« C’est quoi penser ? C’est se faire une idée de soi-même et du monde autour de soi. Qui se fait une telle idée ? Seul, autant que nous le sachions, dans l’immensité de l’univers, un individu minuscule jusqu’à l’inexistence : moi – c’est-à-dire nous. Il y a plus de distance entre l’univers et l’homme en train de le penser qu’entre un grain de sable et l’océan. Mais le grain de sable, qui est moins que rien, est capable – miracle inouï – de se penser lui-même et de penser le tout. »
(In : Jean d’ORMESSON. De l’Académie française. « C’est une chose étrange à la fin que le monde ». Editions Robert Laffont. Paris, 2010, page : 176).
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Penser, c'est faire des hypothèses. Se tromper ou réussir, peu importe en fin de compte, parce qu'il nous est impossible d'acquérir une quelconque certitude que ce soit sur nos réussites ou nos échecs ; et cela parce que nos tests sont toujours faillibles. Ce qui est important, c'est d'essayer, et de toujours se mettre à l'épreuve. Mettre son "moi" à l'épreuve, ou bien la Nature. On ne peut se "penser soi-même" en dehors de la Nature, des autres, ou, comme l'écrit d'Ormesson, de "l'univers". La pensée ne peut donc être, à nos yeux, qu'une ouverture toujours recommencée sur ce qui n'est pas "soi", mais à partir de ce que le "soi" a acquis comme connaissances, grâce aux influences et aux transformations qui lui ont été permises par ses contacts avec l'extérieur. Nous ne sommes rien sans les autres, sans la Nature, sans l'Univers. Rien. Pour nous, il existe une mise à l'épreuve ultime pour le "soi" : c'est l'amour. Parce qu'il n'existe aucune autre tension "interne" qui ne remue autant le "soi". Le transfert des psychanalystes, ne peut pas "remuer" le "soi". Il ne peut que créer une funeste illusion d'une mise à l'épreuve interne et d'une prétendue rencontre avec sa propre histoire. Pour nous "remuer", il nous faut quelqu'un qui soit au diapason, en harmonie, avec nos bouleversements internes. Il faut que l'échange soit réel. A défaut, il faut les valeurs que représentent l'autre partie, soient perçues de façon assez bouleversante pour que cet effet se produise. Aucun psychanalyste ne peut donc nous "bouleverser". Nous n'avons pas besoin d'eux.
Vivre consiste donc à penser. Mais à penser dans le but de vivre comme des "hypothèses" ou des "brouillons". S'arrêter sur une réussite ou un échec que l'on croit définitif, s'est se tromper. En amour, on échoue jamais. Nous voulons dire que les sentiments changent toujours quelque chose, et vous font avancer plus loin, dans le bon sens. Il n'y a d'échec, dans ce domaine, que pour ceux qui souhaitent, ou qui croient en une possible "réussite totale" (qu'ils ont échouée), c'est-à-dire en la fin de l'individu, puisque l'individu parfait et "fini", parce qu'il serait perçu comme "conquis", n'existe jamais dans le réel. Nous ne savons pas, nous ne pouvons pas savoir si un tel individu peut exister, tout simplement, parce que nous ne disposons d'aucun moyen suffisamment précis pour le savoir, et nous n'en aurons jamais.
Par conséquent, il n'existe pour nous, en toute logique, qu'une seule voie, c'est celle de l'optimisme. L'optimisme, nous voulons dire, cette force de remise en question et de réflexion qui nous permet de ne pas nous tromper sur la nature de nos échecs, pas plus que celle de nos réussites. Cet optimisme-là, parce qu'il n'entrevoit sa propre marche sans se savoir faillible, est donc, pour nous, indissociable du courage.
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".