vendredi 11 mai 2018

Joseph Agassi, récalcitrant très éclairé.



































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Joseph Agassi :










Commentaires :




"L'épreuve de vérité".




Si le projet est d'apprendre sur la Nature, (Nature humaine incluse), alors, le point de départ de toute recherche orientée par l'édification de lois universelles, puis de classifications des phénomènes naturels dont l'objectivité pourrait être reconnue, est toujours de formuler une conjecture qui pourra guider l'action sélective de l'observation. Car la théorie, la conjecture, l'opinion, l'hypothèse, précède toujours l'observation sur toutes choses et dans tous les domaines. Personne ne peut échapper à cette règle logique. (Il n'y a pas d'induction, ce n'est qu'un mythe dans la théorie de la connaissance).

Si l'on décide qu'une théorie, une conjecture, une opinion ou une hypothèse doit être considérée comme "valide a priori", ou prima faciae vérifiée selon un postulat déterministe, lui aussi prima faciae absolu, alors la recherche est inutile, et elle ne peut pas même commencer.

Si l'on décrète qu'une théorie, une conjecture, une opinion ou une hypothèse a pu être vérifiée avec exactitude, donc selon une précision absolue, ou "probablement absolue" (...), alors la recherche s'arrête, et la Science également.

Mais...

Qui que l'on soit : scientifique, ou simple homme ordinaire, l'on ne peut éviter d'utiliser un langage pour décrire la Nature, ou même seulement tenter de formuler des conjectures, etc., qui seraient susceptibles de prouver leur portée descriptive. 

Et si l'on utilise un langage humain, il est totalement impossible, pour la réalisation des précédents projets, d'éviter d'utiliser aussi des noms communs, donc, des termes universels, lesquels, qu'on le veuille ou non, ne peuvent jamais être "constitués", ou "vérifiés". (K. Popper. "La logique de la découverte scientifique"). 

Il ne peut donc y avoir de Science ou de projet de faire science qui soit formulé et qui puisse éviter d'avoir recours à un langage, donc à des termes universels, et, par voie de conséquence, à des théories universelles strictes, non limitées dans le temps, et non logiquement vérifiables. Sans doute peut-on invoquer les propos d'Albert Einstein pour mieux comprendre : "sans le langage, la condition humaine se découvre pitoyable".

Puisque le problème de la définition d'une mesure parfaitement précise de n'importe quel phénomène naturel, (nature humaine comprise), est prima faciae ou post faciae à jamais impossible, et puisque toute science ne peut rigoureusement pas prétendre à autre chose que l'édification de classifications sur la base de théories universelles strictes, (et non pas universelles dans un sens numérique), lesquelles, comme nous l'avons dit, sont au moins logiquement réfutables, alors, il ne peut exister qu'une seule voie, une seule logique, une seule démarche pour "faire science", et pour continuer de faire progresser la connaissance scientifique : c'est que toute conjecture, théorie, opinion, hypothèse qui aurait une prétention à la scientificité, doit subir une "épreuve de vérité" qui soit aussi impitoyable, impersonnelle, intersubjectivement contrôlée, et répétable que possible.

Par "épreuve de vérité" que l'on doit faire subir à toute conjecture, théorie, opinion, ou hypothèse, la logique de la découverte scientifique, démontre, avec des arguments rigoureusement indiscutables, que seule une tentative de réfutation peut ouvrir la voie de l'heuristique, autrement dit de la découverte d'éléments nouveaux, c'est-à-dire, de problèmes nouveaux. Une telle tentative qui échoue mène à la corroboration de la conjecture, de la théorie, de l'opinion ou de l'hypothèse, et elle apprend quelque chose de nouveau. Si elle réussit, elle mène à une réfutation qui peut être admise, (tout comme la corroboration), mais seulement après "décision méthodologique" d'une communauté de chercheurs dont les compétences doivent être préalablement reconnues par des institutions. (Toute réfutation scientifique apporte aussi des problèmes nouveaux).

Enfin, aucune réfutation, ni aucune corroboration ne peut, ni ne pourra jamais être certaine dans la vraie Science, parce que jamais aucun test, quel qu'il soit, et donc, quelle que soit la sophistication de ses instruments, ne pourra jamais prétendre avoir résolu l'insoluble pour toujours : la définition d'un calcul aussi précis que l'on voudrait sur la précision même des conditions initiales de tout test scientifique

L'absolu, la perfection, la certitude, seront à jamais inaccessibles pour toute créature humaine, qu'elle soit motivée par un projet scientifique ou non. La Vérité (absolue), demeura toujours hors d'atteinte, c'est là, la seule certitude dont peut disposer l'être humain sur le monde de la Nature.

En somme, toute Science, digne de ce nom, est, et demeura toujours ... fausse, par rapport à la Vérité (absolue). Une Science qui est "vraie", (dans un sens absolu), ne peut pas exister, ni n'existera jamais. Donc, le jeu de la Science, ne peut, en toute logique, jamais s'arrêter, c'est un jeu infini.

L'avenir est donc ouvert, et il appartient aux optimistes, ainsi qu'à ceux qui ont l'audace et la clairvoyance de faire un usage d'un rationalisme critique aussi honnête, outillé, et concerté que possible.

Conclusion :

Il n'y a pas de pensée scientifique, sans le rationalisme critique dont le but est toujours d'imaginer des "épreuves de vérité". Et, plus généralement, une pensée n'existe pas sans la critique. Celui qui pense, est donc celui qui peut critiquer. Penser, c'est critiquer, donc tenter de réfuter.



(Patrice Van den Reysen).














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Psychanalystes, dehors ! Et, pour vivre heureux, vivons cachés.

Les années 2020 seront celles de l'avènement d'une nouvelle forme de totalitarisme : le totalitarisme sophistiqué dont l'un des traits les plus marquants est cette lutte, cette haine tout à fait scandaleuse et révoltante contre la liberté d'expression, via un combat acharné contre ce qui est nommé le "conspirationnisme" ou le "complotisme".

Les années 2020 seront sans doute identifiées dans l'Histoire comme une "période charnière" entre la fin d'un "ancien monde" et la naissance d'un "nouveau" dont les prémices se révèlent de plus en plus menaçants pour les libertés individuelles.

Nous estimons qu'il est pertinent, plus que jamais, de citer Antonio Gramsci :

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître. Et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres".

Mais citons Karl Popper : "L'optimisme est toujours de rigueur".

Et nous-mêmes : "Restons citoyens, restons vigilants, mais, renonçons à la violence et à l'intolérance. Travaillons à sauvegarder la citoyenneté, à en améliorer le contenu et les pouvoirs, les libertés autant que les responsabilités".

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