"Lorsque le psychanalyste vous persuade que « Ceci est en réalité cela », cela signifie « qu’il y a certaines différences que vous avez été persuadé de négliger » (Lectures and Conversations, p. 27) Wittgenstein admet explicitement que, lorsqu’il essaie, en philosophie, d’attirer l’attention sur certaines différences, il se livre, lui aussi, à une tentative de persuasion : « Si quelqu’un dit : « Il n’y a pas de différence », et que je dise : « Il y a une différence », je fais de la persuasion, je dis « Je ne veux pas que vous regardiez la chose de cette façon » » (ibid.). Nous savons que l’auteur des Recherches philosophiques avait une prédilection particulière pour le mot fameux : « Everything is what it is and not another thing. » Cela devrait être pour lui, d’une certaine façon, le mot d’ordre de la philosophie : et cela signifie justement que les objectifs de la philosophie sont bien différents de ceux d’une entreprise théorique, que celle-ci soit réellement scientifique ou en ait, au contraire, comme c’est pour Wittgenstein le cas de celle de Freud, simplement les apparences. Le philosophe est, lui aussi, quelqu’un qui rente de vous persuader de quelque chose et qui n’y réussit pas forcément. Il essaie, par exemple, de vous faire admettre que la théorie freudienne propose et finalement impose simplement une façon possible, mais non obligatoire, de considérer les objets dont elle traite. Et à cela quelqu’un peut réagir avec une incompréhension totale en disant que la psychanalyse nous a bel et bien dévoilé la vraie nature des objets en question, ce qui signifie simplement qu’il accepte entièrement les explications qu’elle propose. L’obligation de recourir à la persuasion n’est pas un défaut regrettable, parce que la philosophie n’a justement pas grand-chose à voir avec une science ; et le tort de la psychanalyse est essentiellement de croire qu’elle est en une. Il n’est pas nécessairement d’utiliser la persuasion de la manière dont elle le fait, mais plutôt d’ignorer que c’est essentiellement ce qu’elle fait et de sous-estimer les dangers considérables que cela comporte. »
(In : Jacques BOUVERESSE, « Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud », éditions l’Éclat, Paris, 1991, page : 140).
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Commentaires :
Nous sommes pleinement d'accord avec les arguments que propose le Professeur Jacques Bouveresse. Nous y ajouterons les accusations fondées par d'autres critiques, de l'utilisation massive de la suggestion, de la manipulation mentale, de divers moyens de pression plus ou moins abjects, de l'intimidation, de l'infantilisation, etc., etc., etc...... La liste des "méthodes" délétères que l'ont peut mettre à jour hors de cette boîte de Pandore qu'est la psychanalyse, est encore longue. Cependant, nous n'oublierons pas ce goût si particulier pour la jouissance affichée et assumée des psychanalystes à observer consciencieusement le mal qu'il font à leurs détracteurs la plus informés sur la valeur zéro de leur doctrine, (par l'énervement qu'il peut susciter), en faisant cet usage si pervers et nauséabond de la rhétorique de mauvaise foi, du mensonge, et du retournement (...).
Karl Popper, dans un très brillant article intitulé "Le mythe du cadre de référence", démontrait que dans toute bonne discussion critique, il ne fallait pas chercher à convaincre une autre personne en désaccord, mais simplement lui montrer qu'il existait une controverse possible, une alternative possible à ses idées, et qui soit digne d'être entendue et considérée avec raison et respect. Le rationalisme critique, en effet, exige au moins deux idées concurrentes. Il ne peut donc exister sans une certaine audace de l'esprit qui ne va pourtant jamais dans le but de vouloir, ni humilier ni plier l'adversaire qui n'est pas d'accord ; mais qui exige aussi nécessairement la mise en oeuvre de l'indépendance d'esprit et, dans certains cas, du courage intellectuel.
En face d'un psychanalyste, ni l'indépendance d'esprit, ni le courage intellectuel, et surtout pas le rationalisme critique, n'ont droit de cité. Et ils ont, dans les pires cas, envie de se taire d'eux-mêmes, de peur de s'entendre dire qu'ils ne seraient ravalables qu'au niveau de la prétendue "névrose de résistance inconsciente", ou autre pitrerie psychanalytique de ce genre, qui, comme on le sait dans les milieux éclairés par l'épistémologie, ne sert aux psychanalystes qu'à jouer ad infinitum sur le trampoline rhétorique et pseudo thérapeutique. On sait que ce genre de stratagème a surtout la fonction de venger continuellement le psychanalyste des multiples blessures narcissiques qu'il subit en face de ces critiques éclairés et définitivement rebelles à ses histoires à dormir debout.
Pour qui s'est donné la peine de lire les critiques externes, les principaux ouvrages de Freud, et connaît les éléments fondamentaux de l'épistémologie ; pour qui aime la Vérité, comprend la vraie méthode scientifique ; pour qui a vu comme les psychanalystes se sont comportés vis-à-vis de Jacques Bénesteau, de Michel Onfray, de Sophie Robert, pour ne citer qu'eux, il est rationnellement (nous soulignons) impossible d'admettre que la psychanalyse puisse être, non seulement une science, mais encore une bonne philosophie, ou seulement une "pensée". Ce n'est rien de plus qu'une doctrine totalitaire, et c'est déjà trop. Beaucoup trop. Il faut donc travailler à l'éradiquer, et à la renvoyer aux oubliettes de l'histoire, comme y furent renvoyés la phrénologie ou le mesmérisme ; et espérons-le définitivement, le stalinisme et le nazisme.
Les gens qui se laissent encore persuader par la psychanalyses, la plupart du temps sont mal informés. Ils ne sont pas cultivés avec l'épistémologie et la critique externe. Et les psychanalystes interprètent très souvent (sinon toujours) l'impossibilité de leur répondre comme une victoire, une confirmation du "bien fondé" de ce qu'ils pensent. Mais ils oublient, à dessein, que ce n'est pas parce que certaines personnes sont incapables d'argumenter contre eux, qu'il n'existe pas d'arguments valides et dévastateurs contre leur doctrine, lesquels, s'ils étaient employés par des personnes informées, et surtout si eux (les psychanalystes) étaient honnêtes et pouvaient cesser de se comporter comme des sociopathes dans les débats, seraient en mesure de leur clouer définitivement le bec.
P.S. compte tenu de l'endoctrinement dont sont victimes beaucoup trop de gens, par la psychanalyse, nous n'avons rien à craindre du reproche complètement inopportun qui nous serait fait d'être prétendument "paternaliste", bien au contraire! Car, contre cette secte qu'est la psychanalyse, il ne s'agit pas d'être "minimal", mais "maximal". Et dans quel sens ? Dans celui, bien sûr, de s'informer, de se cultiver, et de se former. Et, en tant qu'enseignant, de divulguer et de faire partager aussi ouvertement que possible les critiques et les arguments épistémologiques disponibles et efficaces contre la psychanalyse.
Personne n'est obligé de lire Popper et/ou les critiques de la psychanalyse. Cette dernière n'a de cesse que de répandre à tout crin ses "théories" et autres interprétations délirantes, avec ce vampirisme obsessionnel qu'on lui connait bien. Or, dans une société libre, il est toujours bien venu de tenter d'au moins faire "bon poids, bonne mesure", ne serait-ce qu'en présentant des critiques et des informations disponibles à qui veut se donner la peine d'en prendre connaissance.
Donc, libre à chacun de fermer les yeux, de se mettre les mains sur les oreilles ou devant la bouche, s'il s'agit de lire, d'entendre, ou de parler de ces critiques de la psychanalyse. Mais, libre à qui voudra de lire, de s'informer, de juger, mais aussi d'entendre des critiques et des "contre critiques", puis de parler aux autres pour tenter d'au moins faire partager les connaissances disponibles indispensables.
Pour terminer, nous prendrons au grand dam des membres de la secte psychanalytique, (il faut l'imaginer), la liberté de dire encore ceci : l'enseignement de la philosophie dans les lycées français, est selon nous trop largement lacunaire en ce qui concerne l'épistémologie et la philosophie des sciences. Et, d'après nos informations, Sigmund Freud et Jacques Lacan, y sont encore présentés comme des penseurs honnêtes ayant apporté beaucoup de bien à l'humanité, alors que c'est l'exact contraire. À qui la faute ? À nos collègues enseignants de philosophie ? Certes, non ! Mais à la formation qu'ils subissent, et peut-être aussi au terrorisme intellectuel qui doit l'accompagner toujours s'agissant de "ce qu'il faut dire sur la psychanalyse", et... "de ce qui ne doit surtout pas être dit parce que cela pourrait trop gravement mettre à mal le statut de pensée unique et d'idéologie dominante de cette doctrine".
Enfin, et de manière plus concrète pour une action vers l'ouverture d'esprit des lycéens, nous pensons que les C.D.I des lycées français, devraient toujours offrir ceci à leurs élèves : l'image aussi rationnelle que possible de l'existence de controverses, et non de dogmes qui semblent bien établis et que tout le monde accepte. En clair, il faut qu'il y ait des livres de Freud, de Lacan, etc. Ensuite, il faut des livres de Popper, et aussi bien entendu, des livres critiques de Popper (Lakatos, Chalmers, Fayarebend, Grünbaum, etc.). Des livres qui défendent la psychanalyse, et des livres qui la critiquent en externe, c'est-à-dire par des intellectuels qui ne sont pas obligatoirement des psychanalystes. La controverse, dans un sens scientifique, ou tentant de s'en approcher le plus, voilà la meilleure image à donner de la pensée à nos lycéens.
(Patrice Van den Reysen. Tous droits réservés).
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".