« Des horloges et des nuages ».
La climatologie (scientifique) est bien plus proche de l'univers des "nuages" que de celui des "horloges" par rapport à la biologie. Et la biologie est à son tour plus proche de l'univers des "nuages" que celui des "horloges" par rapport à l'informatique ou l'électronique.
Enfin, les horloges elles-mêmes sont plus éloignées de "l'univers des horloges" que la logique.
"L'univers des horloges" représente un monde déterministe, très proche, sinon identique au déterminisme strict. De l'idéologie déterministe peut être déduite l'idéologie historiciste (Karl Popper, in "Misère de l'historicisme"), et de là, le totalitarisme (Karl Popper, in "La société ouverte et ses ennemis").
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S'il demeure totalement impossible d'aller contre les lois de la logique, il demeure par contre possible d'envisager des changements dans le comportement des horloges, et plus encore en biologie, et bien plus en climatologie scientifique.
En dehors de la logique (et aussi des mathématiques), nous vivons plutôt dans un univers de propensions, tout en étant nous-mêmes des "univers de propensions". (Karl Popper).
L'être humain est un "univers de propensions".
Dans le monde de la Nature, il faut considérer avec Karl Popper, que le déterminisme est mort, tout comme le positivisme logique.
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(En bandeau, tout le monde aura reconnu le célèbre tableau de Gros représentant Napoléon à la bataille d’Eylau, laquelle se solda par une issue indécise autant qu’une boucherie, quoiqu’elle fut moins effroyable qu’à Wagram ou pire encore, à Liepzig. )
A chaque fois que les hommes ont considéré que d’autres hommes pouvaient réagir et obéir comme des horloges, l’humanité s’est approchée du désastre et de sa propre fin. Le “facteur humain” est rétif à toute forme de déterminisme strict, et même à un déterminisme relatif. Certes, l’être humain a autant besoin de la logique que de lois causales (déterministes) pour croire en l’amélioration de ses connaissances puis de ses pouvoirs sur son environnement ou sur lui-même, mais toute connaissance réduite à “l’unique explication” ou une relation univoque entre une cause et son effet ne peut être la plus réaliste. Or, passer outre le réalisme ne cesse de nous démontrer que cela consiste à éluder la complexité de tout ce qui nous entoure et de nous-mêmes.
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L’usage de la violence est motivé par le désir de transformer ou de soumettre l’être humain pour qu’il soit conforme à “l’univers des horloges” et que ses motivations puis ses comportements en deviennent tout autant prédictibles.
Ainsi, toute forme de violence est-elle guidée par une idéologie déterministe des plus strictes et notamment l’historicisme, que cette doctrine puisse être appliquée à une société toute entière ou à l’individu (comme en psychanalyse).
Mais tout projet consistant à éliminer la possibilité de l’indéterminisme est un projet qui ne peut qu’échouer avant même d’avoir pu commencer, ou alors qui contient déjà, dès son initiation, les éléments qui causeront son propre échec.
Parce que personne ne saura jamais comment il pourrait rendre compte de la réussite parfaitement exacte de l’une quelconque de ses prédictions de changement sur la base d'une foi dans le déterminisme strict qui ne peut être qu'irrationnelle. Parce que, personne n'aura accès à la définition d'une mesure parfaitement précise dans le monde empirique (comme par exemple en biologie), que cette mesure soit réalisée a priori (prima faciae) dans les conditions initiales, ou a posteriori (post faciae) de toute expérience empirique, de toute forme de test empirique.
Donc, personne ne pourra non plus tester ni savoir si deux individus sont totalement identiques au niveau de leurs motivations ou de leurs comportements et de ce qui peut en être la source.
La seule chose dont l'humanité peut et pourra être sûre et certaine pour toujours se résume dans un paradoxe : nous ne pouvons être sûrs et certains que de ceci : c'est que nous n'atteindrons jamais aucune certitude dans aucun type de connaissance de la Nature (nature humaine comprise) et même s'agissant du monde matériel. Ce rêve est, pour toujours, interdit par la logique. Il n'y aura aucun accès à l'absolu, à la perfection, à la vie éternelle, à une maîtrise du hasard ou du chaos.
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A cause de ce problème insoluble de l'imprécision des mesures et de la définition de conditions initiales de prédiction qui en résulte, (elles aussi parfaitement précises), personne ne parviendra à prédire exactement le cours des événements, (il ne peut y avoir de "lois historiques inéluctables" ou du "destin"), ou même le comportement des machines les plus sophistiquées, lesquelles ne pourraient éviter toute relation avec l'environnement, et qui plus est des relations que nous ne connaissons même pas encore. De ce fait : l'imprédictibilité même partielle du changement, il est donc impossible que l'histoire puisse se répéter exactement selon un même prototype du passé (Karl Popper), et le savoir demeura toujours hors de portée de la connaissance humaine.
Enfin, l'usage de tout moyen issu de l'informatique, s'il peut permettre de réaliser des rétrodictions d'une absolue précision ne permettra pas de réaliser des prédictions du même niveau. En particulier, parce qu'aucun programme informatique ne résoudra le problème de l'imagination et de la création de nouvelles hypothèses qui soient adaptables à la perfection pour n'importe quel type d'occurrences de faits dans le futur et de leurs propres changements.
Un programme informatique ne peut faire de prédictions que sur la base d'hypothèses donnant lieu à des algorithmes préprogrammés. Il ne pourra modifier de lui-même ses propres algorithmes afin qu'ils s'adaptent à n'importe quelle éventualité du futur. Par exemple, concernant la prédiction des rêves que peut faire un seul individu, si de récentes recherches plaident en faveur du fait qu'il serait possible de prédire les rêves d'un individu, il n'est pas logiquement possible que des algorithmes informatiques puissent prédire tous ses rêves avec une absolue précision, étant donné que les rêves sont aussi influencés par l'environnement dont il faudrait aussi être capable de prédire toutes les subtilités dans les changements, dans les nouveautés et leurs influences respectives sur les causes d'un seul rêve.
Un informaticien qui prétendrait à la réussite d'un tel projet de prédiction absolue sur les rêves d'un individu se rendrait donc responsable d'assumer ce que Karl Popper appelle le "principe de responsabilité renforcé" dans son livre "L'univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme"; c'est-à-dire qu'il devrait rendre compte par avance de n'importe quel degré de précision dans les mesures à partir desquelles doivent aussi se calculer le degré de précision des conditions initiales de sa prédiction. Ce qui implique qu'il devrait rendre compte toujours par avance également de toutes les autres conditions initiales possibles pouvant émerger de l'environnement, et avec n'importe quel degré de précision. Ensuite, si une erreur de prédiction se produisait, erreur aussi minime qu'elle puisse être identifiée, les prétentions premières (trop déterministes) de son projet le priveraient du droit de plaider que si son projet échouait, c'était parce que les conditions initiales n'étaient pas "suffisamment précises" (K. Popper).
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Par le seul problème insoluble de l'imprécision des mesures et de la prise en compte d'un calcul parfaitement précis de toutes les conditions initiales possibles, l'hypothèse métaphysique du "Démon" de Pierre Simon Laplace ne deviendra pas une réalité : il n'existera aucune hypothèse, aucune théorie qui puisse fonder de manière valide puis rendre opérationnelle une forme quelconque de déterminisme prima faciae absolu excluant tout hasard donc toute imprécision, que ce soit un déterminisme biologique, "psychique", ou même lié au monde matériel.
Aucun ordinateur, aucun prédicteur, ne pourra concrétiser l'hypothèse métaphysique du "Démon de Laplace".
Le délire métaphysique de la psychanalyse du déterminisme psychique inconscient prima faciae absolu parce que prétendant exclure tout hasard et tout non-sens dans toute causalité psychique inconsciente a fait croire à toute la civilisation occidentale, que le "refoulé inconscient" était ce "Démon" qui était en chacun de nous.
La psychanalyse n'est donc rien de plus qu'une autre forme de mysticisme, de croyance néo-tribale et historiciste. La psychanalyse est bien le "modèle" de toutes les pseudo-sciences, de tous les charlatanismes et elle contient aussi les principaux ingrédients idéologiques de la pensée totalitaire. Nous n'avons pas en nous cette espèce de "Démon" ou de "grand autre", ou de "point d'attraction unaire" inconscient et infaillible qui règlerait notre conscience comme une "horloge". Nous ne sommes pas et nous ne serons jamais comme les "horloges".
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L'impossible abrogation de l'indéterminisme rend notre avenir "ouvert" (Karl Popper). Cette ouverture est pleine de risques, de dangers, d'incertitudes, mais elle est aussi une condition sine qua non de l'heuristique, c'est-à-dire ce qui permet la découverte de problèmes encore inconnus et de solutions inédites à ces problèmes inconnus.
L'indéterminisme et l'avenir ouvert qui en résulte ne peut être assumé que par les hommes libres, courageux et optimistes en ce qu'ils sont toujours guidés par un usage réaliste, pacifique et critique de la raison ; ceux qui ne reculent ni devant l'effort, ni devant les difficultés ou la peur. Ces hommes-là ont compris que de toute façon l'optimisme est la seule solution pour l'Humanité, pour la continuation de la vie humaine dans l'univers. Ils n'abandonneront jamais, qu'elles que soient leurs problèmes, leurs peurs ou leurs angoisses ; ils les surmonteront toujours pour continuer d'avancer, tout simplement parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas le choix. Ces hommes n'ont besoin d'aucune béquille, d'aucune psychanalyse, et par nature ils exècrent toute forme de contrôle, de soumission, de suggestion, d'infantilisation ou de vampirisme psychologique de leur individualité ainsi que toute négation de leur créativité et de leur libre-arbitre. Ils ne renonceront jamais à l'idée d'être libres et défendront toujours, coûte que coûte la liberté, la non-violence par l'usage critique de la raison.
(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).
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Un livre que tous devraient lire :
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".