mercredi 19 juin 2024

Karl POPPER et la théorie du complot.




(Karl Popper)



Cher(e)s récalcitrant(e)s éclairé(es), nous citerons en premier lieu, Karl Popper, dans "La société ouverte et ses ennemis", tome 2, "Hegel et Marx", traduit de l'anglais par Jacqueline Bernard et Philippe Monod, éditions du Seuil, Paris, 1979, chapitre 14, "Autonomie de la sociologie", pages : 65 - 69. (C'est nous qui avons mis en caractères gras certains passages, et en bleu les passages concernant directement la question du complotisme) : 

      "L'antipsychologisme de Marx est résumé par sa formule célèbre, et à mon avis fort juste : "Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais leur existence sociale qui détermine leur conscience". Prenons, par exemple, le problème des prétendues lois de l'exogamie : comment se fait-il qu'il existe, dans les civilisations les plus diverses, des règles apparemment destinées à éviter les mariages consanguins ? Stuart Mill, les "psychologistes" de son école et, utlérieurement, nombre de psychanalystes tendraient à expliquer ces règles par la nature de l'homme, qui aurait une aversion instinctive pour l'inceste. Ce serait également l'explication populaire. Mais on est en droit de se demander si ce soi-disant instinct n'est pas un produit de l'éducation, l'effet, et non la cause, des lois en question. On est ramené de la sorte au vieux problème de savoir si les lois de la société sont naturelles ou conventionnelles, dont nous avons parlé au chapitre V. S'il est difficile de répondre avec certitude à la question choisie comme exemple, il n'en reste pas moins que le fait qu'un certain comportement soit général ne prouve pas de façon décisive qu'il soit instinctif ou enraciné dans la nature humaine.

      Mais revenons à l'idée maîtresse du psychologisme. Les défenseurs de la thèse adverse, celle de l'autonomie de la sociologie, font observer que nos actes ne peuvent s'expliquer uniquement par des "motifs". Ils dépendent aussi des conditions générales, et, en premier lieu, de l'environnement. Or, cet environnement est surtout social ; les institutions et leur fonctionnement en font partie. Toute analyse psychologique ou behavioriste de nos actes présuppose donc une étude sociologique.

      A cela, les tenants du psychologisme peuvent rétorquer que l'environnement social, dont ils reconnaissent l'importance, est créé par l'homme, et doit donc s'expliquer par la nature humaine. Par exemple, l'institution que les économistes nomment "marché" et qui est le sujet essentiel de leurs études doit être déterminée, en dernière analyse, par la psychologie de l'"homme économique", ou, selon l'expression de Stuart Mill, par le "phénomène de la poursuite de la richesse". La psychologie explique également, selon eux, l'importance du rôle des institutions dans notre société et le fait que ces institutions, une fois établies, tendent à devenir un élément traditionnel et relativement fixe de notre environnement. Enfin, et c'est là le point crucial, l'origine des coutumes et des institutions ainsi que leur évolution doivent s'expliquer de la même façon. Leur création a évidemment eu un motif psychologique, même si on a fini par l'oublier. Notre acceptation de règles dont la raison d'être est ainsi devenue obscure est aussi un trait de notre nature. Comme l'a dit Stuart Mill : "Tous les phénomènes de la société sont des phénomènes de la nature humaine (...) leurs lois ne sont et ne peuvent être que celles des actes et des passions des hommes. Les hommes, lorsqu'ils se rassemblent, ne se transforment pas en une autre espèce." Il y a là un des éléments les plus louables du psychologisme : son opposition au collectivisme et au holisme, son refus du romantisme d'un Rousseau ou d'un Hegel, de l'idée d'une Volonté générale ou d'un Esprit national. Si le psychologisme me paraît valable, c'est seulement dans la mesure où il affirme que le comportement et les actes d'une collectivité doivent se ramener à ceux des individus dont elle se compose.

      Son grand défaut est de conduire inévitablement, par les problèmes de l'origine et du développement, à l'emploi de méthodes historicistes, dont Stuart Mill semble d'ailleurs avoir confusément compris la pauvreté et la stérilité : "Alors qu'il est impératif, dit-il, de ne jamais introduire de généralisations dans les sciences sociales, avant de pouvoir leur trouver (empiriquement) des fondements suffisants dans la nature humaine, je pense que personne ne contestera qu'on aurait pu, en partant des lois de la nature humaine et des conditions générales de la situation de notre espèce, déterminer a priori le cours que doit suivre l'évolution humaine, et prédire par conséquent les faits généraux de l'histoire jusqu'à nos jours" ; cela, explique-t-il, parce que : "Après les premiers termes de la série, l'influence exercée sur chaque génération par les précédentes (...) dominera de plus en plus toutes les autres." Autrement dit, l'environnement social deviendra le facteur prépondérant. Et "une série aussi longue d'actions et de réactions dépasse les possibilités d'estimation du cerveau humain."

      Ces remarques font ressortir de façon frappante la faiblesse de la version psychologiste de l'historicisme. S'il faut en définitive expliquer toutes les règles et coutumes de la vie sociale, les lois et les institutions, par "les actes et les passions des hommes", il faut admettre l'idée d'une évolution causale de l'histoire et le fait que cette évolution aurait eu des premiers stades, un début. D'où la nécessité de considérer la psychologie de l'homme avant ce début. Mais l'idée d'une nature humaine présociale, version psychologiste du contrat social, est un mythe historique et même méthodologique ; d'autant qu'il y a de bonnes raisons de croire que les ancêtres de l'homme étaient déjà sociaux, le langage, par exemple, présupposait la société.

      Sans doute vaudrait-il mieux tenter d'expliquer la psychologie par la sociologie que l'inverse.

      Cela nous ramène à la formule de Marx citée au début de ce chapitre. Si la structure de notre environnement social est, en un certain sens, l'oeuvre de l'homme, puisqu'elle n'a été créée ni par Dieu ni par la nature, cela ne signifie pas que ses traditions et institutions aient toutes été consciemment établies et soient explicables. La plupart d'entre elles, même quand elles résultent d'actes intentionnels, sont généralement, comme on l'a vu au chapitre III, la conséquence indirecte et souvent involontaire de ceux-ci. Une université ou un syndicat ouvrier, par exemple, créés selon un plan bien déterminé, prennent le plus souvent un caractère tout différent de ce qui avait été prévu. C'est que leur création a des répercussions non seulement sur d'autres institutions, mais aussi sur le comportement des étudiants, des ouvriers et parfois d'autres personnes encore, autrement dit sur la "nature humaine". Même les valeurs morales d'une société sont étroitement liées à ses institutions et à ses coutumes, et ne peuvent se maintenir quand celles-ci sont détruites.

      Tout cela s'applique indiscutablement aux périodes reculées de l'évolution sociale, au temps de la société close, où les institutions ont rarement, sinon jamais, été établies selon un plan précis. Les choses commencent sans doute à changer grâce aux lents progrès que nous faisons dans la connaissance de la société. Un jour viendra peut-être où les hommes, créateurs conscients d'une société ouverte, décideront pour une large part de leur sort.

      Il reste, en tout cas, un reproche majeur à adresser au psychologisme : il méconnaît le fait que la tâche essentielle des sciences sociales est explicative. Elle ne consiste pas à prophétiser le cours de l'histoire, mais à découvrir et à expliquer les ressorts, plus ou moins cachés, de la société, à déterminer en quelque sorte la résistance, le poids ou la fragilité du tissu social.

      Il existe - et c'est éclairant - une thèse opposée, que j'appellerai la thèse du complot, selon laquelle il suffirait, pour expliquer un phénomène social, de découvrir ceux qui ont intérêt à ce qu'il se produise. Elle part de l'idée erronée que tout ce qui se passe dans une société, guerre, chômage, pénurie, pauvreté, etc. résulte directement des desseins d'individus ou de groupes puissants. Idée très répandue et fort ancienne, dont découle l'historicisme ; c'est, sous sa forme moderne, la sécularisation de superstitions religieuses. Les dieux d'Homère, dont les complots expliquent la guerre de Troie, y sont remplacés par les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes.

      Je ne nie évidemment pas l'existence de complots. Ceux-ci se multiplient même chaque fois que des gens croyant à leur efficacité accèdent au pouvoir. Cependant, il est rare que ces complots réussissent à atteindre le but recherché, car la vie sociale n'est pas une simple épreuve de force entre groupes opposés, mais une action qui se déroule dans le cadre plus ou moins rigide d'institutions et de coutumes, et qui produit maintes réactions inattendues. Le rôle principal des sciences sociales est, à mon avis, d'analyser ces réactions et de les prévoir dans toute la mesure du possible.

      Prenons un exemple simple de répercussions involontaires de nos actes : un homme qui veut acquérir une maison ne souhaite manifestement pas faire monter le prix des propriétés bâties ; pourtant, sa seule apparition sur le marché à titre d'acheteur agira en ce sens. En revanche, il est possible que, par un accroissement de leurs achats, les consommateurs contribuent à la baisse du prix de certains objets, en rendant plus profitable leur production en série. Or, selon la théorie de la conspiration, tout ce qui arrive a été voulu par ceux à qui cela profite. Opposés au psychologisme, ces exemples sont moins probants, car on peut y objecter que les répercussions constatées sont bien dues à des facteurs psychologiques : la connaissance par les vendeurs de l'intention des acheteurs et leur espoir d'en tirer des bénéfices. Reste que ce ne sont pas là des éléments fondamentaux de la nature humaine : ils dépendent de la situation de la société, et, plus précisément ici, de celle du marché.

      Certes encore, les facteurs psychologiques jouent un rôle ; mais souvent très secondaire par rapport à ce qu'on peut appeler la logique de la situation. De plus, il est impossible d'inclure tous les facteurs psychologiques qui y interviennent dans la description de cette situation. Logique situationnelle joue un rôle impotant dans les sciences sociales, comme dans la vie ; elle est le fondement de l'analyse économique. Son application ne repose pas sur la supposition qu'il est dans la nature humaine d'être raisonnable (ou de ne pas l'être) ; à l'inverse, une certaine façon d'agir est déclarée rationnelle ou irrationnelle selon qu'elle est ou non conforme à la logique de la situation, ce qui implique, comme l'a fait observer Max Weber, que nous avons préalablement défini ce qu'on peut considérer comme rationnel dans la situation en question.

      Loin de nier l'intérêt de la recherche psychologique, je me borne à penser qu'elle n'est pas le fondement de toute science sociale. L'importance, pour la science politique, de l'appetit du pouvoir et des phénomènes névrotiques qui s'y rattachent n'est pas contestable. Mais cet appétit du pouvoir a un caractère social aussi bien que psychologique. Quand on en étudie, par exemple, la première manifestation chez l'enfant, c'est dans le cadre d'une institution sociale déterminée : la famille actuelle. Dans un type de famille différent, on ne constaterait peut être pas les mêmes phénomènes. Un autre fait psychologique d'un intérêt capital pour la sociologie est le besoin de vivre en groupe. Ce besoin est particulièrement vif chez les jeunes, qui, peut-être en raison d'un parallélisme entre le développement ontogénique et phylogénique, semblent devoir passer par un stade tribal. J'ai évoqué au chapitre X le malaise de la civilisation, dû en partie à la non-satisfaction de ce besoin.

      En défendant le point de vue marxiste selon lequel les problèmes de la société ne peuvent être réduits à ceux de la nature humaine, je suis allé plus loin que Marx lui-même, qui n'a rien dit du psychologisme. Dans la formule citée au début de ce chapitre, c'est contre l'idéalisme sous sa forme hégélienne qu'il sélevait, et non contre Stuart Mill. Pourtant, la théorie de ce dernier rejoint la théorie idéaliste en ce qui concernen le caractère psychologique de la société. Chose curieuse, pour s'opposer à l'idéalisme hégélien, Marx s'est appuyé sur un élément de cet hégélianisme : son collectivisme plantonicien, qui attribue à l'Etat et à la nation une "réalité" plus grande qu'à l'individu. Mais comme je tiens Stuart Mill pour un adversaire plus respectable que Hegel, au lieu de me borner à faire l'historique des idées de Marx, j'ai préféré présenter celles-ci sous la forme d'une critique du psychologisme de Stuart Mill."


*         *


Commentaires : 

Comme l'on peut le constater, Karl Popper envisage une version que nous qualifierons "d'absolutiste" du complotisme, ou plutôt de "globaliste". Parce que, les complotistes auxquels s'en prend Popper pensent que, nous recitons : "tout ce qui se passe dans une société, guerre, chômage, pénurie, pauvreté, etc. résulte directement des desseins d'individus ou de groupes puissants". 

Popper écrit bien, reprenons-le encore une fois : "tout ce qui se passe dans une société (...)"

Evidemment, ces complotistes-là ne peuvent avoir raison, en aucun cas. Parce que si leur version du complotisme était réaliste, alors, elle supposerait qu'ils seraient en mesure de connaître a priori toutes les données de détails qui peuvent déterminer l'occurrence d'une guerre, du chômage, d'une pénurie, de la pauvreté, etc., etc. sans parler d'un degré de précision suffisant dans les conditions initiales de projets de prédictions de tels complots. Mais, justement, combien de conditions initiales leurs faudrait-il maîtriser ?! Et à quel degré de précision dans le calcul même de telles conditions, degré annoncé à l'avance, de telle sorte que cette annonce les prive du droit de plaider qu'en cas d'échec de leur projet de prédiction, c'était parce que les conditions initiales n'étaient pas "suffisamment précises"... ? Comme on le constate aisément : c'est impossible. 

Aucun défenseur de cette forme de complotisme ne pourrait jamais réussir un tel projet de prédiction : jamais il ne pourrait avoir la connaissance suffisante, non seulement de toutes les données de détail qui peuvent déterminer l'occurrence d'un complot, mais en outre, il ne pourrait pas non plus disposer d'une maîtrise suffisante de toutes le conditions initiales à contrôler. 

Par conséquent, ces complotistes en sont toujours réduits à deux choses : affirmer sans preuve l'existence de complots, donc verser dans ce que nous appelons le complotisme dogmatique voire farfelu, ou bien s'efforcer de toujours interpréter certains phénomènes comme les guerres, le chômage, une pénurie, etc., pour que cela vienne confirmer (...) un préjugé complotiste a priori. Bref, ils n'hésiteraient pas à "faire parler les faits" toujours dans le sens de leur préjugé complotiste a priori, préjugé qu'ils n'auraient de cesse d'immuniser contre toute tentative de réfutation.

Nous soutenons dans un autre article, qu'il peut exister une autre forme de complotisme, que nous avons appelée "complotisme éclairé", laquelle s'écarte clairement de tout complotisme dogmatique ou farfelu, se limite toujours à l'expression de doutes et d'interrogation, ne s'interdit jamais d'évaluer la valeur rationnelle de tels doutes, de les soumettre à la discussion critique, et, par dessous tout, n'affirme jamais rien sans preuves valides quant à l'existence de complots ou de conspirations. 

Un complotiste éclairé, n'affirme donc jamais l'existence d'un complot sans en avoir la preuve valide, mais s'autorise toujours, s'il le juge rationnel, et en tenant compte aussi des critiques des autres, d'émettre des doutes, des interrogations sur la probité morale du "Prince" et l'opportunité de ces actions, ainsi que des hypothèses, et seulement des hypothèses sur d'éventuels complots, ou conspirations, ou "coups fourrés d'Etat" (Gabriel Naudé).

Et puis, il y a cette autre affirmation de Karl Popper, et nous ne pouvons passer à côté, compte tenu de l'utilisation de la pensée de Popper que font récemment les adversaires du complotisme : "Je ne nie évidemment pas l'existence de complots. Ceux-ci se multiplient même chaque fois que des gens croyant à leur efficacité accèdent au pouvoir."

Donc, il est tout à fait clair que pour Popper des complots existent ou ont existé dans les faits, et pas seulement dans les fantasmes de complotistes farfelus ou dogmatiques qui auraient pu en envisager, sans preuve, l'existence "indubitable" ! 

Questions : 

Quelle aurait dû être la conduite des citoyens qui ont pu en suspecter l'existence, donc, avant que ces complots ou "coups fourrés d'Etat" (Gabriel Naudé) ne se produisent et ne produisent leurs effets ? 

Par exemple : quelle aurait dû être la conduite des citoyens iraniens qui, assez intelligents, informés, et perspicaces, suspectaient l'imminence d'un complot ourdi par la C.I.A. (lien). visant à renverser le Premier ministre iranien Mohamed  Mossadegh en 1953 ? Et, comment Rudy Reichstadt et les autres membres de "Conspiracy watch", (si cette organisation avait pu déjà exister à l'époque), auraient pu réagir face à tous ceux qui auraient tenté d'avertir la population que certains faits, certains signes, permettaient de créditer l'hypothèse de l'immence d'un complot en Iran fomenté par un pays étranger faisant oeuvre d'une inacceptable ingérence ? 

Autre exemple : est-ce que Rudy Reichstadt aurait pu exiger (et obtenu...) que le procureur Jim Garrison s'écrase et rentre dans le rang, en l'accusant d'être un "conspi", au lieu qu'il poursuive ses investigations "complotistes" visant à démontrer que l'assassinat du Président John Fitzgerald Kennedy était un "coup fourré d'Etat" ourdi par la C.I.A., notamment ?

Encore un exemple, s'il vous plaît : quelle aurait pu être la conduite et les interprétations de Rudy Reichstadt si on l'avait informé à temps, (comme nous en a informé, trop tard, la chaîne de télévision française LCI), que mr. Netanyahu avait été mis au courant par ses services de renseignements qu'une attaque terroriste était imminente sur le sol israëlien et qu'il n'a justement rien fait pour l'empêcher ?..

Et encore un exemple : que doit-on penser du fait que le New York Times nous ait informé du fait incontestable que la C.I.A. commençait à fricoter en Ukraine, dès 2016 ? (Voire, sans doute, bien avant) ? Il n'y avait donc strictement aucune possibilité de tentative de conspiration de la C.I.A. ? Vraiment aucune ?...

En somme, quelle est donc la conduite à tenir envers ceux qui émettent la possibilité de l'imminence d'une complot, d'une conspiration, d'un "coup fourré d'Etat", ou d'un "fait du Prince" avec une utilisation de la stratégie de l'abject (Gabriel Naudé) ? Faut-il les qualifier de "dingues" ? Faut-il faire usage contre eux d'un terrorisme intellectuel plus ou moins "mou" (...) et les traiter de "complotistes" ou de "conspis" ? Bref, faut-il tout faire pour les ridiculiser, les pathologiser, les diaboliser, les politiser, pour les réduire au silence ? 

Ou bien, faut-il les laisser parler, les respecter, et tenter de mettre à l'épreuve de manière indépendante leurs hypothèses de complot, ou, à partir d'elles, faire pression sur les gouvernants avant qu'il ne soit trop tard.... ?

Je gage que tous ces "anti conspis", tous ces petits flicaillons de la pensée qui pullulent de nos jours, travaillent et s'acharnent pour que toute forme de pensée et d'expression de nature conspirationniste se taise, soit étouffée dans l'oeuf, afin que le "Prince" ou d'autres qui tiennent en coulisse (...) les ficelles du pouvoir et de l'oppression puissent avoir les "mains libres", les "coudées franches", et ne soient jamais entravés par aucune suspicion quant à leur morale et leurs motivations réelles vis-à-vis du sort des gens ordinaires ou de la Vérité.

Nous constatons que dès que la menace qu'une interprétation "complotiste" de certains faits d'actualité est rationnellement envisageable, elle fait peur, elle est immédiatement vidée de sa portée, et aussitôt que possible, "refoulée" !... Elle ne peut être publiquement admise que dans le giron de l'irrationnalité, de la construction farfelue, de la fausseté, du mensonge, ou pire encore : de la conspiration anti-démocratique ! Pour une organisation comme "Conspiracy Watch" et quelques autres qui n'ont de cesse d'éructer  contre les hypothèses complotistes, le complotisme est une conspiration contre la démocratie (lien article) et la pérennité de la société, puiqu'il contribuerait à une "polarisation de la société".

Dans cet article : 

"en sapant les contre-pouvoirs que sont la presse et la justice (toutes deux fragilisées aujourd’hui par l’éclatement des médias et un manque de financement chronique), ils contribuent paradoxalement à rendre plus aisé le succès de véritables complots tout en pouvant servir de bouc émissaire commode pour le pouvoir exécutif toujours avide d’étendre son emprise. En effet, si l’expression « théorie du complot » peut être instrumentalisée pour discréditer des allégations légitimes[24], on peut imaginer également que le discours complotiste, par ses outrances et la faiblesse de ses argumentaires, facilite une telle instrumentalisation. En d’autres termes, l’équilibre des pouvoirs, fondement de la démocratie, est mis à mal par le complotisme."

Commentaires à ce qui précède : 

Mais si une certaine presse "mainstream", (puis l'institution judiciaire), ne fait plus son travail d'investigation et ne divulgue que des mensonges, des "fake news", ou une pensée unique qui ne sert que le pouvoir ou les élites, comme nous n'avons pas cessé de le consater lors de la crise du COVID ? Si c'est elle, justement, qui ne joue plus du tout son rôle de contre-pouvoir ? Le complotisme éclairé, celui qui se limite à l'expression de doutes, d'interrogations et d'hypothèses de complots, est alors le seul contre-pouvoir, une nécessité démocratique et un devoir citoyen.

Le complotisme farfelu ou dogmatique qui affirme sans preuve, et "construit" des complots là où ils n'existent pas, n'est pas un danger pour la démocratie, laquelle n'existe pas ou n'a plus aucun sens sans la responsabilité individuelle et les compétences rationnelles de chaque citoyen à être capables de trier le bon grain de l'ivraie dans les informations qu'ils reçoivent ! Les citoyens éclairés savent très bien déceler ces "outrances" du complotisme farfelu ou dogmatique, et, à ce sujet, n'ont besoin d'aucun paternalisme d'état pour les y aider ! 

Le complotisme éclairé, lui, ne s'exprime pas à tout crin contre toutes les allégations d'un gouvernement ! Cependant, par principe méthodologique, il ne donne jamais "carte blanche" à aucun type de gouvernement : il se réserve toujours la possibilité de mettre en doute la probité morale du "Prince" ainsi que l'opportunité de son action politique. L'une des pires menaces contre la démocratie est justement de tenter de museler le complotisme éclairé, et de n'accepter puis faire valoir qu'une seule conduite "citoyenne" : donner aveuglément "carte blanche" au "Prince" !

Les complotistes sont les nouveaux gêneurs qu'il faut faire taire à n'importe quel prix, semble-t-il, de nos jours. Qu'ils se taisent ! Ou qu'ils soient ridiculisés ! Et il y a autre chose de significatif aujourd'hui : c'est que lorsqu'il s'avère que ceux que l'on qualifiait de "complotistes" avaient raison, le "Prince" fait en sorte que l'on ne reconnaisse surtout pas qu'ils avaient bel et bien raison et qu'ils disaient la Vérité. Donc, a priori, tout complotiste doit être invisibilisé, censuré, réduit au silence, et a posteriori d'un complot effectif aussi !


(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).


Notre article sur le complotisme éclairé, expliqué comme une nécessité démocratique et même un devoir citoyen (lien).


*


Yves-Charles ZARKA. Gabriel Naudé, théoricien de l'abject et des coups fourrés d'Etat (lien).


*


Les théories du complot, encore et toujours montrées du doigt (certains aimeraient bien qu'elles se taisent, mais pourquoi, au juste ? Cela gêne qui, qu'elles continuent de parler ?...) : 




La Vérité ? : "la tragédie sans raison" nous dit Philippe Labrot, "concours de circonstances" ? C'est donc "sans raison" que JFK a été assassiné ? C'est "sans raison" que l'on peut assassiner un chef d'Etat ?

"Eteindre les théories du complot". Voilà la nouvelle obsession monomaniaque des huiles puantes du "Prince" : les journalistes mainstream de tout poil et des organisations comme "Conspiracy watch" véritables furoncles dans l'Etat de droit. 

Démocratie ? Ferme-là.




... peut-être vaut-il mieux que John Fitzgerald Kennedy réponde lui-même à titre posthume, à mr. Labrot : 










2 commentaires:

  1. René Pommier vient de nous quitter. Il était un grand pourfendeur de mythes, d'idéologies, d'impostures, en particulier la psychanalyse et la religion. Son tout dernier ouvrage "Bilan de la foi chrétienne", en quelque sorte son testament est etrêmeme,t bien documenté et écrit avec le style éblouissant que le caractérise.
    https://www.amazon.fr/Bilan-Foi-chr%C3%A9tienne-Ren%C3%A9-Pommier/dp/B0CZDM9YQK

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  2. Jacques Van Rillaer24 juin 2024 à 10:33

    René Pommier vient hélas de nous quitter. Grand pourfendeur d'impostures, de pseudo-sciences, de mythologies modernes, en particulier la psychanalyse et les religions. Son dernier ouvrage "Bilan de la foi chrétienne" est remarquablement documenté et écrit dans le merveilleux style qui le caractérise. Voir:
    https://www.amazon.fr/Bilan-Foi-chr%C3%A9tienne-Ren%C3%A9-Pommier/dp/B0CZDM9YQK

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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.

Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".

Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.

Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".

Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".

Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".

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