Galilée, que : "(...) deux hypothèses étant données, les tester de la façon la plus minutieuse et la plus étendue ne peut permettre de rejeter l'une et de prouver l'autre : ainsi, une expérience cruciale, stricto sensu, est impossible en science. Mais, en un sens large et pour la commodité, une expérience comme celle de Foucault ou celle de Lenard peut être dite cruciale : elle peut révéler que, de deux théories opposées, l'une est sérieusement inadéquate". Cependant, Karl Popper a toujours défendu la thèse selon laquelle aucune réfutation ni même aucune corroboration ne pouvait être parfaitement précise donc définitive ou absolue en science, ce qui revient à dire "cruciale", "stricto sensu". Il écrit, par exemple, dans "Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance" : "La série des tentatives de falsification d'une théorie est par principe illimitée. (Il n'y a pas de tentative de falsification qui se distinguerait en ceci qu'elle serait la dernière".
Popper soutient l'existence d'expériences cruciales dans l'histoire des sciences, parce que les scientifiques doivent prendre des "décisions méthodologiques" pour décider du caractère concluant, (mais relatif), d'une réfutation ou d'une corroboration, (et ainsi faire progresser le savoir scientifique), mais toujours en acceptant l'inévitable faillibilité de tout type de test scientifique : une théorie n'est "rejetée (réfutée) ou "prouvée" (corroborée) que sur la seule base toujours potentiellement discutable et relativement imprécise de tests dont les résultats sont finalement acceptés par une communauté de scientifiques. Il est impossible de définir aussi loin que l'on souhaite la minutie ou l'étendue d'un test, ou d'une série de tests, pour des raisons logiques démontrées par Popper. Pour Karl Popper cela signifie que jamais une théorie scientifique est réfutée ou corroborée "stricto sensu" ou de manière absolue, bien qu'il soit possible d'affirmer qu'une théorie en réfute une précédente grâce à des tests démontrant ses pouvoirs de description et d'explication plus riches en contenu comme ce fut le cas, par exemple, pour la théorie d'Albert Einstein par rapport à celle d'Isaac Newton. Enfin, et en réponse à une autre critique formulée par Thomas Kuhn, Karl Popper écrit que : "(...) En ce qui concerne aussi bien la falsifiabilité que l'impossibilité d'une preuve concluante de la falsification d'une hypothèse, ainsi que le rôle qu'ont joué les réfutations dans l'histoire des sciences et singulièrement celle des révolutions scientifiques, il ne m'apparaît pas qu'il existe, entre Kuhn et moi, la moindre différence significative".

(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).
 
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Mon roman, "HOAG, un témoignage du futur":















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