lundi 18 juillet 2022

"HOAG. Un témoignage du futur". (Nouvelle édition augmentée). Patrice Van den Reysen.



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Ce roman est une dystopie post apocalyptique. Le "témoin du futur" n'est autre qu'un rêveur qui a fait un cauchemar sur le destin de l'Humanité puis qui raconte le contenu de son mauvais rêve, avec tout ce qu'ils contiennent d'ordinaire : les invraisemblances, les horreurs, les incongruités, le surréalisme, les déformations et un ancrage sur un réel, passé ou présent. C'est la raison pour laquelle le récit s'inspire de faits de société contemporains. Mais sa cohérence tient toute entière dans l'histoire de cette métropole du futur, Hoag, contrôlée par une oligarchie aux motivations machiavéliques et aux projets totalitaires donnant lieu à des systèmes de gouvernement tyranniques, lesquels dans leurs principes et leurs mécanismes, sont censés être les plus cruels, coercitifs et sophistiqués que l'Humanité ait connus.

Du point de vue d'un contexte socio-politique, ce roman a donc tenté d'imaginer le pire scénario du futur, avec les décideurs les plus sociopathes et délirants qui se puisse concevoir, mais, malgré tout dotés d'une intelligence diabolique pour anticiper les changements et organiser la tyrannie, notamment sur la base d'une application démesurée, voire outrancière de certaines idées de Hegel. Car, même la tyrannie la plus jusqu'au-boutiste ne peut fonctionner sans une philosophie du pouvoir puis des rapports avec ceux qu'elle se donne pour objectif d'asservir, et d'anéantir. Nous avons donc tenu à rendre plus explicites le mode opératoire des idées philosophiques qui peuvent être à l'origine de motivations tyranniques du niveau de celles dont les conséquences sont décrites dans le roman.

L'un de nos objectifs fut donc aussi de fournir un effort intellectuel contre le totalitarisme, c'est-à-dire une tentative d'information, (ou de contribution à ce travail d'information déjà réalisé par bien d'autres intellectuels avant nous), sur les idées philosophiques qui ont toujours rendu possible son émergence et sa mise en oeuvre. Mais, nous tentons de démontrer que quel que soit le niveau coercitif d'un régime totalitaire et la détermination plus ou moins délirante et perverse des tyrans, ces derniers se heurtent inévitablement à ce qu'il est impossible d'abroger pour toujours : l'indéterminisme lié au facteur humain, aux choses matérielles et à la nature, et donc aussi au faillibilisme.

Finalement, et malgré toute l'ultraviolence qu'il peut contenir, il est une charge des plus radicales contre la violence d'état, l'irresponsabilité morale et le mépris des gens ordinaires. Par voie de conséquence, il constitue également un plaidoyer pour la citoyenneté et la responsabilité individuelle, la liberté et la non-violence, l'indéterminisme et l'optimisme, et ne cherche nullement à faire une apologie plus ou moins implicite de la violence par les diverses situations qui y sont décrites ou les motivations exprimées par certains personnages, mais au contraire à en susciter un rejet unanime.


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J'espère contribuer à une nouvelle prise de conscience des mécanismes intellectuels, socio-psychologiques et moraux qui peuvent être à l'origine de l'émergence du totalitarisme. Je l'ai jugée nécessaire et même urgente étant donné certaines évolutions contemporaines négatives de la citoyenneté que j'ai donc estimée être en danger s'il elle n'opérait ce travail de lucidité sur sa situation actuelle, pour progresser, évoluer, et retrouver la motivation à user de pouvoirs de décision qu'elle me semble avoir perdus.
Il s'agit donc de participer au projet de rendre des plus significatifs ce problème selon lequel la citoyenneté doit faire un saut qualitatif et quantitatif à mon avis sans précédent dans l'Histoire, au niveau de ses connaissances puis de ses compétences,  dans divers domaines tels que l'épistémologie, la logique, les sciences, la philosophie politique, pour ne citer qu'eux.

Pour y parvenir, je demeure convaincu que tout citoyen ordinaire devrait être en premier lieu informé et formé aux règles minimales de l'épistémologie fondée sur la logique, à la méthode scientifique et en philosophie politique. Mais aussi dans des domaines philosophiques plus spécifiques qui touchent à la morale. 
En effet, je crois que tout citoyen devrait être beaucoup plus vigilant et participatif en ce qui concerne l'évolution des connaissances scientifiques et leur mise en oeuvre dans les sociétés, d'une part, et, d'autre part, connaître les fondements de la morale et de la politique afin de conserver également une vigilance critique bien plus assidue et d'un niveau élevé au sujet de toutes les décisions et actions des gouvernants et autres décideurs auxquelles il peut avoir accès, décisions qui peuvent aussi se fonder sur l'évolution des connaissances scientifiques. 
En somme, c'est le niveau d'intérêt, de responsabilité et de capacité d'évaluation de tout citoyen par rapport à la chose publique et scientifique qui, selon moi, doit franchir un niveau décisif. L'aspect quantitatif d'une telle "révolution" concerne bien entendu le nombre de citoyens qui devraient se sentir concernés et que les institutions, notamment éducatives, devraient chercher à toucher et à intéresser, pour faire en sorte que l'accès à certaines compétences puis à leur maîtrise ne soit plus réservé à une élite intellectuelle, voire, plus largement, à une élite sociale ; toutes les classes sociales devraient être touchées. 

La société devrait changer grâce à des projets politiques mis en oeuvre par l'utilisation de ce que Karl Popper appelait dans "La société ouverte et ses ennemis", la "socio technique fragmentaire", c'est-à-dire, des changements limités, au coup par coup et, quand c'est possible, contrôlés par la méthode scientifique. Mais ces changements seraient accompagnés et même soutenus comme jamais ils ne l'ont été auparavant par une participation citoyenne permise par un niveau de connaissance et de compétence, lui aussi inédit.

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Voilà donc ma conception de "l'homme augmenté", laquelle n'a plus grand chose à voir avec les délires mégalomaniaques du "transhumanisme", puisqu'il s'agit plutôt d'un "citoyen augmenté" auquel nous songeons.
Ainsi, l'homme "n'augmentera" (...) que lorsque la violence et la peur diminueront, et nous sommes en droit, nous ne devons même pas cesser de rêver de les voir disparaître, éradiquées pour toujours.

En somme, ce roman est une oeuvre dédiée à la citoyenneté.

Il est destiné aux adultes et aux étudiants.

(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).





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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.

Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".

Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.

Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".

Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".

Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".

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