lundi 9 mai 2016

Un extrait des délires doltoïens au sujet de la lecture et de son interprétation psychanalytique. (Patrice Van den Reysen).







(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).





Voici, cher(e)s récalcitrant(e)s éclairé(e)s, un extrait d'un livre de Françoise Dolto. Si vous aviez commencé votre journée dans une atmosphère de tristesse, ce texte sera apte à solliciter vos zygomatiques, mais ne riez pas trop fort, cela ne plaît pas aux psychanalystes...





Il serait vain de dresser un aperçu de l'influence qu'a pu avoir Françoise Dolto dans toute la sphère éducative française, tant celle-ci est importante.

Mais il est tout aussi vain de tenter d'expliquer à sa juste mesure l'ampleur abyssale du fossé qui impose une distance entre les prétentions faramineuses de tous ses écrits et leur quelconque possibilité de correspondance avec les faits, correspondance qui ait pu être testée, ou qui soit même testable, tant ils sont truffés d'absurdités, d'affirmations arbitraires et n'ayons pas peur des mots, tant elles sont délirantes.

Dès lors, une question s'impose : comment certains décideurs ont-ils pu se laisser convaincre par de telles histoires à dormir debout pour laisser cette dame répandre une véritable peste intellectuelle, non seulement contre la science mais aussi contre la morale et les enfants, si l'on en jugeait également par rapport à ses diverses promotions à peine voilées de la pédophilie, lesquelles apparaissent dans d'autres de ses affirmations, promotions toutes inacceptables et même monstrueuses ? (A propos, vous constaterez que le lien précédent, en bleu, renvoie désormais vers une vidéo qui a été mise en mode "privé" sur Youtube... Que voulez-vous : ces gens-là ne se sentent jamais responsables ni coupables de rien. Ils n'ont aucun scrupule, aucune morale, et ils s'en flattent. Et ils ont bien compris que pour protéger le culte à leur idole, il valait bien mieux "cacher la poussière sous le tapis").
 

*

Commentaires :

Dolto : "Mais d'abord le mot "lire" est un mot qui, pour certains enfants, éveille quelque chose de totalement tabou : c'est le lit conjugal des parents."

Dolto a écrit : "certains enfants". Déjà ce "certains" (...) nous gène. Lesquels ? Quels enfants ? Quelles en sont leurs caractéristiques précises ? Quel âge ? Quel sexe ? Quelle origine sociale ? Quel milieu de vie ? Quels centres d'intérêts ? Voilà tout ce que ce mot ("certains") employé par Dolto peut englober. Il est donc employé comme un grand sac fourre-tout, où le vague et l'imprécision ôtent d'emblée le risque de la réfutation de ce principe théorique posé arbitrairement par Dolto. Où sont les classifications, les statistiques, les chiffres, etc., fournies par Dolto et qui permettraient d'y voir clair, à travers cette expression : "certains enfants" ?

Ce qui est affirmé dans la théorie de Dolto c'est un lien de cause à effet entre deux phénomènes : 

1. La lecture (ou peut-être l'énonciation par un tiers) du mot "lire", et 2. Ce qui serait déjà dans les représentations de l'enfant et compris comme un tabou : le lit conjugal des parents. Ce serait donc par la lecture ou l'énonciation par un tiers du mot "lire" que l'enfant verrait se réveiller en lui (de manière consciente ou inconsciente ...) un tabou lié au lit conjugal des parents, (il ne doit pas savoir ce qui s'y  passe, cet accès lui est tabou, interdit). 


La problématique de Françoise Dolto :

L'interlocuteur à privilégier, est donc, comme l'on s'en doute, non pas tant ce que dit l'enfant, (ou ses parents), mais son "inconscient" et celui de ses parents ; quoique la psychanalyse présuppose ou plutôt affirme sans preuve que "l'inconscient" détermine sans coup férir toute activité consciente. Enfin, et par extension, nous verrons comment Françoise Dolto croit
, semble-t-il, pouvoir parer à toute objection, en convoquant aussi "l'inconscient" des maîtres ou des instituteurs qui seraient incrédules ou ignorants (...) des multiples ficelles dont dispose cet "inconscient" pour rester le "maître dans la maison"...


*

Examinons maintenant comment Dolto s'y prend pour croire démontrer ce lien de cause à effet :


F. Dolto :  
 
"Au moment où l'enfant est en train d'élaborer son interdit de l'inceste, le verbe du "lit" que leur paraît être le mot "lit" rend ce mot banni, et les activités qui entourent le fait de lire sont quelque chose qui le met dans un très grand trouble".

Pour commencer, quelles sont les preuves fournies par la psychanalyse (preuves indépendantes, extra cliniques, bien entendu...), que l'enfant (tout enfant) "élabore (inconsciemment ou consciemment) un interdit de l'inceste", et de surcroît que ce même "interdit" serait causalement lié avec le fait que tout enfant pourrait (...) refuser de lire ou de s'intéresser à la lecture ? 

Ensuite, et puisque la psychanalyse postule depuis toujours un déterminisme psychique inconscient, (mais prima faciae absolu), quel genre de procédure de test Françoise Dolto pourrait-elle ou a-t-elle proposée lui permettant d'assumer la responsabilité de l'absence de toute erreur dans les "calculs" que devrait faire un "inconscient" qui déterminerait ainsi sans coup férir la motivation, (ou le contraire), à la lecture ?... (Mais avec les arguments de Karl Popper contenus dans son livre "L'Univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme" au sujet du "principe de responsabilité renforcé", l'on peut d'ores et déjà démontrer que tout projet "scientifique" de ce type est d'emblée voué à l'échec).

A l'époque de Dolto, il n'y avait déjà strictement aucune preuve d'un "interdit (inconscient) de l'inceste". Et aujourd'hui, c'est toujours pareil : la psychanalyse n'a toujours pas fourni la moindre preuve valide, (fondée sur des tests valides, donc loin de ce prétendu "laboratoire de la psychanalyse" que serait le divan, ainsi que l'a soutenu Daniel Widloecher), que tout enfant élaborerait, (inconsciemment ou consciemment), un "interdit de l'inceste"

Tout ce que la psychanalyse a pu fournir, ce ne sont jamais que des confirmations de cette théorie qui n'ont pu être lues qu'à partir d'elle, donc, qui n'en constituent pas des preuves valides. Ce ne sont que des biais de confirmation d'hypothèse, quoique s'agissant "d'hypothèse", il est plutôt question de vérité révélée, posée de manière totalement arbitraire, parce que, nous le répétons : sans aucune preuve valide.

François Dolto écrit ensuite, "le verbe du lit" (peut-être a-t-elle pensé au “lit qui chante” (...), ou “qui grince”, par ses ressorts, lorsque les parents, eux, utilisent d’autres verbes d’action..?). Voilà bien une syntaxe tout à fait bizarre et incorrecte en tout cas. "Le verbe du lit" cela ne se dit pas en langue française. Pas plus qu'il soit correct d'écrire par exemple, "le verbe de la maison", ou "le verbe de l'arbre", ou de tout ce que vous voudrez d'autre. Et s'il avait été question du verbe lire dans l'expression de Dolto, c'était la même chose. En français, il est incorrect d'écrire, "le verbe du couru", ou le "verbe du mangé", ou de n'importe quel autre verbe.

La "méthode" de Françoise Dolto utilisée ici n'est donc qu'une sorte de "forceps" dont la grossièreté est parfaitement ridicule.

A quoi est censé lui servir ce forceps ? : à faire sortir à toutes forces de son raisonnement ce qui est justement et naturellement interdit par la logique, voire même par le seul bon sens* : il n'est pas du tout évident, a priori, sauf à tenter de le faire croire par l'usage de telles expressions ("le verbe du lit"), qu'un enfant fasse, de manière indubitable, une association de sens, entre le mot "lit" (en l'occurrence, le lit conjugal des parents comme tabou pour l'enfant) comme un lieu "d'action" (où se conjuguent sans doute d'autres "verbes"...), donc comme un "verbe", et le verbe "lire", lui-même. 

Voilà donc comment Dolto n'hésite pas à employer des forceps rhétoriques aussi ridicules qu'incongrus, pour, d'une part, tenter de "faire sortir" une vérité qui n'existe pas, et d'autre part, pour ensuite nous la faire entrer dans nos esprits qui seraient crédules...

Mais il est possible que l’effet de sidération provoqué par l’audace d’une telle formule ait dû en convaincre plus d’un. L'on peut, par exemple s'interroger sur les divers effets de suggestion que peut engendrer l'usage d'incongruités toutes aussi farfelues les unes que les autres mais "contextualisées" dans un argumentaire qui ne l'est pas moins sur des gens qui n'ont ni le temps ni les connaissances pour, dès leur réception, en identifier le caractère inepte et suggestif, mais suggestif de fausseté : ces incongruités n'ont alors d'autre fonction que de faire accepter, sans condition, ce qui est faux, absurde, ou non démontrable. Sans doute que les psychanalystes y verraient là une autre preuve de l'action de "l'inconscient" chez ceux qui se laissent berner par ce genre d'arguties, mais malheureusement, être ignorant n'est pas nécessairement être "inconscient".

Il n'en faut alors pas plus à Françoise Dolto pour affirmer que le mot "lit" est soi-disant "banni" par l'enfant (tout enfant, ou "certains" (...) enfants) sur la base non démontrée du fait que l'enfant ferait une association inconsciente des plus douteuses et improbables entre un nom commun et un verbe d'action. Comment ? En essayant de faire passer l'absurdité suivante : le nom commun "lit" est aussi pour Dolto un verbe d'action (comme lire), peut-être parce que dans un lit conjugal il peut s'y produire "beaucoup d'actions" que l'enfant ne doit pas connaitre.

Cependant, notons qu'en général, il n'est évidemment pas absurde d'associer des noms communs à des verbes d'action. En effet, tout objet connu par un être humain est désigné par un nom commun, c'est-à-dire un terme universel. A moins qu'un objet soit connu pour ne servir à rien, les autres sont connus pour suggérer une action particulière, laquelle peut au minimum, suggérer un verbe d'action particulier, sachant que le verbe suggérer signifie "faire venir à l'esprit".

Par exemple, il est évident qu'une personne habituée à manipuler un stylo, lui associera probablement en le voyant, le verbe "écrire" (c'est-à-dire que l'action d'écrire, suggérée par la vue du stylo, est la plus probable qui puisse lui venir à l'esprit). De la même façon, un enfant qui verrait un jouet désignable sous un nom commun quelconque, pourrait aussi lui associer toute une série de verbes d'action relatifs à son usage. 

Mais, dans le cas de la méthode employée par Dolto, l'on se demande vraiment pourquoi deux objets aussi éloignés qu'un lit, et un autre relié à l'action de la lecture (comme un livre), pourraient être associés dans l’esprit d'un individu (et à fortiori celui d'un enfant), alors que d'ordinaire et surtout en faisant implicitement référence à l'activité sexuelle que  peuvent avoir les gens dans un lit, il n'y a strictement aucun lien entre le fait de lire et une quelconque activité sexuelle. 
 
Comment démontrer que des enfants, y compris les plus jeunes, possèderaient un niveau d'abstraction suffisant puis un accès à des formes de représentations inconscientes qui les rendraient aptes à imaginer des liens "symboliques" et sexuels entre leur propre activité de lecture et le refus de s'y livrer, et ce que peuvent faire leurs parents dans un lit ? De telles capacités d'abstraction ne peuvent-elles être, au contraire, que le fruit de la seule imagination ou capacité de construction métaphysique tout à fait consciente et "symbolique" dont seuls des adultes soient capables ?

Ou peut-être, s’il était question d'une lecture érotique ; mais les enfants ne sont pas du tout censés y avoir accès ou même s'y intéresser spontanément, à moins que l'on ne fasse comme les psychanalystes, c'est-à-dire que l'on attribue indûment des motivations "sexuelles" ou "érotiques" inconscientes à tout et n'importe quoi et en particulier en faisant usage de la prétendue "sexualité infantile"... 

Enfin, il peut s'agir d'une activité intellectuelle, (lire ou écrire), effectuée dans le contexte d'une autre, comme une activité sexuelle. Mais, dans ce cas, (comme du reste, dans tous les autres), comment un enfant pourrait-il en avoir eu spontanément l'idée sans que jamais il n'ait eu un exemple sous ses yeux auparavant, où, accidentellement, il aurait pu surprendre des adultes se livrant à de telles activités associées ? 

En ayant été le témoin d'une telle scène, un enfant pourrait-il en avoir été traumatisé au point qu'il ne puisse plus lire ou écrire quoique ce soit, ou bien  qu'il devienne rétif à toute injonction qui lui serait faite d'écrire ou de lire, pour réaliser, par exemple, son travail scolaire ?.. Après tout, c'est sans doute plausible. Mais, hormis un raisonnement non valide post hoc ergo propter hoc, ("avant ça, donc la cause de ça"), quelle preuve indépendante de liens de cause à effet sont établies à ce sujet, preuves qui engageraient le rôle d'un "inconscient psychique" tel qu'imaginé en psychanalyse ?





Et même dans ce dernier cas d'association, il n'y a donc, en l'absence de preuves valides, vraiment aucune raison valable d'affirmer qu'un interdit sur une activité sexuelle pourrait être relié à un autre, comme sur celui de la lecture (ou de l'écriture) ou de son apprentissage, sauf en utilisant la machine symbolique délirante de la psychanalyse, diverses suggestions opérées sur les enfants (et leurs parents), des analogies croquignolesques, et l'effet de sidération ainsi que l’incongruité occasionnés par des formules aussi grotesques que "le verbe du lit", employées par Françoise Dolto.
 
 
*

Cependant, il y a un point sur lequel notre argumentation critique pourrait être perfectible et donner raison à Dolto :

En effet, la phonétique des deux mots, "lit" (le lit conjugal des parents) et "lis" (le verbe lire conjugué à l'impératif), est identique. En tout cas, il est incontestable qu'elle puisse apparaître identique à l'oreille d'un individu qu'il soit adulte ou non. 

Par conséquent, il est possible de conjecturer ceci : lorsque l'enfant reçoit cette injonction : "lis" (ce livre, ou ce texte, etc.), la phonétique du mot qu'il entend, en tous points identique à celle du mot "lit", (le lit de ses parents) peut sans doute éveiller en lui des souvenirs ou des représentations diverses liées au mystère de ce que peuvent faire ses parents dans leur chambre (dans leur lit, notamment.. ou peut-être lui rappeler en mémoire une scène sexuelle dont il n'aurait jamais dû être le témoin et qui l'a traumatisé...?), et à un interdit posé par eux, du genre : "nous ne voulons pas que tu entres dans notre chambre". Cette similitude phonétique serait donc des plus favorables à une association "inconsciente" par l'enfant, entre le "tabou", l'interdit de savoir ce qui se passe dans la chambre des parents (et dans leur lit), et une sorte de suggestion inconsciente à assimiler cet interdit à un autre : lire un texte ou même d'apprendre à lire ?..

Avec de l'imagination (...), l'on peut aussi formuler cette autre conjecture : il est possible que l'enfant se représente une ressemblance entre les pages d'un livre que l'on feuillette devant ses yeux et les draps d'un lit que l'on ouvre, pour s'y coucher (?) et que c'est par cette voie qu'il associe le lit conjugal de ses parents aux livres qu'on lui demande de lire (?). Ou alors, qu'il ait vu ses parents dans une activité sexuelle où l'un d'eux était en train de lire ?..  

Mais, sans preuve, et avec le symbolisme, on peut faire ce que l'on veut, et formuler beaucoup de conjectures (plus ou moins loufoques), en oubliant parfois qu'elles ne sont issues que d'un esprit adulte, et pas de celui d'un enfant. Or, il nous semble que les psychanalystes, notamment avec leur fumeuse théorie de la "sexualité infantile", soient très enclins à considérer les enfants avec leurs probables représentations, comme des "adultes en miniature", ce qu'ils ne sont pas. 

L'on pourrait cependant rétorquer qu'un psychologue aurait pu réussir à faire avouer à un enfant qui refuse de lire, qu'il a vu ses parents dans leur chambre alors qu'ils avaient une relation sexuelle et que l'un d'eux était justement en train de lire. Cela suffirait-il pour en conclure que "c'est donc ça !" ? La réponse est évidemment : non. C'est non, parce que le psychologue ne pourrait se justifier d'avoir émancipé sa méthode de l'erreur du sophisme post hoc ergo propter hoc, sauf, bien entendu, si des connaissances scientifiques préalablement corroborées par des tests valides sur ce problème précis lui étaient auparavant disponibles...

Les psychanalystes ont donc tendance à attribuer arbitrairement aux enfants des niveaux de représentation de leur environnement et d'eux-mêmes qui sont trop souvent beaucoup trop proches de ceux des adultes (voire même identiques). Parce qu'étant dans l'impossibilité totale d'approcher les enfants et leurs véritables représentations avec des théories qui soient d'emblée parfaitement conformes à ce que sont réellement les enfants dans leurs idées et leurs motivations,  loin de commencer avec d'authentiques hypothèses testables de manière valide, ils sont obligés du fait même de l'autre obligation de "faire réussir les théories de la psychanalyse", de traiter toutes les hypothèses qu'ils formulent à partir de leur seuls esprits d'adultes, comme des faits avérés et ensuite de les imposer “sous l’anathème de l’inconscient”. Anathème qui condamne à tous les coups à la folie celui qui n’y croit pas, (ou qui émet la moindre critique), et qui de ce fait opère aussi comme un chantage.

Quoiqu'il en soit, le problème de la preuve d'une relation de cause à effet entre divers éléments essentiels de cette conjecture, reste entier. Et Françoise Dolto ne fournit, justement, aucune preuve valide, elle affirme de façon péremptoire et arbitraire, et rien d'autre. En conséquence, les questions qui suivent nous semblent s'imposer, et les psychanalystes partisans des affirmations de Françoise Dolto devraient y répondre :

- Quelle(s) preuve(s) de cause à effet démontrée (et démontrable) y a-t-il entre la réception auditive par un enfant du mot "lis" (du verbe lire) et la mobilisation de représentations inconscientes liées au mot "lit" (le lit conjugal des parents) ?

- Quelle(s) autre(s) preuve(s) de cause à effet sur les représentations existe-t-il entre deux mots possédant une phonétique identique, mais deux sens différents ?

- Quelles sont les conditions environnementales, et autres, qui peuvent provoquer des différences "d'effets de représentations inconscientes" d'un premier mot sur un second, et où les deux ont pourtant la même phonétique, mais des sens différents ?

- Quels sont les tests valides, extra cliniques et reproductibles que Dolto a soumis à la critique pour démontrer l'existence de telles preuves, sur de possibles relations de causes à effet ? Réponse : aucun.

Notre question essentielle reste et revient toujours de la même façon : quelles sont les preuves du lien de cause à effet fournies par Dolto, lui permettant d'affirmer une telle relation entre le statut de tabou du lit conjugal des parents pour un enfant, et le fait que le mot "lire" éveillerait en lui "un très grand trouble" ? Où sont les preuves ? Nous savons bien qu'il n'y en a, une fois encore, strictement aucune de valide, aucune. Point.

*            *


Pour terminer, voilà en quelque sorte en quoi consiste l'essentiel de la méthode psychanalytique :

1. Partir d'une théorie de l'inconscient toujours non démontrée de manière valide, et du reste, non démontrable, mais posée arbitrairement sur la base d'une croyance en un déterminisme psychique inconscient, prima faciae absolu, lequel interdit à cette théorie toute mise à l'épreuve par des tests expérimentaux valides. C'est une théorie irréfutable, qui oblige (nous soulignons) leurs utilisateurs, à ne voir constamment (et uniquement) que des confirmations toujours lues à partir d'elle, d'une part, et, d'autre part, à s'obstiner ad nauseam à ignorer cet argument épistémologique pourtant dévastateur : non, les confirmations déductibles d'une théorie, et toujours lisibles à partir d'elles, ne sont pas des preuves valides et indépendantes de cette théorie.

2. Utiliser une méthode symbolique farfelue, parce qu'elle ne s'interdit aucun excès, aucun rapprochement, aucune analogie, aucun ridicule, et parce qu'elle n'est finalement le support que d'une "pensée" sophistique, (par sophismes), des psychanalystes, voire même d'une "pensée magique", comme la qualifia Claude Lévy-Strauss (Cf. Jacques Bouveresse. "Philosophie, mythologie et pseudoscience. Wittgenstein lecteur de Freud", éditions l'Eclat, Paris, 1991). La méthode symbolique, entre les mains d'un psychanalyste, cela devient vraiment des histoires à dormir debout pour identifier tout et n'importe quoi dans n'importe quel comportement humain (ou même dans l'esprit) du moment que cela "confirme" (...) les théories de la psychanalyse ou les préjugés du psychanalyste.

3. Poser, d'entrée de jeu, comme une vérité de base et non problématique, (l’existence de « l’inconscient », notamment), mais qui reste pourtant toujours à démontrer comme tel, et qui ne le fut ni ne l'est encore de manière valide, (quoiqu'en pensent les psychanalystes) ; et prétendre utiliser cette "vérité" comme un outil infaillible d'identification, de description et d'explication des motivations et des comportements humains.

4. Donc, traiter ce qui ne sont rien de plus que des conjectures métaphysiques le plus souvent très hasardeuses (pour ne pas dire ridicules), comme des faits établis et se rapportant au réel de manière indiscutable. (Traiter des hypothèses comme des faits). Ce qui revient peu ou prou, à la même chose que précédemment.

5. Utiliser de façon massive (mais ils y sont obligés, notamment à cause du point 1.), la "méthode" par sophisme post hoc ergo propter hoc, puisqu'ils sont dans l'impossibilité de fournir la moindre preuve valide d'un lien de cause à effet, entre deux phénomènes qui peuvent se suivre dans le temps. Or, il est clair qu'un phénomène inconscient que l'on tient pour la cause d'un phénomène conscient, le précède toujours dans le temps.

Le reste de ce qu'a écrit Dolto, c'est du même tonneau et tombe sous les mêmes critiques. Une phrase comme "Bien sûr, les maîtresses d'école ne le savent pas et cela doit rester inconscient", est affligeante. Elle est affligeante de ridicule, encore une fois. Et pourquoi ? On y ressent la dévotion aveugle de Françoise Dolto pour ses propres théories qu'elle tient pour des "savoirs" dignes de respect, et ceux qui n'y seraient pas encore rompus, comme de pauvres ignorants qu'il faudrait éclairer de leur lumière..

Doit-on y ressentir de la naïveté chez Dolto, ou bien pire : de l'hypocrisie et du charlatanisme qui tente d'exciter la vanité des non croyants en leur montrant d'abord leur stupidité, (donc en les infantilisant),  mais le "gain d'intelligence" qu'ils auraient à gagner à croire en pareilles histoires à dormir debout...?

Le fait que "certains enfants" ne représentent jamais la chambre à coucher des parents dans leurs dessins est encore typique de ce qui a attiré l'attention de Françoise Dolto et de sa méthode : toujours relever les faits à la lumière de la théorie, en pensant que ce sont des "preuves". Or, il y a bien d'autres possibilités qui peuvent motiver un enfant à ne pas représenter la chambre à coucher de ses parents dans de tels dessins, mais nous sommes sûrs qu'un psychanalyste pourrait trouver un moyen de toujours "retourner à Rome" (…).

Enfin, ce lien de cause à effet entre l'anorexie de "certains enfants" (...) et ce que Dolto nomme "l'anorexie scolaire" liée au manque de désir d'apprendre, et bien, c'est toujours pareil : toujours les mêmes "méthodes" employées.













*Mais à cet argument, les psychanalystes pourraient répondre que "l'inconscient cela n'a pas de logique". Voilà encore une de leur théorie (bien pratique pour affirmer sans preuve, et pour échapper à la logique la plus élémentaire) fondamentale, non démontrée, et non démontrable.

Peut-être que Dolto prétendait aussi faire comme Lacan ? C'est-à-dire, "parler l'inconscient" (de l'enfant), tout en le décrivant, donc avoir été en prise directe avec lui ? Allez savoir !..
 
 
*

Dernière question : Françoise Dolto était-elle cinglée ? 

Comme nous l'avons démontré plus haut, il y a, selon Françoise Dolto, une sorte de lien (?) "inconscient", dans l'esprit de l'enfant, entre le lit conjugal, et le verbe lire, lequel conjugué à la troisième personne du présent de l'indicatif, donne aussi, (il) "lit". En résumant, Dolto pense que l'enfant associe (inconsciemment) le tabou sur ce qui se passe dans le lit (...) conjugal de ses parents, et une autre "interdiction", celle d'aimer lire.

En fin de compte, si un enfant n'aime pas lire, c'est, selon Dolto, parce qu'il "sait" qu'il ne doit pas savoir ce que font ses parents quand ils sont enfermés dans leur chambre.. (Enfin.., son "inconscient" le "sait", mais pas véritablement l'enfant lui-même dont la conscience serait prétendument tributaire en totalité de son "inconscient").

Il fallait mettre en évidence, (s'il en était besoin), la totale gratuité des « arguments » de Françoise Dolto, le côté foncièrement arbitraire et dénué de tout scrupule quant à un minimum de rigueur méthodologique de la démarche employée et l’absence de toute méfiance un tant soit peu rationnelle dont elle fit preuve sur sa propre manière de penser, d'argumenter et de démontrer. 

Nous ajouterons que le niveau de naïveté de Françoise Dolto sur le fait qu'elle ait pu croire que tout son charabia fut  rationnellement fondé et n'éveillerait plus tard aucun soupçon sur sa santé mentale et son honnêteté est si  consternant et incroyable que cela nous amène inévitablement à penser plutôt ceci : est-ce qu’elle ne savait pas tout simplement qu'elle disait et écrivait n'importe quoi, et qu'elle trompait son public, en se fichant éperdument de ce que les gens pouvaient penser d'elle, voire en s'en amusant beaucoup en son for intérieur ? Est-ce que Dolto n'avait pas tout à fait conscience de faire partie intégrante de ce qu'il convient de nommer : les charlatans de la psychanalyse ?

Pour nous, la réponse est claire, c'est : oui.

Seulement, il y a un autre niveau de réponse :

Selon nous, si Françoise Dolto avait vraiment une attitude aussi malhonnête face à son auditoire et à ses lecteurs, donc, s'il elle savait qu'elle disait et écrivait sciemment n'importe quoi, et, sur la base de tous ses écrits fumeux et charlatanesques, si, de surcroît, elle était consciente de pouvoir en constater les conséquences bénéfiques pour elle qui en résultaient en matière de notoriété et d'influence (nul doute qu'elle l'était), alors, c'est que cette dame était aussi victime de mégalomanie, et qu'elle était par conséquent, cinglée.


Ou bien Françoise Dolto cultivait-elle une forme particulière de "perversion narcissique" (...) en constatant que son obsession du pouvoir ainsi que son obsessionnel besoin d'emprise sur les gens crédules et ses confrères psychanalystes si prompts à vomir sur l'épistémologie de Karl Popper et les règles de logique les plus élémentaires, lui autorisaient seulement d'ouvrir les bras avec un grand sourire, et de dire : venez à moi, je sais tout, et je détiens des vérités que nul n'osera contester. Ce fut encore une vue de l'esprit de sa part, et manifestement une erreur ... 
 
 
*

Les psychanalystes devraient méditer sur ces propos de Claude Bernard : 


"En résumé, la méthode expérimentale puise en elle-même une autorité impersonnelle qui domine la science. Elle l’impose même aux grands hommes au lieu de chercher comme les scolastiques à prouver par les textes qu’ils sont infaillibles et qu’ils ont vu, dit ou pensé tout ce qu’on a découvert après eux." 
 
(In : Claude BERNARD. « Introduction à l’étude de la médecine expérimentale ». Editions Champs, Flammarion, Paris, 1984, pages 74 – 78).
 

(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).

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Mon roman, "HOAG, un témoignage du futur":















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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.

Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".

Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.

Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".

Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".

Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".

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