« (…) Le fait que le sujet ignore généralement une bonne partie des raisons qui le font agir ne réduit pas celles-ci à l’état de causes sur lesquelles il est en réduit à des hypothèses. Ce qu’il ignore en pareil cas, ce sont justement des raisons, et non des causes. En d’autres termes, Freud traite la raison comme une cause, en supposant qu’elle peut être conjecturée par une procédure du type scientifique et confirmée à la fin par l’acquiescement du sujet qui la reconnaît comme ayant été effectivement sa raison : et il traite la cause comme une raison, en supposant que les causes qu’il recherche peuvent être connues de la deuxième façon, qui n’a rien à voir avec la manière dont on vérifie des hypothèses causales dans une science expérimentale.
Cioffi s’est demandé si, en parlant d’une confusion entre les raisons et les causes, on ne passe pas sous silence un élément essentiel de la situation : des raisons qui sont des causes constituent justement des raisons que le sujet peut très bien ignorer (comme il ignore la plupart des causes de son comportement) ou ne pas accepter, en dépit de fait qu’elles sont bel et bien les « vraies » raisons (selon la théorie). Dire que l’action a été déterminée par un processus inconscient revient précisément à dire qu’elle a été produite par quelque chose qui peut à la fois être ignoré et rester ignoré (comme une cause) et être connu avec une certitude immédiate (comme une raison), de sorte qu’il est toujours possible d’interpréter le refus du sujet comme un désaccord normal (mais sans conséquence) sur la cause de son action et son assentiment comme la preuve du fait que la vraie raison a bien été identifiée : « L’objection que l’on peut formuler contre le fait de parler, dans ce contexte, de l’abominable gâchis que font les disciples de Freud en confondant cause et raison est que cela représente l’état de choses réel plus qu’il ne faudrait comme un état de confusion sans remède et néglige la manière dont la confusion est exploitée astucieusement pour servir les intérêts de la théorie. Dans la notion de raisons qui sont des causes, il y a plus de flair grammatical que d’embrouillamini grammatical » (Wittgenstein’s Freud, p. 195). »
(In : Jacques BOUVERESSE. « Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud ». Éditions l’éclat, Paris, 1991, pages : 85 – 86).
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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.
Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".
Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.
Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :
"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".
Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".
Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".