Cher(e)s récalcitrant(e)s éclairé(e)s,
Tout d'abord nous vous convions à lire attentivement notre article qui est consacré à l'oeuvre de désinformation épistémologique entreprise par Naomi ORESKES au sujet de la méthode scientifique, et de l'oeuvre de Karl Popper. (Mais aussi nos articles concernant "La réfutabilité scientifique", ainsi que celui concernant l'unité de la méthode scientifique).
Avec cette crise sanitaire majeure, certains comme Naomi ORESKES vont se rendre compte si c'est une prétendue "collections de faits" qui va aider les scientifiques à trouver un vaccin contre le COVID-19 ! Donc, si l'on en croit Oreskes, les scientifiques ne suivent pas l'épistémologie de Popper donc la méthode hypothetico-déductive de contrôle avec des tests intersubjectivement contrôlés et répétables, mais travaillent selon une méthode positiviste complètement erronée, reposant sur l'induction, c'est-à-dire par "collections de faits" !?
C'est maintenant que l'on va s'apercevoir qu'une fois encore, Karl POPPER a indiscutablement raison, que cela plaise ou non à ses détracteurs, et j'ajoute même (en ayant conscience du côté un peu arrogant de la formule) ceci : il est démontré avec des arguments logiques, que.... il ne peut pas avoir tort !
1 - Pour échafauder une théorie universelle permettant de fabriquer un vaccin contre le COVID-19, les scientifiques vont devoir tester différentes hypothèses d'agencement de certains molécules, et forcément des hypothèses concurrentes qui seront choisies à la lumière de tout un savoir acquis antérieur, car pourquoi risquer de faire à nouveau des tests sur ce qui est déjà admis comme bien corroboré par la science ?
2 - Ensuite, il faudra donc déterminer des conditions initiales de testabilité d'hypothèses concurrentes d'agencement de certaines molécules, conditions initiales qui seront jugées inédites mais "non problématiques" pour que les dits tests soient possibles.
3 - ...Enfin, ce sera forcément une hypothèse qui survivra mieux que les autres aux conditions de mise à l'épreuve en laboratoire les plus sévères que l'on pourra imaginer compte tenu des caractéristiques identifiées du virus (à partir du savoir acquis et déjà bien corroboré), qui sera choisie, mais seulement après que l'on ait répété et contrôlé la mise à l'épreuve en un nombre qui sera jugé suffisant par la communauté scientifique, (C'est l'étape de la réfutabilité méthodologique !), ET après des tests cliniques c'est-à-dire une administration à des malades atteints du COVID-19, cela va de soi, évidemment.
...Et enfin, nous aurons une théorie universelle d'un vaccin contre le COVID-19, du genre : "TOUTES LES FOIS QUE nous agençons certaines molécules d'une certaine manière avec d'autres éléments, nous obtenons un vaccin efficace contre COVID-19".
Voilà comment travaille la vraie science. Elle n'a pas logiquement d'autre solution, comme le prétend Naomi ORESKES !
Quant à ceux qui croient encore que l'usage unique de la "recherche clinique" permet d'obtenir les mêmes résultats que la méthode expérimentale par "conjectures et réfutations", eux aussi, vont être obligés de se rendre compte qu'ils ont INDISCUTABLEMENT tort. (Je pense bien sûr aux psychanalystes de tout poil).
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Citons Karl Popper, dans "La logique de la découverte scientifique" :
"(...) Ceux parmi nous qui refusent d'exposer leurs idées au risque de la réfutation ne prennent pas part au jeu scientifique.
Les tests expérimentaux, prudents et rigoureux, auxquels nous soumettons nos idées sont eux-mêmes inspirés par des idées : l'expérience est une action concertée dont chaque étape est guidée par la théorie. Nous ne tombons pas fortuitement sur des expériences pas plus que nous ne les laissons venir à nous comme un fleuve. Nous devons, au contraire, être actifs : nous devons "faire" nos expériences. C'est toujours nous qui formulons les questions à poser à la nature ; c'est nous qui sans relâche essayons de poser ces questions de manière à obtenir un "oui" ou un "non" ferme. (Car la nature ne donne de réponse que si on l'en presse). Enfin, c'est encore nous qui donnons la réponse ; c'est nous qui décidons, après un examen minutieux, de la réponse à donner à la question posée à la nature - après avoir longuement et patiemment essayé d'obtenir d'elle un "non" sans équivoque. "Une fois pour toutes", dit Weyl, avec lequel je suis pleinement d'accord, "je désire manifester mon admiration sans bornes pour l'oeuvre de l'expérimentateur qui se bat pour arracher des faits susceptibles d'être interprétés à une nature inflexible si habile à accueillir nos théories d'un Non décisif ou d'un inaudible Oui.
Le vieil idéal scientifique de l'épistêmê, l'idéal d'une connaissance absolument certaine et démontrable s'est révélée être une idole. L'exigence d'objectivité scientifique rend inévitable que tout énoncé scientifique reste nécessairement et à jamais donné à titre d'essai. En effet un énoncé peut être corroboré mais toute corroboration est relative à d'autres énoncés qui sont eux aussi proposés à titre d'essai. Ce n'est que dans nos expériences subjectives de conviction, dans notre confiance personnelle, que nous pouvons être "absolument certains".
Avec l'idole de la certitude (qui inclut celle de la certitude imparfaite ou probabilité) tombe l'une des défenses de l'obscurantisme, lequel met un obstacle sur la voie du progrès scientifique. Car l'hommage rendu à cette idole non seulement réprime l'audace de nos questions, mais en outre compromet la rigueur et l'honnêteté de nos tests. La conception erronée de la science se révèle dans la soif d'exactitude. Car ce qui fait l'homme de science, ce n'est pas la possession de connaissances, d'irréfutables vérités, mais la quête obstinée et audacieusement critique de la vérité.
Notre attitude doit-elle, dès lors, être de résignation ? Devons-nous dire que la science ne peut remplir que sa tâche biologique, qu'elle ne peut, au mieux, faire ses preuves que dans des applications pratiques susceptibles de la corroborer ? Ses problèmes intellectuels sont-ils insolubles ? Je ne le pense pas. La science ne poursuit jamais l'objectif illusoire de rendre ses réponses définitives ou même probables. Elle s'achemine plutôt vers le but infini encore qu'accessible de toujours découvrir des problèmes nouveaux, plus profonds et plus généraux, et de soumettre ses réponses, toujours provisoires, à des tests toujours renouvelés et toujours affinés."
(Karl R. POPPER, "La logique de la découverte scientifique", Edition Payot, 1973, chapitre 10 : "La corroboration, ou comment une théorie résiste à l'épreuve des tests", pages 286 - 287).
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".