"(...) Dans son livre[5], Helena Basserman Vianna, usant de
documents d’archives incontestables, retrace un drame dans lequel elle fut en
partie impliquée, et dont les protagonistes furent d’authentiques
psychanalystes freudiens, membres de l’IPA. Amilcar Lobo, (qui avait été son
analyste), avait été un tortionnaire au service de la dictature et avait
participé à des séances de torture. Marie Langer, grande figure antifasciste et
personnalité respectée de la psychanalyse, saisit l’IPA, de l’affaire en
s’adressant à son président Serge Lebovici, membre de la SPP. L’IPA couvre
Amilcar Lobo, tandis qu’Helena Basserman Vianna est accusée de délation sur la
personne d’un innocent et de complot visant à déstabiliser la psychanalyse et
échappe de peu à un attentat. Maria Langer, menacée de mort par l’Escadron de
la mort est contrainte de s’exiler au Mexique. Helena Basserman Vianna sera
réhabilitée en 1980 quand un ancien prisonnier politique révélera les atrocités
commises par Lobo.
L’histoire est en fait nettement plus complexe et témoigne de la
tragédie transférentielle qui s’est jouée sur trois générations de
psychanalystes : Werner Kemper, un ancien collaborateur des nazis, qui en
Allemagne a été un membre actif de l’institut du sinistre Mattthias Heinrich
Göring, s’est réfugié à Rio de Janeiro, en dissimulant son
passé. Il y fonde la Sociedade Psicanalitica do Rio Janeiro (SPRJ, Rio I),
reconnue deux ans plus tard par l’IPA. Il y forme de nombreux futurs analystes,
dont Leao Cabernite qui deviendra président de l’association fondée par Kemper,
et sera lié à la dictature. Parmi ses élèves et analysants, Amilcar Lobo
Moreira, lieutenant de la police militaire et médecin.
En somme, un ancien collaborateur des nazis dissimule son passé
et forme un analyste proche de la dictature qui forme un tortionnaire.
Pour pouvoir montrer que les psychanalystes se désintéressent de
la politique, Yann Diener « oublie » de mentionner qu’en février
1997, avec la participation de la revue Etudes freudiennes, la
SIHPP , - dont il était alors un membre actif-, a organisé une
rencontre à l’hôpital Sainte-Anne autour du livre d’Helena Besserman Vianna.
René Major, a animé ce débat où étaient présents Helena Besserman Vianna,
Wilson de Lyra Chebabi, Elisabeth Roudinesco, Conrad Stein. Maria Menezes,
victime du tortionnaire Amilcar Lobo Moreira da Silva, avait accepté de venir
témoigner de ses souffrances. Invités à s’exprimer, Serge Lebovici et Daniel
Widlöcher n’ont pas assisté à la rencontre qui a rassemblé de nombreux
participants et a eu, compte-tenu du sujet abordé, un retentissement important.
De même il a « oublié » de mentionner qu’en
juillet 1979, s’est tenu à New York le XXXIè congrès de l’IPA
qui, par un vote à main levée, a condamné, la violation des droits de l’homme
en Argentine sous la dictature, et l’utilisation des méthodes psychiatriques et
psychothérapiques à des fins de privations des libertés.
Comme il avait oublié aussi qu’en septembre 1980 s’est tenu un
colloque à Rio de Janeiro sur le thème “Psychanalyse et fascisme” où un
prisonnier témoigna de la participation d’Amilcar Lobo à des séances de torture
ce qui permit la réhabilitation d’ Helena Besserman Viana.
Comme il a « oublié », le vingt-deuxième colloque de
la SIHPP qui s’est tenu en anglais à Londres (University College) les 29
et 30 novembre 2008, sur le thème Psychanalyse, fascisme,
fondamentalisme - Il a été organisé par Julia Borossa en
collaboration avec le Freud Museum, le Center for Psychoanalysis (Middlesex
University) et le Birkbeck College (Londres). Avec la participation de David
Bell (psychanalyste, BPS, IPA), Carolyn Rooney (directrice du Center for
Colonial and Post-colonial research, Kent University), Fakhry Davids
(psychanalyste, BPS, IPA), Moshin Hamid (écrivain et journaliste), Stephen
Frosh (professeur de psychologie, Birkbeck Coll.), Daniel Pick (historien et
psychanalyste, Birkbeck Coll., BPS, IPA), David Modell (cinéaste et écrivain),
Elisabeth Roudinesco et Jacqueline Rose (professeur de littérature anglaise,
Queen Mary College). (...)".
Le psychanalyste-tortionnaire, Amilcar "lobo" Moreira Da Silva. Comme Eichmann, et pour reprendre Hannah Arendt, c'était un individu tout à fait ordinaire (...), mais une pourriture tout de même :
Cette affaire monstrueuse de psychanalyste-tortionnaire, (mais, au fond, sont-ils tous autre chose ?..), permet de bien caractériser l'une des méthodes favorites de la gent psychanalytique vis-à-vis de ce qui la gêne, autrement dit, de tout ce qui pourrait ternir l'image de la psychanalyse et des psychanalystes : mentir.
Mentir de toutes les façons possibles, et notamment par omission. L'on nous parle ici de "tragédie transférentielle" ? Mais qu'est-ce donc que ce qualificatif sinon un terme encore issu de la psychanalyse ? Son usage veut-il dire que même celui qui nous fait part, sans complaisance, de cette affaire, est tout de même prêt à admettre que "l'aura" de la psychanalyse, ses théories, sont malgré tout "en-dehors-de-tout-ça" ? Ou bien que c'est la psychanalyse qui elle seule peut se juger elle-même et ses adeptes, parce qu'elle "s'autorise (soi-disant) d'elle-même" ? Mais quand comprendront-ils, ces psychanalystes, qu'il n'est jamais valide d'être juge et partie ? Quand ?
L'on dirait qu'elle retombe toujours sur ses pieds, la psychanalyse, quoiqu'il arrive, et cela, c'est insupportable. Quant à tous ces "oublis", comment ne pas affirmer que les psychanalystes ont une fois encore tenté de noyer le poisson, ou même une baleine (tant les faits son évidents et les témoignages accablants) dans des eaux où elle a toujours nagé ?
Allons vomir plus loin...
(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).


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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".