Karl Popper au baccalauréat, en France! Ce n'est peut-être pas la première fois, mais c'est remarquable. Il fallait expliquer l'un de ses textes démontrant l'impossibilité du "déterminisme scientifique" ou déterminisme prima faciae absolu, via une critique de Popper sur le déterminisme physique. Mais les recommandations précisant qu'il était inutile de connaître la doctrine de l'auteur nous ont parues fausses. Comment expliquer ce texte de Popper si l'on a pas connaissance de ses arguments sur l'impossibilité de l'auto-prédiction scientifique, sur le problème du principe de responsabilité renforcé, et sur celui de l'impossibilité logique de définir puis d'atteindre une précision absolue dans toute mesure (voir dans la Logique de la découverte scientifique, cette section très importante dans l'oeuvre de Popper!).
De surcroît, nous croyons que la meilleure méthode pour expliquer la pensée de Popper, comme pour expliquer toute pensée, est de faire une comparaison puis une sorte de test argumentaire avec une autre qui puisse être concurrente.
Donc, l'on aurait pu proposer la stratégie suivante pour se sortir de ce sujet :
1.Thèse : expliquer comment Popper démontre l'impossibilité totale du déterminisme "scientifique", impossibilité liée à celle de l'impossibilité de l'auto-prédiction scientifique, puis à celle de la nécessité incontournable pour tout prédicteur de rendre compte, avant l'exécution de son projet, d'un principe de responsabilité renforcé concernant le calcul de la précision dans les mesures possibles à partir desquels l'on doit calculer un autre niveau de précision : celui des conditions initiales d'une prédiction ; ce qui est totalement impossible à cause de l'impossibilité logique de résoudre le problème de la définition a priori d'une mesure absolument précise. Cette dernière tentative tombe dans la régression à l'infini.
Ensuite, dans cette thèse, argumenter avec des exemples construits à partir de l'impossibilité du "connais-toi toi-même" de Socrate, impossibilité liée aux autres décrites plus avant, etc...
2.Antithèse : utiliser les délires de la psychanalyse, et en particulier ceux de Sigmund Freud sur le déterminisme psychique absolu, contenus dans sa "Psychopathologie de la vie quotidienne" (chap. 12), dans sa troisième leçon de psychanalyse, etc. en montrant comment Freud "réussit" à interpréter (...) les mots et les nombres... et puis en vient à affirmer que même les mots et les nombres "choisis au hasard" constituent les "meilleurs exemples" de la valeur du déterminisme psychique prima faciae absolu. Utiliser l'argumentation freudienne pour démontrer que l'on peut se "connaître soi-même" et "qu'il suffit" de faire une analyse, etc., etc...
3.Synthèse : prendre position. Seule voie possible selon nous (si l'on tient compte des arguments indiscutables de Popper) : démonter complètement l'antithèse précédente, mais en prenant le risque devant le correcteur de démonter aussi toute la psychanalyse. Très, très risqué en France, en tenant compte du fait que les professeurs de philosophie sont, pour l'immense majorité d'entre eux, encore favorables à la psychanalyse, mais sont selon nous aussi et surtout victimes de pressions liées à l'obligation des programmes, voire d'autres choses encore que nous ne pouvons nommer ici.
4.Conclusion : en venir à la dernière position de Karl Popper sur le déterminisme : il faut l'abandonner et lui préférer la théorie des propensions pour l'abord et la compréhension de toutes choses, y compris les choses humaines.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".