samedi 20 décembre 2014

"La psychanalyse et l'individu libre". (Patrice Van den Reysen).









L'individu libre, ne peut qu'être par essence, "résistant" (...) à toute psychanalyse. Pourquoi ? Il faut tenter de comprendre, en premier lieu, ce que peut bien signifier, se sentir libre. Dès lors que l'on est doué de raison, d'esprit critique et d'indépendance d'esprit, on ne peut absolument pas se passer de l'autonomie (ce qui ne nous semble pas contradictoire avec la liberté) et, dans beaucoup de domaines, toujours souhaiter être autodidacte. Autodidacte, parce qu'un individu libre (il ne peut vraiment se croire l'être s'il n'a pas d'abord les qualités pré-requises et que nous avons citées précédemment), tente toujours, comme par instinct, d'acquérir les diverses compétences et autres habiletés nécessaires à son existence, seulement par lui-même, tout en sachant qu'il dépend, dans son propre apprentissage, des recherches précédentes des autres et des erreurs qu'ils ont pu commettre et corrigées. 

Un individu libre, ne peut donc jamais accepter, quoique l'on fasse, que l'on prétende "l'aider à penser", "à se penser lui-même", et à penser les problèmes qui l'environnent, mais dans le sens où il n'accepte jamais aucune forme de paternalisme et d'autoritarisme, aucune. Les individus libres n'ont aucun problème avec l'autorité, mais ils posent toujours des problèmes  pour l'autoritarisme et les "petits chefs" qui n'ont pour eux que deux fonctions : les laisser en paix, ou se faire écraser. L'individu libre n'accepte jamais d'être "chaperonné" ou "supervisé" par personne qui finalement n'aurait d'autre but que de venir imposer un ascendant et infantiliser par orgueil, par vanité, ou par jalousie... Il se méfie systématiquement de toutes les approches séductrices et donc trompeuses ou faussement   motivées par l'empathie, la "discussion", utilisées comme les masques tout à fait conscients d'autres motifs bien réels : soumettre la conscience, endoctriner, et à défaut : humilier, infantiliser,  insulter, frustrer. Il se méfie donc des "beaux parleurs" et autres "rhéteurs", ces personnes gluantes de vanité qu'il est impossible d'éconduire sans finir par avoir envie d'avoir recours à l'usage de la violence physique pour y parvenir.

L'individu libre souhaite rester entièrement libre de reconnaître si une autre personne peut lui être utile par son intelligence, ses connaissances ou son expérience. Sinon, il rejette systématiquement toute forme de paternalisme qu'il ressent invariablement comme une insulte et une provocation à la violence. Un individu libre n'accepte donc jamais aucun prétendu "dominant" et ne souhaite lui-même jamais être le prétendu "dominant" d'autrui. Les soi-disant "dominants" ne peuvent jamais intimider un individu libre, ils ne peuvent que l'insulter ou pire : finir par le mettre en rage et lui donner envie d'en venir aux mains.

Par exemple, l'individu libre doit être naturellement récalcitrant aux idéologies, et à toutes formes de pensées ou de systèmes de pensées totalitaires. Par voie de conséquence il ne peut qu'être conduit à rejeter également toute forme absolue de déterminisme, d'apriorisme, allant même jusqu'à envisager de rejeter entièrement le déterminisme pour n'accorder crédit qu'à la théorie des propensions.

Mais l'individu libre, qui "se sent libre", ne peut selon nous prétendre à être rationnel et considéré comme tel que s'il est capable d'envisager les limites inhérentes à toute "liberté concrète", nous voulons dire : toute forme de liberté qui soit réellement éprouvée, ressentie ou vivable dans le monde réel. Ainsi, aucun déterminisme absolu n'est acceptable : qu'on pense le justifier dans ce qui permet d'imaginer puis défendre une idéologie ou un système de pensée niant le libre arbitre, ou que l'on pense justifier l'autre absurdité selon laquelle une "liberté absolue" pourrait être "concrète", c'est-à-dire vivable, éprouvée, ressentie dans le réel.

La psychanalyse se présente toujours et encore, comme une doctrine et même une idéologie aux accents nettement totalitaires. Ne parlons pas de "pensée" : la psychanalyse, n'est pas, et n'a jamais été à nos yeux une pensée digne de ce nom, puisqu'il ne peut y avoir l'ombre de l'existence de la moindre pensée qui ne s'accompagne du rationalisme critique, de la prise de conscience de sa nécessité logique permanente pour l'évolution qui sera toujours sujette à la critique de connaissances qui demeureront toujours faillibles si elles prétendent s'appliquer aux faits, au lieu de son dénigrement contre l'audace des tentatives de réfutations inédites qui peuvent déstabiliser les dogmes, les constructions intellectuelles péremptoires, les vérités révélées et autres affirmations arbitraires et sans preuve

Et nous irons plus loin encore : seul le rationalisme critique est un véritable mode de pensée, ou même une action de la pensée. Nous nous situons, bien entendu, dans le contexte de la pensée qui se confronte à de réels problèmes complexes à résoudre, ou même lorsqu'elle doit séparer le bon grain de l'ivraie, et identifier les faux problèmes, les théories creuses, réfutées, ou irréfutables, afin de les éliminer. Par conséquent, la psychanalyse, en tant que telle, ne peut rien offrir à l'individu libre. Nous voulons dire qu'elle ne peut pas prétendre lui offrir une aide quelconque, et en quoique ce soit. Tout ce qui peut aider l'individu libre, se limite, selon nous à ceci : 1. La logique ; 2. L'épistémologie ; 3. La connaissance objective testable de manière indépendante (ce qui recouvre des domaines très variés dont est exclue la psychanalyse) ; 4. Le rationalisme critique utilisé pacifiquement et respectueusement contre les idées ou les projets de l'individu libre, si et seulement si, ce dernier y consent.

Dans ses "méthodes" (...), la psychanalyse se targue de "renvoyer le sujet à lui-même" et cela de manière obsessionnelle par une pratique intrusive, vampirique et infantilisante de l'interprétation par "l'inconscient", méthode et théorie qui sont les deux incurables et intolérables (quand elles ne sont pas insupportables) obsessions de la psychanalyse contre l'homme libre et sa croyance en son libre arbitre. Voilà bien un projet qui, à lui seul, permet de définir toute l'inutilité de la psychanalyse, et son caractère délétère, pervers et destructeur  par rapport à l'identité de l'individu libre et même son caractère insultant. 

Car cet individu, est, d'une part, "sujet à lui-même" et autonome. Et, d'autre part, du fait de son autonomie de pensée, et de l'usage qu'il peut faire du rationalisme critique, (non sur la base des théories vides ou délirantes de la psychanalyse), mais sur la base d'un examen autonome de sa conscience en relation avec de véritables connaissances objectives, et/ou d'autres personnes, il n'a donc pas besoin d'être soi-disant "renvoyé à lui-même" sur la base de "théories" vides, irréfutables ou délirantes. 

Ce projet traduit aussi, de façon quelque peu accessoire la vanité ridicule de la psychanalyse qui prétend naïvement pouvoir se placer "au-dessus" de la liberté, de l'autonomie de l'individu que nous avons décrit. Mais il s'agit plutôt d'une réaction d'orgueil, issue, comme toujours, d'une profonde et honteuse "blessure narcissique" de la psychanalyse : se rendre compte qu'elle est totalement inutile ou nuisible pour l'individu normal et libre, et qu'avec lui, elle ne pourra jamais parvenir à ses fins : l'endoctriner, le soumettre, ou détruire son identité. La vanité de la psychanalyse est telle, qu'elle en devient aveugle. Elle ne voit plus le ridicule de sa situation, ridicule pourtant bien identifié et ressenti comme tel par l'individu libre qui évalue la psychanalyse, car pour lui elle ne peut que lui offrir un spectacle lamentable, sinon pitoyable : ce culte de l'égo, de la vanité, du vampirisme intrusif (qui ne manque pas de s'accompagner du mépris et de la condescendance), du narcissisme et de l'orgueil poussé au paroxysme.

La bêtise consiste à simplifier ou réduire les pensées, dans le but de la certitude ou de l'irréfutabilité. Les simplifications et ce réductionnisme là sont pour la bêtise des refuges qui lui paraissent indestructibles. Ce qui peut détruire la bêtise, ou au moins la réduire, c'est toujours le rationalisme critique lorsqu'il envisage la multiplicité ces causes d'un problème, et la situation de propensions dans lequel se trouve un problème. 

Maintenant, si l'activité scientifique tend à vouloir "réduire" l'explication du comportement d'une chose "par l'unique explication", il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit aussi d'une activité de sélection par l'intermédiaire de tests, dont la faillibilité même est paradoxalement (pour le profane) nécessaire à la science et à sa continuation. Pour Karl Popper, comme il l'écrit dans La logique de la découverte scientifique, l'utilité pour la science de la simplicité des théories, n'a de sens que parce que par "simplicité" on envisage les théories les plus faciles à soumettre à des tests, donc celles qui sont les plus riches en contenu empirique. Ces théories, qui peuvent être "simples" dans leurs formulations, contiennent donc en elles-mêmes plus de "complexité", dans le sens où elles permettent d'envisager plus d'informations sur le monde ou sur un phénomène, grâce à la richesse de leur contenu empirique. Popper : "Si la connaissance est notre objectif, des énoncés simples doivent être plus appréciés que des énoncés moins simples parce qu'ils nous disent davantage, parce que leur contenu empirique est plus grand et qu'il est plus facile de les soumettre à des tests". (K. Popper, La LDS, 1979, p. 143). Ensuite, p. 145, Popper ajoute que : "A mon point de vue, l'on doit dire qu'un système est complexe au plus haut degré si, conformément à la pratique conventionnaliste, on y tient comme à un système à jamais établi qu'on est résolu à sauver, chaque fois qu'il est menacé, par l'introduction d'hypothèses auxiliaires. En effet, le degré de falsifiabilité d'un système ainsi protégé est égale à zéro. Ainsi sommes-nous ramenés, par notre concept de simplicité, aux règles méthodologiques de la section 20 ; et surtout à cette règle ou principe qui nous prévient d'être indulgent envers les hypothèses ad hoc et les hypothèses auxiliaires : au principe de parcimonie dans l'usage des hypothèses."

La psychanalyse n'a jamais corroboré ni réfuté par un véritable test scientifique, aucune de ses théories. Nous ignorons et nous ignorerons probablement toujours tout de la réelle portée descriptive des théories de la psychanalyse. Mais voilà en quoi consiste la "simplicité" pseudo-scientifique de la psychanalyse : tout peut se ramener à l'inconscient qui lui-même est réglé par une loi d'airain : le déterminisme psychique prima faciae absolu. Ainsi, la psychanalyse ne peut que faire fourmiller une pléthore "d'hypothèses ad hoc", ou "d'hypothèses auxiliaires" qui se trouveront toujours confirmées par les faits lus à leur lumière, hypothèses jamais réfutées ou corroborées, mais simplement remplacées par d'autres, par un jeu de mots, de rhétoriques, ou de "sens" (...), jeu tout aussi dogmatique que sectaire, et dont le rationalisme pseudo-critique n'oeuvre en réalité que pour le maintien de la théorie et jamais pour l'épanouissement de personne.

Patrice Van den Reysen. (Tous droits réservés).






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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.

Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".

Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.

Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".

Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".

Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".

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