Enfin... Là, vraiment, je partage ce texte qui n est pas de moi.
"Nous sommes des professeurs. Nous sommes des professionnels. Nous
sommes des fonctionnaires. Nous avons la sécurité de l'emploi. Nous sommes
assimilés cadre A, avec une mission à réaliser et une certaine latitude
("liberté pédagogique") sur la manière de la réaliser. Nous pouvons
réaliser une partie de notre mission à la maison, oui avec un café. Notre
salaire en début de carrière est de 1418,09€ net. La grande majorité des
enseignants terminent leur carrière avec un salaire compris entre 2600 et
2900€.
Nous n'avons que très peu de primes. Certes, nous avons encore notre
retraite calculée sur les 6 derniers mois, tant que la reforme de la retraite
ne sera pas actée. Le point d'indice de la fonction publique a progressé de
19,4% dans les 22 dernières années, alors que l'inflation a progressé de
39,15%, soit près de 14% de perte de pouvoir d'achat en 22 ans.
Nous travaillons entre 35 et 40h/semaine en moyenne, et passons pour la
plupart, au moins un tiers de nos "vacances" à préparer et/ou
corriger. Nous travaillons aussi le mercredi après-midi, le samedi, le dimanche
et mêmes les jours fériés. Nous n'avons pas de RTT, pourtant nous travaillons
plus que 35h par semaine. En plus de notre présence en classe, nous avons des
dizaines de réunions : conseils de classe, conseils de socle, conseils
d'orientation, conseils d'enseignement, conseils de discipline, conseils
d'administration, conseils pédagogiques, commissions de sécurité, commissions
numérique, réunions parents professeurs, liaison collège lycée, liaison
école-collège et j'en oublie sûrement, ces réunions ayant pour la plupart lieu
en fin de journée...
Notre taux d'absentéisme au travail est le plus bas de la fonction publique
; il est même inférieur au privé. Mais un prof absent ça se voit, à la
différence de beaucoup d'autres professions. Nous n'avons pas de 13ème mois, ni
de 14ème évidemment, ni de participation aux bénéfices, ou de remise
particulière sur nos impôts. Nous n'avons pas de tickets restau, ni de miles.
Nous n'avons pas de CE puissant qui nous permettrait d'avoir des avantages
intéressants. Nous n'avons pas de voiture de fonction, ni d'ordinateur, de
téléphone, ni d'encre, ni de feuille, ni même de stylos, ni même de stylo rouge
de fonction. Nous n'avons pas la possibilité de partir en vacances pendant la
basse saison. Nous ne pouvons pas "poser" un jour à notre convenance.
Notre salaire est l'un des plus bas des pays de l'OCDE.
Nous avons passé le confinement entier à travailler, à produire des cours d'une
manière totalement nouvelle, sans formation, quasiment sans aide de notre
hiérarchie, avec seulement quelques jours, voire quelques heures pour s'adapter
à de nouvelles contraintes. Nous avons été disponibles chaque jour pour les
questions des élèves, des parents, de notre hiérarchie. Nous avons continué à
former, évaluer, guider nos élèves pendant 3 mois, sans prime, sans
reconnaissance aucune, devant notre écran, toutes les journées, parfois même
certaines soirées, dimanches et week-ends inclus, pendant les vacances de
printemps aussi.
ET nous avons été "trainés dans la boue", par des ministres, des
élus, des médias, des gens, tous mal informés de la réalité de notre travail et
généralisant de manière HONTEUSE l'attitude de quelques professeurs, une
minorité, à l'ensemble d'une profession, encore une fois.
Nous ne jugeons pas les actionnaires qui restent assis sur leurs chaises et
touchent des dividendes. Nous ne jugeons pas les rentiers qui louent des biens
immobiliers et qui restent assis sur leur chaise et touchent des loyers. Nous
ne jugeons pas du nombre de jours de vacances des uns ou des autres.
Nous ne
jugeons pas certains ophtalmos, dentistes ou autres médecins spécialistes qui
choisissent de ne travailler que 3 jours par semaine pour éviter de payer trop
d'impôts. Nous ne comptons pas le nombre de jours de vacances annuel.
Nous ne jugeons pas les politiques qui agissent trop tard, dans la
précipitation et qui font retomber sur nous un travail colossal par manque de
préparation d'anticipation, ou pour faire passer une réforme qui ne sert que
leurs intérêts propres et ceux du budget, en nous servant un discours sur le
bien commun et l'intérêt des élèves.
Nous ne jugeons pas les médias qui ont un
discours partial, uniformisé, sans nuance et volontairement polémique, et
parfois, souvent très faux.
Nous ne jugeons pas les gens qui travaillent 70h par semaine dont la moitié
au black sans payer de charges sociales. Nous ne jugeons pas les gens qui font
leur 8h au travail, dont une partie en pause café ou en jouant à candy-crush.
Nous ne jugeons pas les gens qui considèrent qu'un prof absent, c'est
inadmissible, sans savoir si le prof est malade ou en formation, ou réunion. Nous
ne jugeons pas les parents qui pensent que suivre le travail de leur enfants
fait d'eux des profs à part entière. Nous ne jugeons pas les gens qui
considèrent que le télétravail équivaut à des vacances simplement parce que
POUR EUX le télétravail a été une période de vacances car ils n'ont pas
travaillé comme ils auraient dû.
Nous ne jugeons pas les gens qui laissent à
l'école la responsabilité d'apprendre aux élèves la politesse, le goût du
travail, le respect, la motivation, la ponctualité, la nutrition, la propreté
jusqu'à la sécurité routière. Nous ne jugeons pas les élèves qui consomment nos
cours passivement comme si nous étions une émission de TV, vautrés sur leur
chaise. Nous ne jugeons pas les émissions de TV, les "spécialistes"
des chaînes d'info qui ont la prétention de donner des leçons souvent bâclées
et même parfois fausses.
Nous ne jugeons pas les gens qui n'écoutent pas nos
conseils concernant l'orientation de leur enfant, pensant que nous n'y
connaissons rien et que si leur gamin, forcément précoce, n'y arrive pas c'est
forcément de la faute des enseignants. Nous ne jugeons pas les gens qui pensent
tout savoir du métier d'enseignant sous prétexte qu'ils sont allés un jour à
l'école. Nous ne jugeons pas les gens qui imaginent que l'école d'aujourd'hui
est la même que celle qu'ils ont vécu eux mêmes, et que forcément c'était mieux
avant.
En tout cas, nous ne jugeons pas PUBLIQUEMENT et RÉGULIÈREMENT. Certains
d'entre vous trouvent peut être que certaines affirmations du paragraphe
précédent sont infondées et sentent la colère ? Sachez que ce sentiment est le
nôtre quasiment quotidiennement sans que personne ne s'en offusque, et ce
depuis des années.
Nous avons un métier FORMIDABLE. Nous AIMONS partager nos connaissances, nos
expériences, notre passion pour la culture qu'elle soit humaniste ou
scientifique.
Notre métier ne consiste pas à donner de la connaissance brutalement, mais à
trouver les stratégies qui permettent au maximum d'élèves de progresser et
d'acquérir de nouvelles compétences ou connaissances.
Notre métier consiste à
faire réfléchir les jeunes sur différents aspects de la vie. Notre métier
consiste le plus souvent à poser les bonnes questions dans le bon ordre. Notre
métier permet à tous les enfants de France d'avoir la chance d'être formé de
manière équitable et gratuite.
Notre métier permet d'aider des enfants dont la
situation personnelle est difficile. Notre métier permet de d'entretenir
l'esprit républicain, de diffuser les valeurs d'entraide, de collaboration, de
liberté d'expression, de travail. Notre métier est un métier de contact, de
disponibilité, d'écoute, d'analyse, de savoir faire, d'expérience et
d'expérimentation continuelle. Notre métier est sans cesse renouvelé, remis en
question, par notre institution qui fait régulièrement des ajustements de
programme, mais la plupart du temps, c'est nous mêmes qui remettons en question
une partie de nos propres contenus chaque année pour améliorer leur efficacité.
Notre métier est un métier de confiance et de respect. Notre métier nous amène
à évaluer les enfants, mais dans le seul but de les faire progresser, pas pour
les mettre en concurrence. Notre métier est gratifiant quand on voit un regard
d'élève s'éclairer et qu'on comprend qu'il a compris.
Notre métier est
gratifiant quand un parent vient nous voir et nous dit que son enfant a adoré
notre cours. Notre métier est gratifiant quand un ancien élève nous revoit des
années plus tard et nous avoue qu'on était son prof préféré et qu'il nous
remercie. Notre métier est profondément humain.
Notre métier est une vocation,
dans laquelle on s'engage pour toutes ces raisons, bien avant de considérer le
temps de vacances ou le salaire.
NOUS SOMMES FATIGUÉS D'AVOIR À JUSTIFIER SANS CESSE NOTRE PROFESSIONNALISME ET
NOS CONDITIONS DE TRAVAIL. SOUTENEZ VOS PROFESSEURS, OU A MINIMA FOUTEZ LEUR LA
PAIX.
Merci de m'avoir lue ...
(Anonyme).
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".