« Le monde est une énigme ».
« Nous voilà parvenus à un tournant de notre trop longue excursion. Que savons-nous ? Grâce à la science, beaucoup de choses, si longtemps ignorées, peu à peu découvertes – et presque rien. Presque tout, en vérité. Sauf l’essentiel. Un enfant de sept ans en sait plus aujourd’hui sur l’univers autour de lui et sur son propre corps qu’Aristote et Descartes. Et tous nos Prix Nobel réunis n’en savent pas plus sur le temps qui passe, sur la mort, sur le sens de l’univers, sur le destin des hommes, sur une autre vie possible ou peut-être impossible qu’un gamin d’Ur ou de Thèbes, de Milet ou d’Élée, ou de l’Athènes de Périclès.
On dirait que le monde, réglé avec tant de rigueur pour poursuivre sa carrière depuis la nuit des temps, est construit aussi, de lui-même ou du dehors, pour demeurer une énigme. Si merveilleusement articulée avec l’infiniment petit et l’infiniment grand, avec les atomes et les photons, avec les bactéries, avec les galaxies, avec les étoiles dont elle provient, adaptée comme par miracle à l’univers sans bornes, je ne crois pas que la pensée des hommes soit jamais capable de résoudre cette énigme. »
(In : Jean D’ORMESSON. « C’est une chose étrange à la fin que le monde ». Editions Robert Laffont, Paris, 2010, page : 226).
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Ce n’est pas que le monde soit construit pour « demeurer une énigme », c’est parce que nos théories et tous les instruments dont nous pouvons disposer, aussi sophistiqués soient-ils, demeureront toujours « humains », donc faillibles. A supposer qu’un jour un robot soit assez intelligent pour fabriquer un autre robot dont il aurait projeté une intelligence supérieure à la sienne, ce serait toujours à partir de théories humaines faillibles.
Si l’on perçoit les choses à la façon de D’Ormesson, on peut ressentir de la frustration à être sûr de ne jamais pouvoir comprendre le monde en totalité, c’est-à-dire selon des lois qui pourraient répondre aux exigences inatteignables du « déterminisme scientifique » invalidé par Karl Popper.
Il y a aura toujours de l’indéterminisme, donc de « l’ignorance infinie » tant que nos lois seront « humaines », et elles le seront toujours. Popper, lui, a montré une voie optimiste. C’est celle de la science, dans ses méthodes fondamentalement humaines. Il nous aide à comprendre que toutes les lois qui ont un authentique pouvoir d’explication sur le monde, sont toujours faillibles, et que la part d’indéterminé, ouvre le plus souvent des possibilités heuristiques, donc de découvertes. Cependant, toutes les découvertes scientifiques, c’est-à-dire toutes les corroborations ou solutions à des problèmes, ouvrent sur de nouveaux problèmes, sur de « nouvelles ignorances ». A partir de là, il y a sans doute deux sortes d’hommes : les pessimistes et les optimistes. Popper montre qu’il n’y a pas d’autre solution pour l’humanité que de s’engager dans la voie de l’optimisme, parce que les problèmes les plus graves ou les plus urgents que nous avons à résoudre ne peuvent rester éternellement irrésolus.
Pourtant, quelques hommes ont cru en l’omniscience et pouvoir accéder au « savoir des dieux ». Il y a par exemple, Hegel et Freud, mais c’étaient justement, tous les deux des charlatans.
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".