mercredi 4 janvier 2023

Karl POPPER : contre l'approche sociologique et relativiste de la science.

 




Cet article est destiné à tous ceux qui ont "hurlé avec les loups" contre les Professeurs Raoult, Peronne,  et tous les autres récalcitrants très éclairés, tout au long de la crise "sanitaire" (...) du COVID-19. 

Il est destiné également à ceux qui hurlent également avec les loups contre les climatosceptiques, et à tous les experts-de-plateau-TV et autres journalistes mainstream qui ont fait et qui continuent de faire un mal incommensurable aux idées que nous devrions tous cultiver au sujet de la Science, de la Vérité, de la liberté d'expression et de la Raison, c'est-à-dire, aussi à la citoyenneté d'aujourd'hui et à celle du futur.


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"Nous ne nous laisserons jamais réduire au silence". 

(Edward SNOWDEN).





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Karl POPPER : 


« (…) J’essayerai maintenant de vous donner une liste de conclusions intéressantes que l’on peut tirer, me semble-t-il, et que l’on a déjà en partie tirées – quoiqu’inconsciemment – de notre « thèse triviale » : 


1.  Il n’est pas rare que la connaissance se manifeste sous la forme d’attentes ou d’anticipations.


2. Ces anticipations ont généralement le statut de connaissances conjecturales : elles sont incertaines. Et les sujets de ces attentes, de ce savoir, peuvent être parfaitement inconscients de cette incertitude. Le chien peut bien mourir sans avoir été une seule fois déçu dans son attente : mais nous savons que le retour ponctuel de son maître ne pouvait être certain, et que l’attente du chien était en fait une hypothèse très audacieuse ! (Il aurait pu se produire une grève de chemin de fer…)


3.  Aussi la plupart des formes de connaissances, chez l’homme comme chez l’animal, sont-elles de nature conjecturale. C’est tout particulièrement le cas de ces très ordinaires formes de connaissance que nous venons de décrire comme des attentes : lorsque l’on s’attend, par exemple, en s’appuyant sur un horaire officiel, à ce que le train de Londres arrive à 17 heures 48. (Dans certaines bibliothèques, des lecteurs ulcérés, ou simplement judicieux, ont pris l’habitude de replacer les Indicateurs du Chemin de Fer sur le rayon « Romans » (Fiction)…)


4.  En dépit de son incertitude, de son caractère hypothétique, une grande partie de notre savoir est objectivement vraie, elle correspond à des faits objectifs. Sinon, nous  n’aurions guère pu survivre en tant qu’espèce.


5. Nous devons donc clairement distinguer la vérité d’une anticipation, d’une hypothèse, et sa certitude, et donc distinguer fortement deux idées : celle de vérité et celle de certitude, ou encore vérité et vérité certaine, comme peut l’être par exemple une vérité mathématiquement démontrable.


6.  Notre savoir comporte beaucoup de vérité, mais peu de certitude. Nous devons donc aborder nos hypothèses avec un esprit critique. ; il nous faut les mettre à l’épreuve aussi rigoureusement que possible, afin de voir si l’on ne pourrait pas montrer qu’après tout elles sont fausses.


7. La vérité est de nature objective : c’est la correspondance avec les faits.


8. En revanche, la certitude est rarement objective : ce n’est généralement pas plus qu’un fort sentiment de confiance, de conviction, mais qui s’appuie sur un savoir insuffisant. De tels sentiments de conviction font de nous des dogmatiques. Ils peuvent même nous transformer en fanatiques hystériques, cherchant à se convaincre qu’ils font une certitude, dont ils savent pourtant inconsciemment qu’il ne leur est pas donné de la posséder.

 

 

Avant d’en venir au point suivant, permettez-moi de faire une digression. J’aimerais dire ici quelques mots à l’encontre du relativisme sociologiste, une doctrine largement répandue, quoiqu’elle ne soit souvent entretenue que de manière inconsciente. Elle est communément admise chez les sociologues qui étudient le comportement des chercheurs, tout en étant convaincus d’étudier ainsi la connaissance scientifique. Nombreux parmi eux sont ceux qui ne croient pas à l’objectivité de la vérité, et tiennent celle-ci pour un concept sociologique. Même un ancien scientifique comme le regretté M. Polanyi pensait que la vérité n’était que ce que les experts, ou à tout le moins leur grande majorité, croyaient être vrai. Mais dans tous les domaines les « experts » peuvent se tromper. Lorsque se produit une révolution, une découverte réellement importante, cela signifie que les experts se trompaient, et que les faits, les faits objectifs, étaient différents de ce à quoi ils s’attendaient. (Naturellement, de tels événements ne sont pas monnaie courante.)


A ma connaissance, il arrive à tout scientifique créateur de commettre des erreurs, et je songe aux plus grands : Galilée, Kepler, Newton, Einstein, Darwin, Mendel, Pasteur, Koch, Crick, sans oublier Hilbert et Gödel. Comme tout animal, l’homme est faillible. Aussi existe-t-il des experts, mais pas « d’autorités » scientifiques (une idée qui n’a peut-être pas encore suffisamment fait son chemin). Nous sommes bien conscients du fait qu’il nous faut essayer d’éviter de commettre des erreurs, et nous faisons tout notre possible pour ne pas en commettre. (Gödel fut peut-être l’un de ceux qui le firent avec le plus de ténacité.) Mais nous ne sommes que de faillibles animaux, de faillibles mortels, comme les premiers philosophes Grecs l’auraient énoncé : seuls les Dieux peuvent savoir, nous mortels ne pouvons qu’opiner et deviner.


Mon hypothèse, en l’occurrence, est que c’est la perte du sens de notre faillibilité qui est responsable de notre tendance méprisable à former des cliques et à suivre servilement tout ce qui paraît à la mode : ce qui fait que tant d’entre nous hurlent avec les loups. Tout cela n’est que faiblesse humaine, et ne devrait pas exister. Mais à l’évidence cela existe, même chez certains scientifiques. Il nous faut combattre cet état de choses ; d’abord en nous-mêmes, puis peut-être aussi chez les autres. Je tiens en effet que la science doit s’efforcer de découvrir la vérité objective, une vérité qui ne dépend que des faits, qui au-dessus de l’autorité et de l’arbitrage des hommes, et en tout état de cause au-dessus des modes intellectuelles. 


Je tiens ici, à exprimer une objection au propos de Karl Popper : jamais la science n’a pu, ni ne pourra se passer d’un arbitrage humain, et c’est parce que justement cet arbitrage est inévitablement humain que, comme il écrivit ailleurs, « la science est faillible, parce qu’elle est humaine »


Mais sur quoi peut se fonder un tel arbitrage qui chercherait justement à aussi « transcender toute autorité humaine » (K. Popper), tout comme la vérité objective ? Et bien c’est ce même Karl Popper qui nous en a fournit le moyen : Grâce à une épistémologie fondée sur la logique (lien), laquelle a été en mesure de démontrer sa  validité objective, et même intemporelle, c’est-à-dire censée se situer au-dessus de toutes les vicissitudes liées aux problèmes sociologiques d’administration de la preuve scientifique. 


C’est un homme, Karl Popper, qui a donc mis en lumière une « Logique de la découverte scientifique » d’une valeur objective intemporelle. Et il incombe toujours à une décision humaine, libre et rationnellement consentie, que de s’y référer, ou de choisir de s’en passer… 


Avec les progrès de la robotique, l’on pourrait imaginer que ce soient des robots suffisamment intelligents (…) qui décident, in fine, de la vérité objective, et qu’ils deviennent donc les ultimes dépositaires de l’usage d’une telle épistémologie ?.. Et, au départ, qui les auraient conçus ? Qui auraient écrit leurs programmes ? D’autres robots avant eux ? Mais avant ces derniers, ce seraient quand même des hommes. Une question se pose : l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour résoudre le problème de la créativité intellectuelle et ainsi égaler la créativité humaine ? Nous ne le croyons pas. Nous croyons que ce projet demeurera pour toujours impossible, parce qu’il demeurera impossible d’aborger l’indéterminisme


En effet, quel programme informatique pourrait prétendre résoudre et à partir de quelle équation (…) ou formule, tout ce qui peut entrer en jeu dans la formation d’un choix, d’une décision, et plus avant, d’une motivation ?.. Aucune intelligence artificielle ne pourra jamais réaliser le cauchemar éveillé des psychanalystes, à savoir apporter une solution à l’impossible : mettre en œuvre, dans les faits, le déterminisme prima facia absolu et excluant tout hasard (et tout non-sens) dans ce qui peut constituer « l’étincelle » d’une seule et unique décision ou motivation face à l’indéterminisme également lié à la Nature et à sa part d’inconnu… En somme le « Démon de Laplace » ne pourra même pas être une machine.

 

Certes, il faut reconnaître que la Vérité objective « ne dépend que des faits ». Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Qui peut le décider, et avec quelle intelligence autonome ? Les faits eux-mêmes ? Bien sûr que non ! Puisque, comme l’écrivit Ludwig von Mises, que nous rappelons inlassablement : « seul l’individu pense, seul l’individu raisonne, seul l’individu agit ». C’est-à-dire qu’il n’y a que l’être humain avec son intelligence qui puisse utiliser à bon escient le nom commun « fait », en tant que terme universel et lui donner ou non un sens objectif


Si les faits étaient soi-disant autonomes et nous imposeraient leur vérité objective, cela voudrait également dire que l’esprit serait un organe passif qui recevrait cette objectivité sans d’abord avoir imaginé la moindre hypothèse qui soit ensuite corroborée par des tests sur l'objectivité possible de certains faits, ce qui est naturellement impossible. 


Voilà donc une affirmation quelque peu maladroite de Popper, laquelle nous paraît particulièrement en contradiction avec ce que précisément, et avec quelle rigueur et efficacité, il a toujours défendu : il n’y a pas d’observation « pure des faits », les faits ne tombent pas dans notre esprit pour « nous dire » la Vérité, et il n’y a donc pas davantage d’évidence (lien). Et quel plaisir de citer Popper lui-même dans l’un de ses passages les plus extraordinaires, tiré de sa « Logique de la découverte scientifique » (lien) : 

 

« Nous ne tombons par fortuitement sur des expériences pas plus que nous ne les laissons venir à nous comme fleuve. Nous devons, au contraire, être actifs : nous devons « faire » nos expériences. C’est toujours nous qui formulons les questions à poser à la nature ; c’est nous qui sans relâche essayons de poser ces questions de manière à obtenir un « oui » ou un « non » ferme. (Car la nature ne donne de réponse que si on l’en presse.) Enfin, c’est nous encore qui donnons la réponse ; c’est nous qui décidons, après un examen minutieux, de la réponse à donner à la question posée à la nature – après avoir longuement et patiemment essayé d’obtenir d’elle un « non » sans équivoque. « Une fois pour toutes », dit Weyl, avec lequel je suis pleinement d’accord. « Je désire manifester mon admiration sans bornes pour l’œuvre de l’expérimentateur qui se bat pour arracher des faits susceptibles d’être interprétés à une nature inflexible si habile à accueillir nos théories d’un Non décisif ou d’un inaudible Oui ». » (Karl POPPER. « La logique de la découverte scientifique ». Editions Payot. Paris, 1973, page : 286).

 

Certains sociologues ne parviennent pas à comprendre que cette objectivité constitue un idéal possible, vers lequel doit tendre la science (et donc les scientifiques). Or, c’est pourtant un fait que la science vise la vérité depuis au moins deux mille cinq cents ans. »

 

 

(Karl POPPPER. « Un univers de propensions ». Editions l’Eclat. Paris, 1992, pages : 54 – 57).


 

 

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Voilà des propos de Friedrich A. Von Hayek qui me semblent parfaits pour stigmatiser de manière justifiée tous ces experts-de-plateau-TV qui sévissent sur les médias mainstream de notre temps : 


 



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Ceci s'adresse à toutes celles et ceux qui ont lutté et qui luttent encore avec cet acharnement autant lamentable que ridicule contre le complotisme, qu'il soit dogmatique, farfelu, ou éclairé. Le complotisme dogmatique ou farfelu doit être réfuté sur le front d'arguments rationnels et non sur la base du terrorisme intellectuel, de la censure, ou de la violence. 


Le complotisme éclairé est un devoir citoyen.


Donc, que tous les nouveaux inquisiteurs de la liberté d'expression et autres petits miliciens et infatigables policiers de la pensée qui pullulent désormais, daignent méditer un moment sur les mots de Voltaire que voici :





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Mon roman, "HOAG, un témoignage du futur" :












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